Culture

« Mariem Hassan, pour un Sahara libre » présenté au Fipadoc 2025: La voix de la résistance du peuple sahraoui

Le film retrace le destin de Mariem Hassan, chanteuse légendaire qui a vécu dans sa chair les déchirures de l’occupation du Sahara occidental, jusqu’à son dernier souffle dans les camps de réfugiés sahraouis en 2015.

Un nouveau documentaire remarquable, qui met en lumière la résistance et la résilience du peuple sahraoui a été présenté au Fipadoc 2025, l’un des rendez-vous majeurs du film documentaire à l’échelle internationale. « Mariem Hassan, pour un Sahara libre » retrace le parcours extraordinaire d’une figure emblématique de la musique sahraouie, dont la voix est devenue le symbole d’une lutte pour l’indépendance qui perdure depuis des décennies. Cette œuvre collective, fruit de dix années de travail acharné, porte la signature de quatre réalisateurs déterminés à préserver la mémoire d’une artiste exceptionnelle tout en mettant en lumière le combat du peuple sahraoui. Mohamed Salem Werad, l’un des réalisateurs, explique dans un entretien accordé à un média français la genèse et les enjeux de ce projet documentaire. « Le but principal de ce documentaire est de raconter l’histoire de Mariem Hassan et, à travers elle, l’histoire du peuple Sahraoui et sa lutte pour un Sahara occidental libre et indépendant », confie-t-il. Le film retrace le destin de cette chanteuse légendaire qui a vécu dans sa chair les déchirures de l’occupation du Sahara occidental, jusqu’à son dernier souffle dans les camps de réfugiés sahraouis en 2015. Sa voix s’est élevée sans relâche contre la colonisation, l’occupation, la guerre, le déplacement des populations et ce symbole de division qu’est le « mur de la honte » de 2.700 kilomètres érigé par le Maroc.

La dimension particulière de la musique dans la résistance sahraouie prend ses racines dans l’histoire même de ce peuple. Comme l’explique le réalisateur : « Nous avons un slogan : ‘La culture et la musique au service de la libération’, parce que, pendant la période coloniale espagnole (…) il n’y avait qu’une poignée de personnes qui savaient lire ou écrire. C’était donc une nation avec beaucoup d’analphabètes et une culture orale. Le seul moyen de faire passer le message était la poésie, les chansons, l’enseignement oral. » Cette tradition orale, portée par des artistes comme Mariem Hassan, a joué un rôle crucial dans la transmission de l’histoire et des revendications du peuple sahraoui.

L’héritage de Mariem Hassan représente aujourd’hui un patrimoine précieux que les nouvelles générations se doivent de préserver et de faire vivre. Mohamed Salem Werad insiste sur cette responsabilité collective : « Nous devons poursuivre la lutte pour elle, pour la génération précédente et pour la génération à venir, afin de ne pas vivre les mêmes souffrances que Mariem Hassan et les générations précédentes de Sahraouis : l’occupation, l’exil, les mauvais traitements, les meurtres, les emprisonnements, mais de construire un État qui mérite leurs sacrifices. » Le réalisateur pointe également du doigt les obstacles qui entravent la diffusion de la musique sahraouie à l’international. « Nous avons passé quarante ans sans électricité et sans aucun autre moyen de développement », rappelle-t-il, avant d’ajouter : « Ce n’est pas l’intérêt de l’Espagne, de la France ou d’autres pays d’avoir des artistes sahraouis et de parler de ces artistes à l’intérieur de leur pays. Car cela conduirait à une discussion sur leur implication et leur soutien inconditionnel à l’occupation marocaine. »

Le film s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe, le Sahara occidental demeurant la dernière colonie en Afrique. Mohamed Salem Werad dénonce sans détour le rôle des puissances internationales qui « ont décidé de fournir au Maroc le soutien dont il a besoin pour maintenir l’occupation militaire du Sahara occidental et pour continuer à exploiter ses riches ressources naturelles et ses réserves et bien sûr pour fournir des services à ces puissances. » Il conclut sur un constat amer : « Le Maroc est un État qui est prêt à faire le sale boulot pour les pays occidentaux. Par conséquent, ils sont également prêts à fermer les yeux sur ses violations et l’occupation du Sahara… »

Ce documentaire est ainsi un témoignage essentiel, non seulement sur le parcours d’une artiste exceptionnelle, mais aussi sur la persistance d’une lutte qui, à travers la culture et particulièrement la musique, continue de porter l’espoir d’un peuple en quête de liberté.

Mohand Seghir

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