Le Qatar annonce un accord de cessez-le-feu à Ghaza : L’espoir est-il permis ?
L’annonce d’un accord de cessez-le-feu à Ghaza par le Qatar, après quinze mois d’une guerre dévastatrice, suscite un espoir prudent au sein de la population palestinienne. Cependant, les conditions posées par l’entité sioniste et son refus persistant d’envisager une solution à deux États laissent planer le doute sur les perspectives d’une paix durable dans la région.
Le Qatar a annoncé hier que le mouvement de résistance palestinien Hamas et l’entité sioniste ont accepté un accord sur le cessez-le-feu à Ghaza. L’accord, fruit d’intenses négociations menées par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, prévoit un arrêt progressif des hostilités en plusieurs phases. La première étape, d’une durée de six semaines, devrait permettre la libération de 33 otages israéliens, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées de plus de 50 ans, en échange de la libération d’un millier de prisonniers palestiniens des geôles israéliennes. Cette annonce a été accueillie avec soulagement par les 2,4 millions d’habitants de Ghaza, dont la quasi-totalité a été contrainte de fuir les bombardements incessants. Le bilan humain de l’agression génocidaire sioniste lancée le 7 octobre 2023 est horrifique : selon le ministère palestinien de la Santé, dont les chiffres sont jugés fiables par les Nations unies, au moins 46.707 Palestiniens ont perdu la vie, en majorité des civils. Les dernières 24 heures précédant l’annonce de l’accord ont encore été meurtrières, avec 62 martyrs dans six massacres distincts, notamment lors du bombardement de l’école Al-Farabi dans la région de Yarmouk, qui abritait des personnes déplacées.
La mise en œuvre de l’accord prévoit plusieurs phases progressives. Après la période initiale de six semaines, les négociations devraient se poursuivre pour aboutir à la libération de tous les otages restants et au retrait complet des forces israéliennes. Une troisième phase concernera la restitution des corps et le début de la reconstruction, sous la supervision de l’Égypte, du Qatar et des Nations unies. La destruction systématique des infrastructures de Ghaza pose la question cruciale de la reconstruction. Les Nations unies estiment qu’il faudra jusqu’à quinze ans et plus de 50 milliards d’euros pour reconstruire ce territoire, dont plus de la moitié des bâtiments ont été détruits. Le réseau de distribution d’eau, les hôpitaux et les écoles ont été particulièrement touchés, plongeant la population dans une situation humanitaire catastrophique.
Cependant, les déclarations des responsables israéliens soulèvent des inquiétudes quant à la pérennité de cet accord. L’entité sioniste refuse catégoriquement un retrait total de son armée et s’oppose à ce que Ghaza soit administrée par le Hamas ou l’Autorité palestinienne. Cette position rigide compromet sérieusement les perspectives d’une solution politique durable. Le Premier ministre palestinien Mohamed Mustafa, lors d’une réunion à Oslo de l’Alliance internationale pour la mise en œuvre de la solution à deux États, a souligné l’urgence de réunir les conditions nécessaires à l’application de cette solution. Il a notamment insisté sur l’importance d’un cessez-le-feu global à Ghaza et la levée du siège, ainsi que sur la mise en œuvre des résolutions onusiennes 2334 et 2735 qui appellent à la fin de l’occupation. Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide, a également réaffirmé que seule la solution à deux États pouvait apporter un règlement définitif au conflit. Il a appelé la communauté internationale à définir une feuille de route claire pour passer de ce cessez-le-feu à une solution durable garantissant au peuple palestinien son droit inaliénable à l’autodétermination. L’accord prévoit des mesures concrètes pour améliorer la situation humanitaire, notamment l’ouverture progressive du point de passage de Rafah entre l’Égypte et Ghaza, permettant l’évacuation des patients nécessitant des soins médicaux. Des garanties de sécurité seront mises en place le long du corridor frontalier de Philadelphia, et les civils non armés du nord de Ghaza pourront progressivement regagner leurs foyers.
Néanmoins, l’avenir politique du territoire reste en suspens. La proposition du secrétaire d’État américain sortant, Antony Blinken, d’envoyer une force internationale de sécurité à Ghaza et de placer le territoire sous la responsabilité de l’ONU, avec un rôle accru de l’Autorité palestinienne, se heurte à l’opposition de l’entité sioniste. La situation actuelle à Ghaza reste dramatique : famine, froid et désespoir règnent dans les installations de fortune où s’entasse la population déplacée. La plupart des enfants sont déscolarisés depuis plus d’un an, et seuls quelques hôpitaux fonctionnent encore partiellement. Si l’accord de cessez-le-feu représente une lueur d’espoir, sa concrétisation et sa pérennité dépendront largement de la volonté politique de l’entité sioniste d’accepter une solution négociée respectant les droits légitimes du peuple palestinien. Dans ce contexte, la communauté internationale doit maintenir la pression pour que cet accord ne soit pas qu’une simple pause dans les hostilités, mais constitue une première étape vers une paix juste et durable, fondée sur le respect du droit international et la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un État viable et souverain.
Lyes Saïdi