France : Sarkozy face au procès du financement libyen
Le procès de l’ancien président français Nicolas Sarkozy s’est ouvert lundi devant le tribunal de Paris. Pour son cinquième procès en cinq ans, l’ex-chef de l’État doit répondre, aux côtés de trois anciens ministres, d’accusations de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.
Les audiences auront lieu les lundi, mercredi et jeudi après-midi, jusqu’au 10 avril. Nicolas Sarkozy sera selon son entourage présent à chaque audience pendant le premier mois, consacré aux soupçons de financement. Debout dans le prétoire avant l’arrivée du tribunal, Nicolas Sarkozy discutait avant l’ouverture du procès avec les trois ex-ministres jugés à ses côtés, Brice Hortefeux, Claude Guéant et Eric Wœrth. Les quatre hommes se sont ensuite assis côte à côte sur des strapontins dans le prétoire. Plusieurs autres prévenus ont aussi pris place dans le brouhaha de la salle pleine à craquer, dont Thierry Gaubert, un proche de Nicolas Sarkozy, et l’intermédiaire Alexandre Djouhri. Quatre sont absents : deux hommes d’affaires saoudiens, le Libyen Béchir Saleh (ex-bras droit de Kadhafi) et le sulfureux intermédiaire libanais Ziad Takieddine, tous deux visés par un mandat d’arrêt. En fuite au Liban depuis 2020, ce dernier a prétendu sur RTL lundi matin que « personne » ne l’avait « convoqué » pour cette audience.
L’ancien président français est accusé d’avoir passé fin 2005, notamment avec l’aide de ses très proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un « pacte de corruption » avec Kaddhafi tombé en 2011, pour qu’il « soutienne » financièrement son accession à l’Elysée. Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à 5 ans.
Après les formalités d’usage, le tribunal se penche sur des débats de procédures. Les conseils de Brice Hortefeux et Nicolas Sarkozy soulèvent l’incompétence du tribunal au profit de la Cour de justice de la République (CJR), parce qu’ils étaient ministres au moment des faits. Nicolas Sarkozy commence à s’agiter sur son strapontin vers 18h, quand le procureur Quentin Dandoy rappelle que l’ex-président a déjà saisi la justice sur ce point pendant l’enquête. Et que par deux fois, les juges ont rejeté cette demande.
R.I. avec agences