Économie

11e Forum africain de l’investissement et du commerce  : Vitrine de l’engagement continental de l’Algérie

La 11e édition du Forum africain de l’investissement et du commerce (AFIC11) qui se tiendra les 10 et 11 mai prochains à Alger s’inscrit résolument dans la stratégie algérienne de renforcement de ses liens avec sa profondeur africaine. Cet événement majeur, organisé sous le thème « Intégration et prospérité africaine », constitue une étape cruciale dans le repositionnement géostratégique et économique de l’Algérie sur l’échiquier continental. Avec la participation annoncée de 43 pays, plusieurs ministres africains et plus de 1.000 personnalités économiques, cette manifestation illustre l’ambition algérienne de jouer un rôle de premier plan dans l’intégration économique africaine. Le président du Centre arabo-africain d’investissement et de développement (CAAID) et commissaire de l’AFIC11, Mohamed Amine Boutalbi, a souligné l’importance de ce rendez-vous qui verra la signature de plus de 120 accords entre les participants, renforçant ainsi le maillage économique entre l’Algérie et ses partenaires africains. Cette dynamique s’inscrit dans une vision stratégique globale portée par les plus hautes autorités algériennes qui considèrent désormais le continent africain comme un horizon naturel d’expansion et de coopération multidimensionnelle. L’Algérie, forte de son expérience et de ses capacités économiques, entend ainsi partager son savoir-faire tout en bénéficiant des opportunités qu’offre un continent en pleine mutation. L’AFIC11 joue également un rôle préparatoire à un événement encore plus significatif : la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF) prévue du 4 au 10 septembre 2025 à Alger. Cette manifestation d’envergure continentale, qui accueillera 144 pays, pourrait générer des transactions commerciales atteignant 44 milliards USD selon les estimations de M. Boutalbi, qui occupe également le poste d’ambassadeur de cette foire. Le choix de l’Algérie comme pays hôte de cet événement majeur témoigne de la crédibilité retrouvée du pays sur la scène africaine et de sa capacité à mobiliser les principaux acteurs économiques du continent. Cette nouvelle orientation africaine représente un tournant stratégique pour l’Algérie qui, historiquement, a entretenu des relations privilégiées avec l’Europe tout en négligeant parfois les opportunités offertes par son appartenance continentale. Aujourd’hui, face aux défis de la diversification économique et dans un contexte de reconfiguration des équilibres mondiaux, l’Algérie redécouvre les vertus de la coopération Sud-Sud et particulièrement intra-africaine.

L’importance accordée à ces événements a été soulignée lors du 14e Iftar annuel du Ramadhan « Forum du développement », organisé par le CAAID, le Cluster algérien des industries électriques et l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), sous le patronage du ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab. La présence à cet événement de la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie, chargée des mines, Karima Tafer, ainsi que du conseiller du président de la République chargé du commerce, Kamel Rezig, démontre l’engagement des plus hautes instances de l’État dans cette réorientation stratégique vers l’Afrique. Le directeur de la promotion et du soutien aux échanges économiques au ministère des Affaires étrangères, Rabah Fassih, a d’ailleurs souligné l’importance capitale de la « IATF-2025 » pour l’Algérie, la considérant comme une opportunité historique de renforcement des liens économiques continentaux.

Engagement de la Sonelgaz en Afrique

Dans cette nouvelle configuration, le secteur énergétique apparaît comme un vecteur privilégié de la coopération algéro-africaine. Le PDG du groupe Sonelgaz et président d’honneur du groupe des industries électriques algériennes, Mourad Adjal, a réaffirmé dans une allocution la disponibilité de l’entreprise nationale à mettre son expertise au service des pays africains. Cette position s’inscrit parfaitement dans la stratégie de projection continentale de l’Algérie qui entend capitaliser sur ses atouts historiques dans le domaine énergétique pour établir des partenariats durables avec les pays africains. Cette démarche prend un relief particulier dans un continent où, comme l’a rappelé le représentant de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité. L’expérience algérienne en matière de raccordement à l’énergie, saluée par ce même représentant, constitue ainsi un modèle potentiellement transposable à d’autres contextes africains. La remise du « Prix du développement en Afrique » au groupe Sonelgaz, en reconnaissance de sa contribution au soutien du développement sur le continent, symbolise cette nouvelle orientation de la politique étrangère algérienne. Le secteur de l’énergie, pilier historique de l’économie nationale, devient ainsi un instrument de soft power permettant à l’Algérie de renforcer son influence régionale. Cette stratégie s’appuie également sur une vision plus large du potentiel africain, comme l’a souligné le président de l’UNEP, Charaf Eddine Amara, qui a insisté sur l’importance des ressources humaines et matérielles dont regorge le continent et qui doivent être exploitées pour réaliser le développement.

L’engagement algérien envers l’Afrique ne se limite pas aux aspects purement commerciaux. Il s’inscrit dans une vision globale qui intègre également des dimensions politiques, culturelles et sécuritaires. L’Algérie, forte de son expérience historique dans la lutte contre le colonialisme et de son rôle dans les mouvements de libération africains, entend aujourd’hui renouer avec cette tradition en proposant des partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques. Cette approche tranche avec certaines pratiques néocoloniales encore présentes sur le continent et positionne l’Algérie comme un partenaire crédible et respectueux des souverainetés nationales. La participation attendue de nombreux établissements financiers continentaux et internationaux ainsi que des agences africaines d’encouragement de l’investissement à l’AFIC11 et à l’IATF témoigne de l’intérêt suscité par cette nouvelle dynamique algérienne. Ces événements constituent également une opportunité pour l’Algérie de diversifier ses partenariats économiques dans un contexte mondial incertain et de réduire sa dépendance historique vis-à-vis des hydrocarbures en favorisant le développement de nouveaux secteurs d’activité.

Sabrina Aziouez

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