Collon dénonce « la stratégie du chaos délibérément mise en œuvre par l’Occident »
Dans un contexte international marqué par des tensions géopolitiques croissantes et une propagation des guerres hybrides et des guerres de troisième génération assise notamment sur la désinformation, l’intervention du journaliste et écrivain belge Michel Collon sur Radio Ifrikya FM résonne comme un appel urgent à la réorganisation du paysage médiatique africain. Spécialiste reconnu de l’analyse de la propagande de guerre et des mécanismes de désinformation, Collon dresse un constat sans appel de la situation mondiale actuelle, qu’il décrit comme traversant ses heures les plus sombres. Cette obscurité, selon lui, trouve sa source dans la stratégie du chaos délibérément mise en œuvre par l’Occident, une stratégie qu’il interprète comme une réaction au déclin de la puissance occidentale historiquement ancrée dans le système colonial. L’analyse de Collon prend une dimension particulièrement percutante lorsqu’il évoque la situation en Palestine, pointant du doigt l’hypocrisie des nations occidentales qui, tout en se présentant comme les gardiennes des droits de l’homme et de la démocratie, restent spectateurs passifs face au génocide du peuple palestinien. La vision du monde contemporain proposée par l’essayiste se structure autour d’une dichotomie fondamentale : d’un côté, un bloc occidental qui attise le chaos en exacerbant les divisions religieuses, ethniques et sectaires, et de l’autre, une résistance qui tente de s’organiser avec les moyens à sa disposition. C’est dans ce cadre que s’inscrit son appel à la coordination des médias africains, présentée comme une nécessité stratégique pour contrer la propagande dominante. Sa vision ne se limite pas à une simple opposition entre l’Afrique et l’Occident, mais intègre également la nécessité d’informer les populations européennes, qu’il considère comme largement ignorantes des véritables enjeux contemporains. Un point crucial de son intervention concerne la persistance d’une mentalité coloniale dans certaines franges des sociétés occidentales. Selon ses propres mots, « si cette mentalité coloniale n’est pas combattue dans certaines parties des sociétés occidentales, il ne sera pas possible de fonder des relations authentiques avec les pays africains. » Cette déclaration souligne l’importance qu’il accorde à la reconnaissance par les anciennes puissances coloniales des crimes commis en Afrique, posant cette reconnaissance comme un préalable indispensable à l’établissement de relations équilibrées entre les continents. L’appel de Collon à une coordination des médias africains s’inscrit ainsi dans une perspective plus large de rééquilibrage des relations internationales, où l’information joue un rôle central dans la construction d’un nouveau paradigme de relations entre l’Afrique et l’Occident.
Samir Benisid