Culture

Festival des Aïssaoua à Mila : Une célébration du patrimoine musical soufi

La 14e édition du Festival culturel national des Aïssaoua s’est ouverte samedi soir à la maison de la culture Moubarak El Mili de Mila. Cet événement, devenu un rendez-vous incontournable, rassemble cette année des troupes et associations spécialisées venues de douze wilayas du pays, témoignant de la richesse et de la diversité de cette tradition musicale et spirituelle profondément ancrée dans le patrimoine national. Placée sous le thème évocateur « L’art des Aïssaoua entre la nécessité de la transcription et l’impératif de la localisation », cette édition souligne les enjeux contemporains auxquels fait face ce patrimoine immatériel : sa préservation par l’écrit et son enracinement territorial. « Les 14 troupes et les associations sélectionnées pour célébrer cette 14ème édition mettront en valeur les caractéristiques de l’art des Aïssaoua dans les différentes régions du pays », a indiqué Boukhmis Boubliaa, commissaire du Festival, dans son allocution d’ouverture. Il a tenu à rappeler que les spécificités de cette tradition ne se limitent pas aux performances scéniques mais s’expriment également à travers « les textes déclamés dans les chants que dans les instruments de musique utilisés ». Innovation notable cette année, deux nouvelles distinctions viendront récompenser les participants : les prix du « Meilleur spectacle » et du « Meilleur texte », a précisé M. Boubliaa, marquant ainsi une volonté de valoriser tant l’aspect performatif que littéraire de cet art traditionnel. La soirée inaugurale, présidée par les autorités locales en présence d’un public nombreux et de dignitaires religieux représentant diverses zaouïas, a été illuminée par les prestations de l’association « Aïssaouia Rachidia » et de la troupe « Benoutat Kassentina », toutes deux originaires de Constantine. Leurs chants religieux ont immédiatement créé une atmosphère de communion spirituelle caractéristique des cérémonies Aïssaoua, alliance subtile entre mysticisme soufi et expressions artistiques populaires. Mustapha Koreich, wali de Mila, a souligné dans son discours l’importance culturelle de cette manifestation annuelle, qu’il a décrite comme étant « dédiée à un patrimoine artistique algérien ancien toujours à la hauteur du goût et des attentes du public qui s’y intéresse ». Cette affirmation s’est vue immédiatement confirmée par l’enthousiasme manifeste des spectateurs présents. Parmi eux, Salim Mechri a témoigné de cette ferveur, observant que le public a « remarquablement interagi avec les artistes, démontrant son intérêt pour cet art qui fait partie du patrimoine local de Mila et de plusieurs wilayas du pays ». Ce festival, qui se poursuivra jusqu’au 11 mars, propose un programme riche et diversifié. Au-delà des soirées artistiques qui se déploieront non seulement dans la ville de Mila mais également dans plusieurs communes de la wilaya, des conférences thématiques aborderont les questions de « Codification et localisation du patrimoine des Aïssaoua ». Des expositions dédiées complèteront cette programmation, offrant aux visiteurs l’opportunité de découvrir la richesse matérielle associée à cette tradition spirituelle et musicale séculaire. Ainsi, ce festival s’affirme non seulement comme un moment de célébration artistique mais également comme un espace de réflexion sur les moyens de préserver et de transmettre ce patrimoine immatériel, à la croisée des chemins entre tradition orale et nécessité de documentation écrite, entre expressions locales et reconnaissance nationale.

M.S.

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