Culture

Après son classement par l’UNESCO: Une semaine culturelle consacrée au costume féminin de l’Est algérien

L’Algérie célèbre en grande pompe son patrimoine vestimentaire ancestral.

Du 5 au 12 janvier 2025, une semaine culturelle exceptionnelle met à l’honneur le costume féminin traditionnel du Grand Est algérien, récemment inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Cette reconnaissance internationale, obtenue lors de la 19e session du Comité intergouvernemental à Asuncion au Paraguay, couronne des siècles de tradition et de savoir-faire transmis de génération en génération. À travers tout le pays, les institutions culturelles se mobilisent pour célébrer cet héritage précieux. Le ministère de la Culture et des Arts a orchestré un programme ambitieux qui transforme cette reconnaissance internationale en véritable fête nationale. Au cœur d’Alger, le prestigieux Palais de la culture Moufdi Zakaria accueille une exposition majeure réunissant les plus grands noms de la création vestimentaire traditionnelle. Les créateurs de mode contemporains y côtoient les maîtres artisans, témoignant de la vivacité d’un patrimoine qui continue d’inspirer les nouvelles générations.

Le Centre des arts et de la culture du Palais des Raïs, plus connu sous le nom de Bastion 23, enrichit ces célébrations avec une programmation alliant tradition et modernité. Les visiteurs peuvent y admirer non seulement les splendides costumes traditionnels, mais aussi participer à des ateliers pratiques qui perpétuent ces savoir-faire ancestraux. Les défilés de mode qui y sont organisés démontrent comment ces vêtements d’apparat, loin d’être de simples pièces de musée, continuent d’incarner l’élégance et la distinction dans l’Algérie contemporaine. Constantine, ville millénaire aux ponts suspendus, joue un rôle central dans ces festivités. La Maison de la culture de la ville propose une immersion complète dans l’univers du costume traditionnel, avec un accent particulier sur la gandoura constantinoise et la melhfa chaouia. Plus de vingt créateurs spécialisés y exposent leurs œuvres, accompagnées des bijoux traditionnels qui en sont l’indispensable complément. L’initiative va au-delà de la simple exposition : des ateliers de formation gratuits permettent aux nouvelles générations d’apprendre les techniques de conception de ces costumes emblématiques. Le Musée des arts et expressions traditionnelles, logé dans le somptueux Palais Ahmed Bey, offre une perspective particulièrement riche sur ce patrimoine. En collaboration avec des artisans de Batna et d’Annaba, l’institution présente une collection exceptionnelle de costumes de fête. Un ouvrage inédit sur la melhfa chaouia y est dévoilé, fruit d’un travail approfondi d’archives et de documentation. Des conférences érudites explorent l’histoire fascinante du caftan El-Qadi de Constantine, tandis que le chercheur Nadhir Challali dévoile les secrets des rituels de mariage à Annaba, où ces costumes jouent un rôle central.

 Médéa, le musée public des arts et des traditions populaires propose jusqu’au 12 janvier une exposition qui met en lumière la diversité et la richesse de ce patrimoine vestimentaire. Sous la direction de Samia Younsi, l’institution présente une collection impressionnante qui témoigne de l’excellence artisanale algérienne : gandoura, melahfa, qwiyet, saroual, karakou et kaftan y sont exposés dans toute leur splendeur. L’exposition est enrichie par une présentation exceptionnelle de bijoux traditionnels, véritables chefs-d’œuvre d’orfèvrerie : khit errouh, menagach, mechref, mkhabel, skhab, mhazma, hzam, ibzim, msayas, mekyas et khelkhal illustrent la sophistication de cet art ancestral.

Cette reconnaissance par l’UNESCO vient couronner des années d’efforts diplomatiques et culturels. Elle souligne l’importance de ce patrimoine qui va bien au-delà de simples considérations vestimentaires. Chaque costume raconte une histoire, celle des femmes qui l’ont porté et transmis, celle des artisanes qui ont perfectionné les techniques de broderie comme le fil elmejboud, le kentil ou le tell. Les motifs géométriques et le perlage témoignent d’une maîtrise technique exceptionnelle, fruit d’un apprentissage patient et méticuleux.

Cette inscription marque une nouvelle étape dans la reconnaissance internationale du patrimoine culturel algérien. Elle rejoint d’autres éléments déjà inscrits comme l’Ahellil du Gourara, les rites nuptiaux de Tlemcen ou encore le raï, constituant ainsi le huitième élément algérien sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Cette diversité témoigne de la richesse culturelle d’un pays qui a su préserver et valoriser ses traditions tout en les inscrivant dans la modernité. La semaine culturelle dédiée au costume féminin de l’Est algérien n’est donc pas qu’une simple célébration : c’est l’affirmation d’une identité culturelle vivante, qui continue de se transmettre et de se réinventer. À travers expositions, conférences, ateliers et défilés, c’est tout un pan de l’histoire et de l’identité algérienne qui se dévoile, rappelant que la tradition n’est pas figée mais bien vivante, capable de dialoguer avec le présent tout en préservant l’essence de son authenticité.

Mohand Seghir

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *