Culture

Clôture des assises nationales sur le cinéma : Redonner au cinéma algérien son rayonnement d’antan

Le secteur cinématographique, qui avait connu son âge d’or dans les années 1970 avec une génération de cinéastes pionniers, cherche aujourd’hui à retrouver son dynamisme et son rayonnement d’antan.

Les Assises nationales sur le cinéma organisées sous le haut patronage du Président de la République Abdelmadjid Tebboune au Centre international de conférences Abdelatif-Rahal (CIC), et qui ont pris fin lundi, ont réuni les principaux acteurs du secteur dans une démarche consultative sans précédent. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de renouveau culturel en Algérie, alors que le pays connaît une phase de transition économique et sociale qui le positionne désormais parmi les nations émergentes. Le secteur cinématographique, qui avait connu son âge d’or dans les années 1970 avec une génération de cinéastes pionniers, cherche aujourd’hui à retrouver son dynamisme et son rayonnement d’antan.

Les travaux, structurés autour de cinq ateliers thématiques, ont permis de dresser un état des lieux exhaustif et d’élaborer des recommandations concrètes pour revitaliser le septième art en Algérie. Les discussions ont notamment porté sur les aspects économiques et financiers, les enjeux technologiques et patrimoniaux, la diffusion des œuvres, la gouvernance du secteur et la formation des professionnels.

La question du financement s’est imposée comme une préoccupation centrale. Les participants ont souligné la nécessité de renforcer les mécanismes de financement public, notamment à travers l’augmentation du budget du Fonds national pour le développement de la technique et de l’industrie cinématographiques (FNDTIC). Une attention particulière a été portée à l’implication des télévisions, tant publiques que privées, qui sont appelées à jouer un rôle plus actif dans le financement du cinéma algérien, soit par l’acquisition anticipée de droits, soit par la coproduction de films. Des mesures incitatives ont également été proposées pour stimuler l’investissement privé dans le secteur. Parmi celles-ci figure l’introduction d’une exonération fiscale décennale pour les entreprises investissant dans le cinéma, ainsi que l’allègement des taxes sur l’importation de matériel technique. Ces dispositions visent à favoriser l’émergence d’une véritable industrie cinématographique, dotée d’infrastructures modernes incluant des studios de tournage et de post-production.

La préservation du patrimoine cinématographique constitue un autre axe majeur des recommandations. Les participants ont insisté sur l’urgence d’entreprendre un travail d’inventaire et de documentation des archives nationales, accompagné d’un plan de numérisation des fonds. Cette démarche nécessite une collaboration étroite avec les organismes nationaux et internationaux détenteurs d’archives algériennes, ainsi que le renforcement des moyens humains et techniques de la Cinémathèque algérienne. La modernisation du cadre réglementaire a également fait l’objet de propositions significatives. Les professionnels préconisent la création d’un centre cinématographique national et d’un Conseil supérieur du cinéma pour assurer une meilleure gouvernance du secteur. La révision des textes régissant l’industrie cinématographique et le renforcement des accords internationaux de coproduction figurent parmi les priorités identifiées. Pour faciliter l’accès du public aux œuvres cinématographiques, les assises ont recommandé l’assouplissement des procédures administratives, notamment la suppression du visa culturel pour les projections organisées dans le cadre des ciné-clubs affiliés à la Fédération placée sous la tutelle du ministère de la Culture. Cette mesure s’accompagne de propositions visant à simplifier la création de nouveaux ciné-clubs et à leur apporter un soutien logistique.

La professionnalisation du secteur constitue un enjeu crucial. Les participants ont appelé à l’établissement d’un contrat professionnel standardisé et à la création d’une organisation syndicale représentative, chargée notamment d’élaborer des conventions collectives avant la fin de l’année 2025. Une attention particulière est portée à la valorisation des compétences algériennes, qui doivent bénéficier d’un accès prioritaire aux opportunités de production et de formation.

Le ministre de la Culture et des Arts, Zouhir Ballalou, a souligné l’importance historique de ces assises, les premières du genre à bénéficier d’un tel niveau d’attention politique. Le discours inaugural du Président Tebboune est considéré comme l’acte fondateur d’une nouvelle ère pour le cinéma algérien, qui doit accompagner l’émergence du pays sur la scène internationale. Les recommandations issues de ces assises serviront de base à l’élaboration d’une stratégie nationale ambitieuse pour le développement du cinéma algérien. Cette démarche participative, plaçant les professionnels au cœur du processus de réforme, témoigne d’une volonté politique forte de revitaliser un secteur culturel stratégique. Le défi consiste désormais à traduire ces orientations en actions concrètes pour permettre au cinéma algérien de renouer avec son prestigieux héritage tout en relevant les défis du monde contemporain.

Mohand Seghir

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