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Soudan: Une escalade des violences sans précédent

La situation humanitaire au Soudan atteint un niveau critique, avec une escalade sans précédent de la violence qui frappe particulièrement les populations civiles du Darfour.

 Depuis le début du conflit en avril 2023 opposant l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR), la région traverse une crise humanitaire d’une ampleur dramatique, caractérisée par des déplacements massifs et des violences extrêmes. Les derniers événements survenus dans l’État du Darfour-Nord illustrent la précarité grandissante des populations locales. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, « environ 8.000 familles ont été déplacées du village de Saloma et de ses environs » lors des récents affrontements, confirmant la progression territoriale des FSR dans cette région occidentale du pays. Ahmed Rejal, porte-parole de la Coordination générale des camps pour les déplacés et les réfugiés, a déclaré que « les FSR ont attaqué vendredi Saloma » et que « des maisons du village ont été brûlées » durant ces combats, révélant le degré de destruction qui accompagne ces affrontements. Le conflit a déjà provoqué des conséquences humanitaires désastreuses, avec plus de 12 millions de personnes déracinées, établissant un triste record mondial en matière de déplacement internal. Au Darfour-Nord, la situation est particulièrement alarmante : 1,7 million d’habitants ont été contraints à la fuite et deux millions font face à une insécurité alimentaire extrême. L’ONU souligne que la famine frappe déjà trois camps de déplacés proches d’El-Facher – Zamzam, Abu Shouk et Al-Salam – et menace de s’étendre à cinq autres secteurs dans les prochains mois. L’organisation humanitaire Save the Children a récemment publié une analyse détaillée qui confirme la dégradation continue de la situation. En analysant les données du Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED), l’ONG a révélé que « le dernier trimestre de 2024 a été marqué par davantage de violences au Soudan qu’à tout autre moment depuis le début du conflit ». Les chiffres sont particulièrement éloquents : 199 incidents violents en décembre, 217 en novembre et 288 en octobre, incluant des frappes aériennes, attaques de drones, bombardements d’artillerie, affrontements armés, enlèvements d’enfants et meurtres. Depuis le début de l’année 2025, l’ACLED a documenté « 208 incidents visant des civils, soit une augmentation de 78 % par rapport à janvier 2024 », avec des conséquences dévastatrices, notamment pour les enfants. Les dernières semaines ont été marquées par des violences particulièrement brutales à El Fasher : une attaque contre le camp d’Abu Shouk a causé la mort d’au moins sept personnes et blessé 11 autres, tandis qu’une attaque contre l’hôpital universitaire saoudien a provoqué environ 70 décès, dont des enfants. L’ONU a qualifié cette montée de violence de « niveaux choquants » de violations graves contre les populations civiles. Les États d’Al Jazirah et du Darfour-Nord sont les plus touchés, avec plus de 1,4 million de personnes déplacées, dont plus de 760.500 enfants. Cette crise humanitaire sans précédent met en lumière l’urgence de rechercher une solution politique à ce conflit qui perdure depuis près de deux ans.

Lyes Saïdi

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