Une stratégie nationale de gestion intégrée des déchets
La gestion des déchets en Algérie s’apprête à connaître une transformation avec la modification de la réglementation aux défis de l’heure. Un nouveau texte de loi allant dans ce sens a, en effet, été présenté hier, par la ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali, au Conseil de la Nation. Cette réforme, qui modifie et complète la loi n°01-19, s’inscrit dans une vision stratégique visant à moderniser le cadre réglementaire de la gestion, du contrôle et de l’élimination des déchets dans le pays. Lors de cette séance présidée par Salah Goudjil et en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Kaouter Krikou, Mme Djilali a souligné l’importance de cette réforme qui marque un tournant décisif dans la politique environnementale. La ministre a particulièrement insisté sur la dimension stratégique de ce texte, qui témoigne de l’engagement de l’Algérie à effectuer une transition vers une économie circulaire. Cette évolution vise non seulement à réduire le volume des déchets et à protéger l’environnement, mais aussi à garantir un développement véritablement durable pour les générations futures. Au cœur de cette réforme se trouve l’élaboration d’une stratégie nationale de gestion intégrée des déchets, accompagnée par la mise en place d’un système numérique moderne pour leur gestion. Cette modernisation s’appuie sur l’introduction de nouvelles définitions directement inspirées des principes fondamentaux de l’économie circulaire, tels que consacrés par les Nations Unies, marquant ainsi l’alignement de l’Algérie sur les standards internationaux en matière de gestion environnementale. La planification occupe une place centrale dans ce dispositif, avec l’élaboration prévue d’un plan national de gestion intégrée qui couvre l’ensemble du spectre des déchets : ménagers, assimilés, inertes, et même les déchets dangereux. Cette approche globale témoigne de la volonté des autorités d’adopter une vision systémique de la problématique des déchets. Un des aspects les plus novateurs de cette loi réside dans l’introduction du principe de responsabilité élargie du producteur. Cette disposition fondamentale impose désormais à chaque producteur ou détenteur de déchets l’obligation d’assurer ou de contribuer à leur valorisation. Cette mesure représente un changement de paradigme important, faisant évoluer la perception du déchet d’une charge à gérer vers une ressource à valoriser. La dimension écologique est également renforcée par l’introduction systématique des aspects environnementaux dès la phase de conception et de développement des produits. Cette approche préventive vise à réduire les impacts environnementaux négatifs tout au long du cycle de vie des produits. Le texte marque également une évolution conceptuelle significative en passant de la simple « description de déchet » à la notion de « substance ou produit » après valorisation, soulignant ainsi le potentiel de réutilisation et de recyclage des matériaux. Dans une perspective plus concrète, le projet de loi prévoit des mesures spécifiques concernant les plastiques à usage unique, avec l’objectif d’un remplacement progressif de leur utilisation. Pour faciliter cette transition, le texte impose aux producteurs et aux distributeurs la mise en place de systèmes adaptés visant à encourager la participation des consommateurs à la collecte sélective des déchets. Le volet coercitif n’est pas négligé, avec une révision et un renforcement des dispositions pénales et des sanctions, destinés à assurer une meilleure application de la loi. Cette actualisation du cadre répressif témoigne de la volonté des autorités de donner une réelle efficacité à ces nouvelles dispositions. Ce projet de loi, déjà adopté par l’Assemblée populaire nationale le 23 décembre dernier, représente ainsi une avancée significative dans la politique environnementale algérienne. Il traduit une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et une volonté d’y répondre de manière structurée et efficace. La combinaison d’outils de planification, de mesures incitatives et de dispositions coercitives devrait permettre une meilleure gestion des déchets, contribuant ainsi à la préservation de l’environnement et à la santé publique, tout en favorisant l’émergence d’une économie plus verte et plus durable en Algérie.
Chokri Hafed