Timimoun : Le laboratoire agricole du grand Sud
La ville de Timimoun, joyau du Sahara algérien, est au coeur d’une réflexion stratégique majeure sur l’avenir agricole du pays. Lors d’une rencontre régionale organisée dimanche au sein de l’oasis rouge, les experts et responsables du secteur agricole ont planché sur un défi aussi ambitieux qu’essentiel : transformer les étendues arides en terres fertiles porteuses d’espoir pour la sécurité alimentaire nationale. Cette journée organisée sous le slogan « Le développement durable de la céréaliculture dans le Sud du pays, la voie vers l’autosuffisance » marque un tournant dans la politique agricole
Mohamed El-Hadi Sakhri, représentant du ministre de l’Agriculture, a été sans détour : « Le développement de la céréaliculture dans les wilayas du Sud revêt une importance cruciale pour atteindre la sécurité alimentaire ». Sa déclaration traduit une ambition claire : mobiliser l’intégralité des moyens nécessaires pour conquérir trois millions d’hectares de terres céréalières dans un environnement a priori hostile. Une feuille de route ministérielle qui témoigne d’une vision stratégique audacieuse. Nasreddine Messaoudi, directeur général de l’Office algérien interprofessionnel des céréales, enfonce le clou en soulignant que « les régions du Sud disposent d’importantes capacités agricoles qui doivent être exploitées pour le développement des cultures stratégiques en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire ». Pour matérialiser cette ambition, l’OAIC a créé un département dédié au développement durable, comprenant une direction spécifique pour l’agriculture saharienne et des hauts-plateaux. L’innovation institutionnelle accompagne cette dynamique. Un appel a été lancé aux investisseurs des régions sahariennes pour constituer un club d’échange d’expertises, visant à mutualiser les connaissances et optimiser les résultats agricoles. Cette approche collaborative illustre la volonté de transformer les contraintes environnementales en opportunités de développement.
Noureddine Amrani, directeur du département du développement durable, souligne les progrès déjà réalisés : les cultures stratégiques sous pivot ont connu un développement « notable », grâce aux incitations étatiques, à l’accompagnement technique, à l’approvisionnement en semences et en engrais, et à l’amélioration significative des infrastructures de stockage avec la construction de nouveaux entrepôts et silos. Cette rencontre de Timimoun dépasse la simple réunion technique. Elle symbolise une ambition nationale : faire du Sahara un grenier agricole, en utilisant les technologies les plus avancées pour domestiquer un territoire longtemps considéré comme improductif. Les autorités ont compris que la sécurité alimentaire du pays se jouera désormais dans ces terres arides, transformées par l’intelligence humaine et la détermination politique. Timimoun n’est plus seulement une destination touristique aux paysages saisissants, mais devient un laboratoire vivant de l’agriculture du futur, où l’homme dialogue avec un territoire longtemps considéré comme indomptable.
R.R.