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HCR : L’escalade des conflits au Soudan et en RDC aggrave la crise des réfugiés

La situation humanitaire en Afrique centrale et orientale continue de se détériorer à un rythme alarmant alors que les conflits au Soudan et dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) s’intensifient, provoquant des déplacements massifs de population et générant une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. Face à cette situation critique, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a lancé hier un appel urgent à la communauté internationale pour accroître l’aide vitale destinée aux millions de personnes déplacées. Mamadou Diane Balde, directeur régional du HCR pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs, a dressé un tableau particulièrement sombre de la situation lors d’une conférence de presse. Selon ses déclarations, le conflit au Soudan, qui a éclaté en avril 2023, a engendré une crise des réfugiés qui s’est rapidement propagée aux pays limitrophes. « En moins de deux ans, plus de 3,7 millions de personnes ont quitté le Soudan pour se retrouver dans une situation extrêmement précaire dans les pays voisins », a-t-il souligné, insistant sur le besoin urgent d’une aide humanitaire substantielle et d’une cessation immédiate des violences pour permettre aux civils soudanais déplacés de regagner leur terre natale. Cette crise soudanaise ne montre aucun signe d’apaisement, comme en témoignent les récents événements survenus à El-Obeid, ville stratégique de l’État du Kordofan-Nord. Selon des sources médicales locales, des tirs d’artillerie attribués aux Forces de soutien rapide (FSR) ont fait sept morts et vingt-trois blessés parmi les civils ce dimanche. Cette attaque s’inscrit dans une série de bombardements intenses qui se poursuivent sans interruption depuis trois jours en provenance du nord et de l’ouest de la ville. Un des obus a notamment touché un bus transportant des passagers. Il convient de rappeler que l’armée soudanaise avait brisé le mois dernier un siège de près de deux ans sur El-Obeid, carrefour stratégique reliant la capitale Khartoum à la vaste région occidentale du Darfour. Les FSR, qui contrôlent actuellement la majeure partie du Darfour, poursuivent leurs offensives tandis que l’armée tient le nord et l’est du pays, ayant récemment repris de vastes portions de Khartoum et du centre du Soudan. Ce conflit, qui oppose l’armée aux paramilitaires FSR depuis maintenant près de deux ans, a plongé le pays dans une catastrophe humanitaire sans précédent. Parallèlement à la crise soudanaise, la situation à l’est de la République démocratique du Congo continue elle aussi de se dégrader dangereusement. Mamadou Diane Balde a alerté sur l’augmentation constante du nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays en raison des violences persistantes, épuisant davantage les ressources déjà limitées destinées à la réponse humanitaire. Avant janvier dernier, on dénombrait déjà plus de 800.000 réfugiés congolais dans la région des Grands Lacs. Depuis, plus de 61.000 personnes fuyant le conflit ont traversé la frontière vers le Burundi, tandis que plus de 18.000 autres ont cherché refuge en Ouganda, accroissant la pression sur ces pays d’accueil aux ressources limitées. Le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a confirmé cette détérioration, rapportant que de nombreuses attaques contre les civils et les infrastructures essentielles ont été enregistrées ces dernières semaines dans l’Est de la RDC. Un rapport publié le samedi 8 mars indique qu’entre le 1er et le 3 mars, plusieurs centres hospitaliers de Goma ont été pris pour cible par des acteurs armés, « marquant une escalade de violence contre les structures médicales et le personnel de santé ». La situation sécuritaire dans cette ville demeure particulièrement préoccupante en raison d’une « recrudescence d’actes criminels, y compris des braquages de domiciles, des vols et des agressions ». De nouveaux affrontements ont également opposé le mouvement rebelle M23 à d’autres groupes armés locaux entre le 18 et le 25 février dans le groupement Biiri, territoire de Masisi. Au moins quatre civils ont été tués lors de ces violences, dont un travailleur humanitaire atteint par une balle perdue le 20 février alors qu’il se trouvait dans sa base. Un enfant réfugié dans la même base a également été blessé. Plus au nord, dans le territoire de Lubero, les affrontements entre le M23 et les forces gouvernementales ont provoqué plus de 100.000 nouveaux déplacés. Le 25 février, dans le territoire de Walikale, à l’ouest, « un groupe armé a pillé le centre de santé de Rusamambu, emportant des kits médicaux et endommageant la structure par des tirs », après des affrontements avec le M23, note également l’Ocha. Face à cette double crise, le représentant du HCR a souligné l’importance cruciale des efforts de médiation régionale pour mettre fin à la violence dans l’est de la RDC ainsi que la nécessité impérieuse d’accroître l’aide humanitaire destinée aux réfugiés nouvellement déplacés. Il a exhorté les donateurs internationaux à augmenter significativement leurs contributions, notamment pour aider les réfugiés à reconstruire leur vie dans des conditions dignes.

R.I.

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