Il sera investi aujourd’hui: Qu’attendre d’une seconde présidence Trump ?
À la veille de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a posé le pied samedi soir à Washington, lançant quatre jours de festivités qui culmineront avec sa prestation de serment comme 47e président des États-Unis prévue auh-jourd’hui. Cette investiture, qui marque un retournement de situation spectaculaire pour l’ancien président de 2017-2021, s’annonce déjà comme le prélude d’une présidence de rupture radicale avec l’héritage de Joe Biden.
Dans un entretien accordé à NBC News avant son arrivée de Mar-a-Lago avec son épouse Melania et leur fils Barron, le président élu a promis une action immédiate et massive dès sa prise de fonction, évoquant la signature d’une centaine de décrets présidentiels dans les heures suivant sa prestation de serment. Ces mesures visent à démanteler systématiquement l’héritage de son prédécesseur démocrate dans des domaines aussi variés que l’immigration, le commerce international, l’énergie et le climat. L’immigration illégale figure en tête des priorités du futur président. Trump a réitéré sa promesse de lancer « le plus grand programme d’expulsions de l’histoire américaine », ciblant les quelque 11 millions de personnes en situation irrégulière sur le territoire américain. Tom Homan, pressenti comme « tsar » de la protection des frontières, a évoqué des opérations de police dès mardi, avant de tempérer ses propos en précisant qu’aucune « décision n’a encore été prise », tout en confirmant des arrestations prévues « dans tout le pays ». Le président élu souhaite également mettre fin au droit du sol, une mesure qui nécessiterait toutefois une modification constitutionnelle.
Sur le plan commercial, Trump a annoncé des mesures protectionnistes drastiques, notamment l’imposition de droits de douane de 25% sur tous les produits en provenance du Mexique et du Canada, une décision qui menace l’accord de libre-échange nord-américain. La Chine n’est pas épargnée, avec une hausse annoncée de 10% des taxes douanières, s’ajoutant aux mesures déjà en place depuis son premier mandat.
Le président élu a également promis des grâces « majeures » pour les participants à l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, qualifiés « d’otages », bien que l’étendue exacte de cette mesure reste floue concernant les personnes condamnées pour violences contre les forces de l’ordre. Sur le plan international, Trump s’est engagé à mettre fin à la guerre en Ukraine dans un délai de six mois, sans préciser les moyens d’y parvenir. Dans le domaine environnemental, fidèle à son scepticisme climatique, Trump prévoit de relancer massivement l’exploitation des énergies fossiles, promettant notamment d’annuler les restrictions imposées par Biden sur l’exploitation offshore d’hydrocarbures, une décision qui pourrait toutefois nécessiter l’aval du Congrès. Cette position reflète sa vision « Drill baby, drill » (Forez, bébé, forez), en opposition directe avec la transition vers les véhicules électriques promue par l’administration Biden, malgré son alliance avec Elon Musk, PDG de Tesla.
Les festivités d’investiture, perturbées par un froid polaire avec des températures entre -12°C et -6°C, ont été adaptées en conséquence. La prestation de serment se déroulera à l’intérieur du Capitole, sous sa rotonde, plutôt que sur ses marches extérieures. Cette investiture suscite déjà de vives réactions d’opposition. Des milliers de manifestants, dont de nombreuses femmes, ont défilé samedi à Washington sous une pluie froide lors d’une « marche du peuple » organisée par des groupes de défense des libertés publiques, rappelant les manifestations massives qui avaient suivi sa première investiture en 2017. Ces protestations témoignent des profondes divisions qui persistent dans le pays, alors que Trump s’apprête à entamer un mandat qui s’annonce comme l’un des plus clivants de l’histoire américaine.
Lyes Saïdi
TikTok coupe son réseau social aux USA
En appuyant samedi sur le bouton « off », TikTok a mis sa menace à exécution. Le réseau social a rendu inaccessible son application en ligne aux Etats-Unis, faute de garanties du gouvernement Biden, tout en indiquant que Donald Trump « va travailler à une solution » avec la plateforme pour la « rétablir ». « Une loi interdisant TikTok a été mise en application aux Etats-Unis », dit un message en cas de tentative de connexion. « Cela signifie que vous ne pouvez plus utiliser TikTok pour l’instant. » « Nous avons la chance que le président Trump ait indiqué qu’il allait travailler avec nous à une solution pour rétablir TikTok une fois entré en fonction », poursuit le texte. « Restez branchés ! » Depuis vendredi, TikTok avait exhorté le gouvernement de Joe Biden à envoyer un signal clair aux fournisseurs d’internet et gestionnaires de boutiques d’applications pour les dissuader de suspendre téléchargements et mises à jour. Vendredi, la Maison-Blanche a estimé que « l’application de la loi (devait) revenir au prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions lundi ». Le ministère américain de la Justice a fait, de son côté, savoir que la mise en œuvre du texte voté par le Congrès à une large majorité en avril 2024, contraignant la maison mère chinoise ByteDance à vendre TikTok sous peine d’interdiction, allait s’étaler dans le temps.
