Soudan: Dix mille familles contraintes de fuir après une attaque des FSR
Au moins dix mille familles ont été contraintes de fuir le camp de déplacés de Zamzam dans la région du Darfour, à l’ouest du Soudan, suite à des combats intenses qui ont éclaté la semaine dernière, selon les informations communiquées hier par une agence des Nations Unies.
D’après les témoignages recueillis par les médias, le camp de Zamzam, qui héberge plus d’un demi-million de déplacés au sud de la capitale du Darfour-Nord, el-Facher, a été la cible d’une attaque menée par les Forces de soutien rapide (FSR) le 11 février. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) précise que ses données, limitées par des contraintes budgétaires, ne couvrent que les deux premiers jours des affrontements qui ont opposé les FSR à l’armée soudanaise, en conflit depuis avril 2023. Les violences ont également touché les villages environnants d’el-Facher, provoquant le déplacement de « 1.544 autres familles » selon l’OIM. La situation s’inscrit dans un contexte plus large où les FSR, qui assiègent el-Facher depuis mai 2024 sans parvenir à s’en emparer, ont intensifié leurs assauts pour renforcer leur mainmise sur le Darfour, alors que l’armée progresse sur plusieurs fronts dans le centre du Soudan pour reprendre le contrôle de la capitale Khartoum.
Graves violations des droits humains
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a publié le même jour un rapport alarmant sur l’escalade des violations des droits humains dans le pays. Le Haut-Commissaire Volker Türk a déclaré que « les attaques continues et délibérées contre des civils et des biens civils, ainsi que les exécutions sommaires, les violences sexuelles et autres violations et abus, soulignent l’échec total des deux parties à respecter les règles et les principes du droit international humanitaire et des droits de l’homme ». Le bilan humanitaire est catastrophique après vingt-deux mois de conflit : plus de 30 millions de Soudanais nécessitent une assistance et une protection, tandis que 12 millions de personnes ont été déplacées, dont 3,3 millions ont trouvé refuge à l’étranger. Le système de santé s’est effondré, avec moins d’un quart des établissements médicaux encore fonctionnels dans les zones les plus touchées par les combats. La situation alimentaire est également critique, avec près de 25 millions de personnes confrontées à des niveaux « aigus » de faim. Le Darfour-Nord comptait déjà, avant ces dernières attaques, 1,7 million de déplacés et deux millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire extrême. Face à cette situation, Volker Türk appelle à « des mesures urgentes » de la part des belligérants pour « mettre un terme à cette situation, demander des comptes aux responsables et accorder réparation aux survivants ».
R.I.