À la UneActualité

Relations algéro-françaises, Sahara occidental et Palestine: Les vérités de Tebboune

Dans un entretien exclusif accordé, le 30 janvier, au journal français  « l’Opinion », le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune dresse un constat des lieux sans concession sur de nombreuses questions, notamment l’état des relations algéro-françaises, aujourd’hui au plus bas.

Face à la multiplication des contentieux entre Paris et Alger, le chef de l’État alerte sur le risque d’une rupture définitive tout en maintenant une porte ouverte au dialogue. « Le climat est délétère, nous perdons du temps avec le Président Macron », déplore d’emblée Abdelmadjid Tebboune depuis le salon du Palais d’El Mouradia. Le président de la République dénonce ce qu’il qualifie de « campagne systématique de dénigrement » orchestrée par la droite et l’extrême droite françaises, qui réclament des mesures coercitives à l’encontre de l’Algérie : suspension des visas, dénonciation des accords sur la circulation des personnes, gel de l’aide et des transferts financiers. Sur le volet migratoire, Tebboune fustige l’instrumentalisation des accords de 1968, qu’il qualifie de « coquille vide pour rallier les extrémistes comme du temps de Pierre Poujade ». Il pointe également du doigt l’action du ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a  « voulu faire un coup politique en forçant l’expulsion de l’influenceur algérien « Doualemn ». Le Président Tebboune reproche par ailleurs à la France d’accorder « la nationalité ou le droit d’asile » à des personnes qu’il considère comme des criminels en col blanc et des éléments subversifs. Concernant l’affaire Boualem Sansal, qui cristallise les tensions actuelles, Tebboune est tout à fait clair :  S’il assure que l’écrivain bénéficie de soins médicaux et peut communiquer avec sa famille, il précise qu’il sera jugé dans le « temps imparti », écartant toute évocation d’une possible grâce. « C’est un problème pour ceux qui l’ont créé. Jusqu’à présent, il n’a pas livré tous ses secrets », ajoute-t-il de manière sibylline. Le dossier mémoriel reste également au cœur des préoccupations. Le président de la république insiste sur la nécessité d’un travail exhaustif concernant la décontamination des sites d’essais nucléaires français, un impératif « humain, moral, politique et militaire ». Sur le plan sécuritaire, bien qu’il laisse entrevoir une possible reprise de la coopération, il renvoie la France à ses responsabilités : « Il appartient à la France de traiter les cas des jihadistes qui se sont radicalisés sur son territoire… » Au sujet de la Grande Mosquée de Paris, autre point de friction, Tebboune regrette le « climat malsain » qui entoure l’institution et réaffirme son soutien au recteur.

« Je n’ai pas l’intention de m’éterniser au pouvoir»

Sur le dossier du Sahara occidental, il révèle avoir mis en garde Emmanuel Macron. « J’ai averti le président Macron qu’il commettrait une grave erreur dans l’affaire du Sahara occidental.  Malgré ces nombreux points de tension, le Président Abdelmadjid Tebboune affirme ne pas souhaiter une rupture avec la France. Cependant, il place clairement la balle dans le camp de l’Élysée pour éviter le risque ultime : « ne pas tomber dans une séparation qui deviendrait irréparable ». Dans cet entretien, Tebboune aborde également la question palestinienne, affirmant que « l’Algérie serait prête à normaliser ses relations avec Israël le jour même où il y aura un État palestinien complet ». Sur le plan intérieur, il tient à rassurer quant à ses intentions politiques :  « Je n’ai pas l’intention de m’éterniser au pouvoir. Je respecterai la constitution algérienne ».

Hocine Fadheli

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *