Maroc : Les syndicats se mobilisent, le pays en pleine agitation sociale
Le Maroc se prépare à une grève nationale d’ampleur. Plusieurs organisations syndicales ont annoncé un mouvement de protestation massif dans les secteurs public et privé demain mercredi. Ce mouvement vise à dénoncer les atteintes aux libertés syndicales et la dégradation des conditions de vie, marquée par l’augmentation de la pauvreté et une corruption galopante. De nombreuses manifestations sont également prévues dans les grandes villes, notamment à Rabat, Casablanca et Marrakech, où les travailleurs comptent exprimer leur mécontentement face aux politiques gouvernementales antisociales.
L’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), regroupant de nombreuses organisations sectorielles, a déclaré que cet arrêt de travail est un acte de défense du droit constitutionnel à la grève, seul outil restant pour les travailleurs afin de protéger leurs acquis. De son côté, l’Union marocaine du travail (UMT) pointe du doigt l’inaction du gouvernement face à la flambée des prix des produits de première nécessité et à l’érosion du pouvoir d’achat des citoyens. Le syndicat affirme que les revendications des travailleurs restent ignorées depuis des mois, malgré les nombreuses alertes lancées aux autorités. En parallèle, la « Front marocain contre les lois sur la grève et la retraite », qui rassemble neuf syndicats, appelle à une mobilisation générale les 5 et 6 février pour s’opposer à un projet de loi jugé restrictif et liberticide. Les syndicats accusent le gouvernement de vouloir restreindre davantage le droit de grève, en imposant des sanctions sévères aux manifestants et en limitant les actions collectives. La Fédération nationale de l’enseignement incite aussi les enseignants et employés du secteur à se joindre au mouvement pour défendre leurs droits face à la précarisation croissante de leurs conditions de travail. Dans le domaine agricole, la Fédération nationale du secteur agricole a exhorté les travailleurs du secteur à participer massivement à la grève, accusant le gouvernement de mener des politiques antisociales. L’organisation critique particulièrement la hausse continue des prix, le gel des salaires et la réforme contestée du système de retraite. Elle met en garde contre une aggravation des conditions de vie des travailleurs ruraux, déjà touchés par la crise économique et la sécheresse. De son côté, la Confédération démocratique du travail (CDT) justifie sa participation à ce mouvement national en raison de l’absence de réaction du gouvernement face à la précarisation croissante des citoyens. Elle dénonce l’explosion des prix, la hausse du chômage et les coupures abusives d’eau et d’électricité. Les membres de la CDT réclament également une augmentation générale des salaires et l’amélioration des conditions de travail dans tous les secteurs. Par ailleurs, l’Association marocaine pour la protection de l’argent public a annoncé une marche nationale ce dimanche contre la corruption et le pillage des ressources publiques. Elle dénonce les restrictions imposées aux associations souhaitant signaler des crimes financiers et appelle à une mobilisation générale contre ces abus. Selon l’association, la mauvaise gestion des fonds publics et la corruption endémique aggravent la crise sociale et empêchent tout développement économique durable.
Lyes Saïdi