Économie

Négociations climatiques dans le cadre de la COP: Le constat sévère de l’OPEP

Alors que la communauté internationale se prépare aux prochaines négociations climatiques, le Secrétaire Général de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), Haitham Al Ghais, lance un appel à la réflexion sur le processus même des Conférences des Parties (COP). Dans une tribune publiée mercredi sur le site de l’organisation, Al Ghais questionne l’évolution des sommets climatiques et plaide pour un retour à l’esprit original de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de 1992. Le constat du Secrétaire Général est sévère : les COP deviennent « de plus en plus difficiles » et semblent produire « de très petites avancées, voire aucune ». Selon lui, ces sommets se déroulent désormais dans « un monde parallèle, déconnecté des réalités auxquelles sont confrontées les populations du monde entier ».

Au cœur de sa critique, Al Ghais pointe l’oubli progressif du principe de « responsabilités communes mais différenciées » inscrit dans le document fondateur de 1992. « Parfois, aujourd’hui, on peut avoir l’impression que certains oublient cette distinction lors des réunions de la COP, mais il est essentiel que cela reste au cœur du processus à l’avenir, dans l’intérêt de voies énergétiques futures réalistes et équitables pour tous », souligne-t-il. Cette distinction est d’autant plus importante que les responsabilités historiques dans les émissions de gaz à effet de serre sont très inégalement réparties. Le Secrétaire Général rappelle que « depuis 1850, les États-Unis représentent environ 25% des émissions de CO2, l’UE près de 17% et les pays du G7 plus de 43% », tandis que « les pays membres de l’OPEP sont à 4%, l’Inde à 3,5%, et l’Afrique et l’Amérique du Sud sont en dessous de 3% ».

La souveraineté énergétique en question

L’OPEP défend également le « droit souverain des nations d’exploiter leurs propres ressources » et rappelle que la CCNUCC reconnaît explicitement « les difficultés particulières des pays, en particulier les pays en développement, dont les économies sont particulièrement dépendantes de la production, de l’utilisation et de l’exportation de combustibles fossiles ». Pour Al Ghais, il est crucial de garder à l’esprit que « environ 100 pays produisent actuellement du pétrole, les pays consommateurs continuent à l’acheter, avec une demande mondiale qui augmente d’année en année, et les produits pétroliers restent vitaux pour les besoins quotidiens ». Il va jusqu’à affirmer, non sans ironie, qu' »on ne pourrait pas organiser une COP sans eux ». Le Secrétaire Général pointe également du doigt le retard pris dans la mise en œuvre des engagements financiers des pays développés. Il rappelle que la CCNUCC prévoyait « la nécessité pour les Parties des pays développés de fournir des ressources financières nouvelles et supplémentaires, y compris pour le transfert de technologie ». Or, « la question des pays développés remplissant leurs obligations pour combler les lacunes de financement et augmenter le financement climatique aux pays en développement était encore à l’ordre du jour à Bakou, 32 ans plus tard », déplore-t-il, faisant référence à la COP29 qui s’est tenue en Azerbaïdjan. Bien qu’un nouvel objectif de financement y ait été atteint, « il est important qu’il soit pleinement réalisé », avertit Al Ghais.

Face à ces défis, l’OPEP défend une vision qu’elle qualifie d' »approche globale ». « Nous ne pouvons écarter aucune énergie, aucune technologie ou aucun peuple », affirme le Secrétaire Général, qui rejette le « discours anti-pétrole qui s’est en quelque sorte attaché aux discussions sur la COP » et qui, selon lui, « n’a aucune base dans ce texte fondateur ». Al Ghais souligne que la CCNUCC « ne fait aucune référence au choix des sources d’énergie, mais insiste plutôt sur la nécessité de réduire les émissions et d’exploiter les technologies appropriées ». Cette nuance est essentielle pour l’OPEP, qui met en avant les efforts de ses membres pour réduire les émissions « en améliorant l’efficacité opérationnelle et en développant des technologies existantes et nouvelles ». « Nous avons besoin de solutions gagnant-gagnant lors des réunions de la COP qui prennent en compte tous les points de vue, tout comme la CCNUCC a été créée pour le faire », conclut Haitham Al Ghais, appelant à un retour à l’esprit de coopération qui avait présidé à la création de ce cadre international.

Samira Ghrib

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