À la UneActualité

L’Algérie est spécifiquement ciblé par des réseaux marocains de trafic de drogue : Un défi sécuritaire majeur

L’Algérie est spécifiquement ciblé par des réseaux criminels organisés qui cherchent à l’inonder de substances illicites, particulièrement depuis ses frontières occidentales avec le Maroc.

L’Algérie fait face à une menace grandissante liée au trafic de drogue, un défi sécuritaire majeur qui s’inscrit dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, notamment à ses frontières occidentales.  Cette problématique, évoquée hier lors du Forum de la Chaîne 1 de la Radio nationale, met en lumière les défis considérables auxquels le pays est confronté dans sa lutte contre ce fléau qui menace non seulement la sécurité nationale mais également le tissu social et économique du pays. La situation est d’autant plus préoccupante que l’Algérie se trouve dans une position sensible, faisant d’elle une cible privilégiée pour les réseaux criminels transnationaux. Comme l’a souligné Oussama Ben Azza, procureur général adjoint près la Cour d’Alger, le pays est spécifiquement ciblé par des réseaux criminels organisés qui cherchent à l’inonder de substances illicites, particulièrement depuis ses frontières occidentales avec le Maroc. Cette réalité est attestée par l’ampleur des saisies effectuées quotidiennement par les services de sécurité algériens, dont les chiffres sont particulièrement éloquents : lors de la dernière opération de destruction des saisies, ce sont plus de dix tonnes de cannabis, plus de cinq quintaux de drogues dures, et plus de 11 millions de comprimés psychotropes qui ont été détruits. L’importance de cette menace a conduit les plus hautes autorités de l’État à se saisir du problème. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a notamment mis l’accent, lors de la dernière rencontre gouvernement-walis, sur l’urgence de combattre ce fléau et sur la nécessité d’élaborer une stratégie nationale cohérente pour protéger le tissu social et économique du pays. Cette préoccupation se traduit par des actions concrètes, comme en témoigne le bilan opérationnel récemment publié par le ministère de la Défense nationale. Les chiffres sont particulièrement révélateurs de l’ampleur du phénomène : les unités de l’ANP ont procédé en 2024 à l’arrestation de 2.621 trafiquants de drogue et ont saisi des quantités considérables de substances illicites, notamment 36,8 tonnes de kif traité en provenance des frontières avec le Maroc, 631 kg de cocaïne et 25 millions de comprimés psychotropes. Face à cette menace, l’Algérie a mis en place une stratégie nationale multidimensionnelle, comme l’a expliqué Farida Dib, directrice adjointe de la prévention à l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Cette stratégie, couvrant la période 2020-2024, s’articule autour de plusieurs axes complémentaires visant à réduire tant l’offre que la demande de substances illicites. Elle implique une approche globale intégrant la prévention et la prise en charge des toxicomanes, en mobilisant l’ensemble des acteurs concernés : services de sécurité, autorités judiciaires, ministères et représentants de la société civile. Sur le plan juridique, l’Algérie s’est dotée d’un arsenal législatif robuste pour faire face à ce phénomène. Comme l’a précisé Oussama Ben Azza, la loi 04-18 du 25 décembre 2004, récemment renforcée par la loi 23-05 du 7 avril 2023, constitue le socle juridique de la lutte contre les drogues et les substances psychotropes. Cette législation adopte une approche holistique, couvrant aussi bien l’aspect répressif que préventif, tout en incluant des dispositions pour la prise en charge des toxicomanes. La dimension internationale du problème n’est pas négligée, le trafic de drogue étant étroitement lié au crime organisé et souvent associé à d’autres activités criminelles comme le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la traite des êtres humains. Pour y faire face, l’Algérie a développé une coopération internationale active, mettant en place des mécanismes et des dispositifs de lutte coordonnés avec plusieurs pays. L’aspect préventif de la stratégie nationale n’est pas en reste, comme l’a souligné Farida Dib. L’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie développe des initiatives innovantes, notamment la production de capsules numériques pédagogiques destinées à être diffusées sur les médias numériques et les réseaux sociaux. Ces actions visent particulièrement les jeunes et les familles, dans une optique de prévention et de sensibilisation aux dangers des substances illicites. Ce défi majeur pour l’Algérie s’inscrit dans un contexte géopolitique particulièrement sensible, où les tensions avec le Maroc ajoutent une dimension supplémentaire à la problématique. Les importantes saisies effectuées aux frontières occidentales du pays témoignent de l’ampleur du trafic en provenance du territoire marocain, soulignant la nécessité d’une vigilance accrue et d’une mobilisation continue des forces de sécurité. La situation exige une approche à la fois ferme sur le plan sécuritaire et sophistiquée dans ses méthodes de prévention et de traitement, tout en maintenant une coordination étroite entre les différents services de l’État et une coopération internationale soutenue.

Salim Amokrane

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *