Face aux défis climatiques: L’Algérie accélère sa stratégie de dessalement
Face aux défis croissants liés au changement climatique et à la raréfaction des ressources hydriques, l’Algérie intensifie sa stratégie nationale de dessalement d’eau de mer. Cette initiative ambitieuse s’inscrit dans une vision à long terme visant à sécuriser l’approvisionnement en eau du pays, comme l’a récemment expliqué le ministre de l’Hydraulique.
Lors de son intervention au programme « Forum de la Première » de la Radio algérienne, le ministre de l’Hydraulique, M. Taha Derbal, a souligné hier l’importance stratégique de ces projets. « Les projets de dessalement d’eau de mer émanent d’une volonté politique prospective pour faire face à la raréfaction des pluies et aux besoins de développement », a-t-il ainsi souligné. Cette stratégie commence déjà à porter ses fruits. Le ministre a d’ailleurs rappelé que le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a inauguré au cours des derniers jours deux stations de dessalement majeures : la station de Cap Blanc à Oran et la station de Fouka 2 à Tipaza. Trois autres installations seront mises en service dans les prochains jours, avec une capacité combinée de 300 000 mètres cubes par jour. Un exploit d’autant plus remarquable que ces installations ont été réalisées en un temps record de 25 mois, au lieu des 36 mois initialement prévus.
Une approche globale de la sécurité hydrique
La stratégie nationale ne se limite pas au dessalement. M. Derbal a révélé que le plan comprend également d’importants projets de transfert d’eau des régions excédentaires vers celles déficitaires. Cette approche intégrée permettra aux populations vivant jusqu’à 150 km des côtes de bénéficier de l’eau dessalée, en plus des habitants des zones côtières. Un des objectifs majeurs de cette stratégie est de réduire la dépendance du pays aux eaux souterraines. Actuellement, l’Algérie puise 56% de son eau potable dans les nappes phréatiques. Avec l’entrée en service des cinq nouvelles stations produisant 1,5 million de mètres cubes quotidiennement, cette proportion diminuera à 42%, contribuant ainsi à la préservation des ressources souterraines pour les générations futures.
Le ministre a particulièrement insisté sur la dimension nationale de ces projets. L’exploitation et la maintenance des stations de dessalement sont assurées par des compétences algériennes. Cette réussite est le fruit d’une collaboration intersectorielle impliquant les ministères de l’Énergie, de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, qui ont mis en place des programmes de formation spécifiques parallèlement au lancement de ces grands projets. En complément du dessalement, l’État poursuit la construction d’autres infrastructures hydrauliques comme les barrages et les retenues d’eau. L’objectif est double : garantir l’approvisionnement en eau potable tout en soutenant l’irrigation agricole et les investissements économiques. Le secteur agricole bénéficiera également de la construction de stations d’épuration des eaux usées. Concernant la qualité de l’eau produite, M. Derbal a tenu à rassurer les citoyens : l’eau issue des stations de dessalement est parfaitement potable et ne présente aucun risque pour la santé, car elle n’est distribuée qu’après avoir subi une série d’analyses en laboratoire. Cette stratégie ambitieuse témoigne de la détermination de l’Algérie à adapter sa politique de gestion des ressources hydriques face aux défis du changement climatique, tout en soutenant son développement économique et agricole.
Samir Benisid