Culture

Abdelkader Bendameche publie un ouvrage sur Cheikh M’hamed El Anka: La mémoire du chaâbi

Le panthéon musical algérien vient de s’enrichir d’une nouvelle pierre précieuse : un ouvrage magistral qui fait résonner les échos d’une légende du Chaâbi. Abdelkader Bendameche, tel un archéologue des sons, exhume et restaure avec passion la mémoire d’El Hadj M’Hamed El Anka, géant musical dont l’ombre tutélaire continue de planer sur le firmament artistique algérien.

Dans son livre « Cheikh M’hamed El Anka au panthéon patrimonial de la chanson chaâbie », le chercheur cisèle un portrait kaléidoscopique d’un artiste qui fut bien plus qu’un simple musicien : un architecte sonore, un passeur de mémoires, un alchimiste des traditions. Comme un troubadour moderne, Bendameche déroule le fil d’une saga musicale extraordinaire qui commence en 1907 et s’achève en 1978, soixante et onze années durant lesquelles El Anka aura composé la symphonie d’un peuple. Sa plume, tel un pinceau pointilliste, reconstitue les fragments d’une vie entièrement vouée à l’art, révélant les secrets d’une genèse artistique façonnée par des maîtres aussi prestigieux que Cheikh Mustapha Nador et Sidi Ali Bensari. « El Hadj M’Hamed El Anka a créé un nouveau style musical tout à fait différent, c’est le Chaâbi », clame Bendameche, révélant l’ADN d’une révolution musicale qui transcenda les frontières et les générations. Véritable kaléidoscope sonore, l’œuvre d’El Anka devient sous la plume du chercheur un manifeste vivant, un récit où chaque note raconte l’histoire complexe et passionnée d’une identité nationale en mouvement. Avec une précision chirurgicale, l’auteur démonte les mécanismes d’une création musicale qui puise ses racines dans le patrimoine andalou, enrichissant le Chaâbi d’Inkilabat, de touchiate et de mkhilssat, transformant ainsi un genre populaire en expression artistique d’une infinie sophistication. Le livre, véritable cathédrale mémorielle de 400 pages, ne se contente pas d’être un simple catalogue biographique. Il est un acte de résistance culturelle, un manifeste pour la préservation d’un patrimoine musical dont El Anka fut le gardien le plus vigilant. « Il avait une vision prospective profonde quant à l’importance de préserver le patrimoine cultuel algérien », souligne Bendameche, faisant d’El Anka non seulement un musicien mais un visionnaire, un pédagogue soucieux de transmettre aux jeunes générations les trésors d’une tradition vivante.

L’auteur a rappelé que le premier ouvrage consacré à El Hadj M’Hamed El Anka, a été publié en 1981 par le journaliste Rabah Saâdallah. El Anka qui a laissé derrière lui un héritage musical immense avec plus de 130 disques, a inspiré toute une génération d’artistes, a-t-il dit. « Il avait aussi une vision prospective profonde quant à l’importance de préserver le patrimoine cultuel algérien pour promouvoir l’identité nationale en formant des générations de jeunes à ce genre musical exceptionnel », a-t-il ajouté. Le fils du maître de la chanson chaâbie, El-Hadi El Anka, a salué, de son côté, ces initiatives « importantes » visant à préserver ce patrimoine et à le transmettre aux générations futures.

Avec plus de 130 disques comme empreinte indélébile, El Hadj M’Hamed El Anka aura été ce passeur rare qui transforme la musique en histoire, l’art en mémoire collective. Grâce à Abdelkader Bendameche, sa voix continue de résonner, intemporelle et vibrante, rappelant à chacun que la culture n’est pas un musée poussiéreux mais un organisme vivant, toujours en mouvement, toujours en dialogue avec son passé et son présent.

Mohand Seghir

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