Plusieurs mesures prises pour contrer la spéculation durant le Ramadhan: Les autorités haussent le ton !
À quelques jours du Ramadhan 2025, les autorités mobilisent tous ses leviers pour contrer la spéculation et assurer la stabilité des prix des produits de première nécessité. Une série d’actions coordonnées au plus haut niveau allant dans ce sens ont été annoncées, témoignant d’une stratégie gouvernementale globale visant à protéger le pouvoir d’achat des citoyens durant le mois sacré.
Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, a donné le ton lors d’une réunion exceptionnelle avec les présidents et procureurs généraux des cours de justice. « Il faut traiter avec fermeté ceux qui menacent la subsistance des Algériens, et utiliser tous les mécanismes disponibles pour combattre la spéculation », a-t-il martelé devant les hauts magistrats. Cette directive s’inscrit dans un plan d’action plus large comprenant quinze points stratégiques pour la modernisation du secteur judiciaire. « Notre réunion d’aujourd’hui aborde quinze points multidimensionnels, garantissant un nouveau départ dans la gestion du secteur de la justice », a précisé le ministre, soulignant que cette rencontre constitue « une opportunité pour évaluer les services et l’état de la numérisation du secteur ». Le garde des Sceaux a notamment mis l’accent sur l’importance du déploiement des nouvelles technologies, appelant à l’intégration de l’intelligence artificielle dans le travail judiciaire pour optimiser le traitement des affaires. Dans ce contexte de modernisation, Boudjemaa a annoncé la prochaine sortie d’une promotion de 198 magistrats en juillet, mettant l’accent sur « la formation sous toutes ses formes » comme défi majeur. Cette nouvelle génération de magistrats sera notamment sensibilisée à l’importance de la lutte contre les pratiques spéculatives qui menacent la stabilité sociale.
Une mobilisation sans précédent du secteur commercial
Parallèlement, le ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, Tayeb Zitouni, orchestrait hier une vaste opération de concertation avec l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Cette réunion, qui s’est tenue en présence des cadres centraux du ministère, des présidents des confédérations et des représentants des distributeurs et grossistes, visait à coordonner les efforts pour garantir un approvisionnement régulier du marché. Dans son discours à cette occasion, le ministre a appelé « les commerçants et les artisans à se tenir comme des militants face aux défis », soulignant l’importance de leur rôle dans la garantie de la stabilité du marché, le renforcement de la production locale et la lutte contre les pratiques illégales telles que le monopole et la spéculation, « La coopération effective des commerçants reflète leur profonde conscience de leurs responsabilités nationales, qui nécessitent des efforts conjugués pour servir les citoyens et soutenir l’économie nationale », a souligné Zitouni. Le ministre a particulièrement insisté sur l’alignement de la politique commerciale avec le plan d’action du gouvernement et le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui place la croissance économique durable au cœur des priorités.
565 marchés de proximité
La réponse concrète du gouvernement se matérialise par le lancement simultané de 565 marchés de proximité à travers le territoire national. El Hadi Bakir, secrétaire général du ministère du Commerce, qui a inauguré cette initiative depuis le marché de Bir Mourad Raïs à Alger, a détaillé le dispositif : « Plus de 6.400 opérateurs, incluant producteurs, importateurs, commerçants de gros et artisans, participent à l’initiative pour assurer une disponibilité continue de divers produits alimentaires tout au long du mois de Ramadhan. » Présents dans les 58 wilayas du pays, ces marchés de proximité ont pour objectif de préserver le pouvoir d’achat des citoyens et d’assurer une large disponibilité des produits alimentaires à des prix raisonnables. Ils permettent également aux opérateurs économiques de commercialiser leurs produits dans le cadre des efforts visant à lutter contre la spéculation, a ajouté le responsable. Le marché de Bir Mourad Raïs, qui accueille 65 commerçants, illustre parfaitement cette nouvelle approche. Les prix pratiqués y sont particulièrement compétitifs : la viande bovine importée d’Espagne est proposée entre 1.100 et 1.250 DA le kilo, tandis que la viande ovine est affichée à 1.950 DA/kg. Les commerçants annoncent également l’arrivée prochaine de viande importée du Brésil, répondant aux mêmes standards de qualité.
Une initiative du secteur privé
L’UGCAA ne reste pas en retrait et lance une initiative ambitieuse baptisée « Ramadhan : responsabilité, engagement, solidarité ». Son secrétaire général, Issam Badrissi, a confirmé « la pleine disponibilité de l’Union à soutenir les efforts du ministère pour réaliser l’équilibre et la stabilité sur le marché national pendant le Ramadhan ». Le lancement officiel de cette campagne est prévu pour le 22 février depuis la wilaya de Ghardaïa. Cette initiative comprend plusieurs volets : des réductions significatives sur les produits alimentaires de large consommation, des rencontres de sensibilisation avec les opérateurs économiques, et des sorties sur le terrain pour promouvoir la culture de la solidarité économique. Badrissi a particulièrement insisté sur l’importance de « préserver et valoriser les acquis du Ramadhan précédent », saluant l’efficacité de l’approche participative adoptée par le ministère. Pour garantir l’efficacité de ces mesures, le ministère du Commerce a mis en place un dispositif de contrôle renforcé. À Alger, où 21 marchés de proximité ont été ouverts selon le directeur local du commerce, Abdelouahab Harkas, des équipes d’inspection sillonnent quotidiennement les points de vente pour vérifier le respect des prix et des règles commerciales. Les produits proposés dans ces marchés couvrent l’ensemble des besoins des consommateurs : légumes et fruits provenant directement des exploitations agricoles nationales, viandes, produits laitiers, boissons gazeuses, articles d’entretien et d’hygiène, ainsi que de la vaisselle. Cette diversité vise à créer une véritable alternative aux circuits traditionnels de distribution.
Samir Benisid