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Le Maroc sur une poudrière sociale

Une vague de contestation sans précédent secoue le royaume chérifien en ce début d’année 2025, cristallisant les tensions accumulées autour de la récente adoption d’une loi organique sur le droit de grève. Le 24 décembre dernier, la Chambre des représentants marocaine a en effet voté un texte controversé que la Confédération démocratique du travail (CDT) qualifie de véritable déclaration de guerre contre les travailleurs.

La colère gronde dans les rues des principales villes du Maroc où des milliers de manifestants, répondant à l’appel de la CDT, ont battu hier le pavé dénoncent une atteinte flagrante aux libertés syndicales. Au cœur de la contestation, une loi qui, selon les syndicats, bafoue non seulement la Constitution marocaine mais aussi les conventions internationales, notamment la Convention n°87 de l’OIT sur la liberté syndicale que le gouvernement refuse toujours de ratifier. La CDT fustige particulièrement l’attitude du gouvernement et de sa majorité parlementaire qui ont choisi la voie de l’autoritarisme et de la répression plutôt que celle du dialogue social. Pour la confédération syndicale, cette loi n’est rien de moins qu’une tentative manifeste de museler le mouvement syndical et d’étouffer les voix dissidentes qui osent encore défendre la dignité et les droits des travailleurs. Face à une nouvelle provocation, la CDT a décidé de riposter en mobilisant l’ensemble de ses structures régionales et locales. Les dirigeants syndicaux promettent une intensification du mouvement de protestation qui ne se limitera pas aux marches régionales actuelles mais pourrait déboucher sur une grève générale et des manifestations nationales d’envergure. Leur objectif est clair : obtenir le retrait pur et simple de cette loi qu’ils jugent profondément inique. Le message adressé régime par les manifestants est sans équivoque : les Marocains refusent d’être les otages de politiques inefficaces qui ne servent que les intérêts d’une minorité privilégiée au détriment de l’immense majorité de la population. Les syndicats avertissent que les manifestations actuelles ne sont que les prémices d’un mouvement de contestation appelé à s’amplifier pour reconquérir les droits sociaux confisqués. La crise sociale ne se limite pas au seul monde du travail. Les retraités civils ont également fait entendre leur voix en organisant un sit-in devant le Parlement pour dénoncer des politiques qu’ils qualifient d’humiliantes. Leurs revendications portent notamment sur une revalorisation immédiate et rétroactive des pensions de retraite ainsi que sur la création d’une haute instance nationale dédiée à leurs préoccupations. Ils réclament également une meilleure prise en charge médicale à travers l’exonération des dépassements d’honoraires non couverts par l’assurance maladie. Ces nouvelles manifestations s’inscrivent dans un contexte de colère grandissante au Maroc et de mouvements de protestations qui durent depuis plusieurs mois pour dénoncer le chômage et la pauvreté au Maroc, ainsi que la misère sociale qui s’ancrent de plus en plus dans la société marocaine dans un contexte de crise économique et sociale qui ne fait que s’aggraver. Des mouvements face auxquels le régime du Makhzen n’a réagi qu’en intensifiant la répression. Cette convergence des luttes sociales met en lumière l’incapacité du régime marocain à répondre aux aspirations profondes de sa population. En persistant dans une approche répressive et en multipliant les mesures contestées, le Makhzen s’enferme dans une fuite en avant qui risque de précipiter le pays dans une crise sociale majeure dont l’issue demeure incertaine. Entre un pouvoir qui s’arc-boute sur ses positions et un mouvement social déterminé à ne pas céder, le Maroc apparaît plus que jamais comme une véritable poudrière sociale prête à exploser.

Hocine Fadheli

admin

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