Production de maïs gras et de graines oléagineuses : Un programme ambitieux lancé en mars
L’Algérie engage une transformation stratégique majeure dans son secteur agricole, avec l’ambition affichée de réduire sa dépendance alimentaire et de consolider sa sécurité nutritionnelle. Lors d’une rencontre régionale tenue hier à Bouira, les autorités ont présenté un programme ambitieux de développement des cultures stratégiques, marquant une nouvelle étape dans la politique agricole nationale. La Directrice de la valorisation et de la promotion des produits agricoles au ministère de l’Agriculture, Hanane Labiad, a clairement énoncé l’objectif : assurer l’autonomie alimentaire du pays en ciblant deux productions cruciales – le maïs gras et les oléagineuses. « Nous disposons de tous les moyens humains et naturels pour garantir nos propres besoins », a-t-elle affirmé, soulignant la détermination nationale à transformer le modèle agricole existant. Les chiffres actuels révèlent l’ampleur du défi. L’Algérie importe chaque année pour 1,6 milliard de dollars de maïs gras, une composante essentielle dans l’alimentation du bétail, et 1,75 milliard de dollars d’oléagineuses et d’huile brute. Ces importations massives représentent une vulnérabilité économique que le gouvernement entend réduire rapidement. Le plan national prévoit des objectifs ambitieux à l’horizon 2028 : développer 220.000 hectares de maïs gras et 300.000 hectares d’oléagineuses. La première étape débutera dès mars 2025, avec un programme initial de 30.000 hectares de maïs gras, répartis entre 8.000 hectares dans les wilayas du Nord et 22.000 hectares dans le Sud. Parallèlement, 60.000 hectares seront consacrés aux oléagineuses, dont 25.000 hectares dans les wilayas septentrionales et 35.000 hectares dans les régions méridionales. Pour encourager cette transition, l’État a mis en place des mécanismes incitatifs. La Caisse régionale de la mutualité agricole propose notamment une réduction de 50% sur les assurances pour les agriculteurs investissant dans ces cultures stratégiques. Cette approche vise à stimuler l’engagement des producteurs et à minimiser leurs risques financiers. La rencontre de Bouira, qui a rassemblé des représentants de dix wilayas du centre du pays, illustre la dimension collaborative de cette stratégie. Des experts de l’Institut national des cultures sahariennes et de l’Office national des aliments du bétail ont partagé leurs connaissances, proposant des méthodes et techniques adaptées aux différentes zones agricoles algériennes. Hanane Labiad a insisté sur l’aspect structurel du projet : « Ce programme de développement des cultures stratégiques est un projet ambitieux qui vise à assurer la sécurité alimentaire, notamment pour des produits actuellement importés à 100%. » Cette déclaration traduit une volonté politique claire de réduire la dépendance extérieure et de renforcer la souveraineté alimentaire. Les oléagineuses comme le tournesol, le colza et le soja, ainsi que le maïs gras, sont au cœur de cette stratégie. Ces cultures présentent l’avantage de s’adapter à différents contextes agricoles, des zones septentrionales aux régions sahariennes, offrant ainsi une flexibilité stratégique cruciale. Pour réussir cette transformation, le gouvernement mise sur la sensibilisation et l’accompagnement des agriculteurs. La rencontre de Bouira s’inscrit dans cette démarche, visant à expliquer les enjeux, partager les connaissances techniques et présenter les mécanismes de soutien disponibles.
Sabrina Aziouez