Raccordement électrique en Algérie : Une autre facette de la politique discriminatoire du colonialisme
La politique discriminatoire du colonisateur français en Algérie s’est manifestée dans tous les aspects de la vie quotidienne des Algériens, y compris dans l’accès aux services publics essentiels comme l’électricité. Au-delà des politiques de répression, de torture, de déportation forcée et de famine infligées au peuple algérien, le colonialisme français a délibérément instrumentalisé les principales institutions économiques et les services publics pour servir sa stratégie d’exclusion systématique de la population autochtone. L’exemple de la société Electricité et gaz d’Algérie (EGA) illustre parfaitement cette politique de ségrégation. Les statistiques officielles au moment de l’indépendance révèlent une réalité accablante : les colons européens représentaient 87% du total des abonnés, soit environ 573.000 abonnés à l’électricité et 167.000 au gaz, contre seulement 13% d’Algériens. Le taux de raccordement des Européens était ainsi six fois supérieur à celui des Algériens, alors même qu’ils ne constituaient qu’un dixième de la population totale. Face à ces disparités flagrantes, l’administration coloniale tentait de justifier cette situation en prétextant que les populations européennes étaient « plus civilisées et bénéficiaient d’un niveau de vie supérieur », ce qui expliquerait selon elle leur consommation d’électricité plus élevée que celle des Algériens. Cette politique discriminatoire se reflétait également dans les niveaux de consommation d’électricité. En 1938, la consommation annuelle moyenne en Algérie ne dépassait pas 35 kWh, un chiffre dérisoire comparé aux 365 kWh consommés en France métropolitaine. Ces données contredisent frontalement le mythe entretenu par certains falsificateurs de l’Histoire qui persistent à affirmer que la France aurait légué, à l’indépendance de l’Algérie, un pays prospère et développé. La discrimination s’étendait aussi au domaine de l’emploi au sein de l’EGA. Les statistiques de 1959 montrent que l’entreprise employait plus de 5.000 personnes, dont 4.633 titulaires, avec une majorité écrasante de colons. Les Algériens, quant à eux, n’occupaient généralement que des postes temporaires ou subalternes, souvent dans des conditions dangereuses. L’indépendance a placé l’Algérie face à un défi colossal : non seulement il fallait raccorder massivement les Algériens à l’électricité et au gaz, mais il fallait aussi répondre aux besoins énergétiques croissants des nouvelles infrastructures du pays. La situation était d’autant plus critique que les Européens qui contrôlaient l’EGA avaient quitté le pays en laissant derrière eux un personnel non formé et des dossiers d’abonnés détruits. La transformation de l’EGA en Société nationale de l’électricité et du Gaz « Sonelgaz » en juillet 1969 a marqué un tournant décisif. Partie de 6.000 employés gérant environ 700.000 abonnés, Sonelgaz peut aujourd’hui se prévaloir de résultats impressionnants : un taux de couverture électrique de 99% au niveau national avec 11,87 millions d’abonnés, un taux de raccordement au gaz naturel avoisinant 70% avec 7,7 millions d’abonnés, et une capacité de production d’électricité d’environ 26.000 MW en 2024. L’entreprise emploie désormais près de 79.000 personnes, dont 11% de femmes, réparties entre cadres, ingénieurs, techniciens et commerciaux. Ces avancées remarquables, accomplies par des compétences algériennes formées dans les universités et centres spécialisés du pays, démontrent la capacité de l’Algérie à surmonter l’héritage colonial et à assurer l’accès à l’énergie pour l’ensemble de ses citoyens. Elles constituent un démenti cinglant aux politiques discriminatoires du colonialisme français et posent les fondements d’un développement économique inclusif et souverain.
R.N.