Le Maroc, plaque tournante du narcotrafic international : L’Algérie et l’Europe face à un défi sécuritaire majeur

Le trafic de drogue en provenance du Maroc continue de représenter une menace majeure pour la sécurité internationale, comme en témoignent les saisies record effectuées régulièrement par les services de sécurité européens et algériens. Ce phénomène, qui ne cesse de prendre de l’ampleur, illustre l’importance du défi auquel font face les pays touchés par ce fléau orchestré par les réseaux criminels opérant depuis le territoire marocain. Les chiffres sont particulièrement éloquents. Rien qu’en 2023, les services de sécurité algériens ont intercepté plus de 100 tonnes de résine de cannabis en provenance du Maroc, tandis que les autorités européennes font état de saisies dépassant plusieurs centaines de tonnes sur la même période. La sophistication croissante des méthodes de dissimulation et de transport utilisées par les trafiquants témoigne de l’organisation professionnelle de ces réseaux criminels, mais aussi du soutien des autorités marocaines, comme l’illustre la récente saisie effectuée au port d’Algeciras, en Espagne, où 284 kilogrammes de haschisch ont été découverts dans un compartiment spécialement aménagé d’un camion de marchandises. Cette saisie n’est que la partie visible de l’iceberg, les services de police européens estiment que seule une fraction du trafic est interceptée. Les routes empruntées par les narcotrafiquants se diversifient constamment, utilisant aussi bien les voies maritimes traditionnelles à travers le détroit de Gibraltar que les routes terrestres traversant le Sahel, faisant de l’Algérie un pays de transit malgré lui. Face à cette menace, l’Algérie a considérablement renforcé ses dispositifs de surveillance et de contrôle le long de ses frontières Ouest, mobilisant des moyens humains et technologiques considérables. Cette stratégie s’est traduite par des résultats significatifs, avec des saisies quotidiennes qui témoignent de l’ampleur du trafic mais aussi de l’efficacité des services de sécurité algériens. Les autorités européennes, de leur côté, multiplient les opérations coordonnées, notamment dans des zones stratégiques comme le Campo de Gibraltar, devenu un point névralgique du trafic entre l’Afrique du Nord et l’Europe. La coopération internationale s’intensifie également, avec des échanges d’informations et des opérations conjointes visant à démanteler les réseaux criminels transnationaux. L’impact de ce trafic ne se limite pas aux aspects sécuritaires puisque les conséquences sanitaires et sociales sont désastreuses, tandis que les revenus générés par ce commerce illicite alimentent d’autres formes de criminalité organisée et sur lesquels s’adosse le régime marocain pour financer ses réseaux de corruption et comme outil de pression sur les pays de l’UE. Les experts soulignent également les liens croissants entre le trafic de drogue marocain et le financement d’activités terroristes dans la région sahélo-saharienne, créant ainsi une convergence de menaces particulièrement préoccupante pour la stabilité régionale. Face à ces défis, la communauté internationale appelle à un renforcement des mécanismes de coopération et à une responsabilisation accrue des autorités marocaines, dont le territoire sert de base arrière à ce trafic destructeur qui menace la stabilité de toute une région.

Salim Amokrane