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Soudan : L’armée progresse vers le palais présidentiel de Khartoum

Des troupes de l’armée soudanaise venant du sud ont rejoint lundi les forces déjà présentes dans le centre de la capitale Khartoum, près du palais présidentiel toujours aux mains des paramilitaires, a annoncé un porte-parole militaire. Cette avancée marque une nouvelle étape dans la tentative de l’armée de reprendre le contrôle de la capitale face aux Forces de soutien rapide (FSR).

Le général Nabil Abdullah a indiqué que le Corps blindé venant du sud avait rejoint les forces du Commandement général déjà positionnées dans le centre de Khartoum, après s’être emparé d’un hôpital jusqu’alors tenu par les paramilitaires. Ce Corps blindé avait réussi en octobre à briser le siège imposé par les paramilitaires autour de sa base dans le sud de Khartoum et avait commencé à progresser vers le centre de la capitale cette année. En janvier, l’armée avait déjà reconquis son quartier général à Khartoum. Selon un expert militaire soudanais consulté par l’AFP, cette progression permet à l’armée de renforcer son contrôle sur une grande partie du centre de la capitale soudanaise et d’accroître la pression sur les FSR positionnées près du palais présidentiel, les soldats approchant désormais par le sud et l’est. L’armée assure que ses unités sont désormais positionnées à moins d’un kilomètre du palais présidentiel, tenu par les FSR.

Parallèlement à cette avancée militaire, la situation humanitaire s’aggrave pour les civils. À Omdurman, ville jumelle de Khartoum, des tirs d’artillerie des paramilitaires ont tué 10 personnes lundi, selon une source médicale. Des journalistes de l’AFP présents sur place ont rapporté une série de tirs d’artillerie frappant le nord de la ville. Cette attaque survient au lendemain d’un bombardement mené par les FSR qui a tué six civils, dont deux enfants, et fait 36 blessés, dont la moitié sont des enfants. Selon un médecin soudanais cité par des médias, ce bombardement a endommagé des zones résidentielles dans le nord d’Omdurman, touchant des civils à l’intérieur de leurs maisons et des enfants qui jouaient sur un terrain de football, comme l’a déclaré le bureau fédéral des médias à Khartoum.

La guerre entre les FSR et l’armée, qui a débuté en avril 2023, a pris une tournure plus violente cette année dans la capitale, après la reconquête par l’armée de plusieurs territoires perdus au début du conflit au profit des FSR. À 400 kilomètres au sud-ouest de la capitale, dans la ville d’El-Obeid, deux civils ont été tués et 15 autres blessés après que les FSR ont bombardé des quartiers habités lundi matin, selon une source médicale du principal hôpital de la ville. L’armée était parvenue en février à briser le siège de près de deux ans des FSR sur El-Obeid, un carrefour clé reliant Khartoum au Darfour, une vaste région de l’ouest du Soudan sous le contrôle presque total des paramilitaires. D’autres affrontements ont également été signalés dans la région du Nil Bleu, frontalière du Soudan du Sud et de l’Éthiopie.

Le conflit qui déchire le Soudan depuis avril 2023 a fait des dizaines de milliers de morts et déraciné plus de 14 millions de personnes, provoquant une crise humanitaire majeure. À Khartoum seulement, au moins 3,5 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur domicile en raison des combats, selon les chiffres des Nations Unies. Cette guerre, qui oppose l’armée régulière aux forces paramilitaires, continue de s’intensifier malgré les efforts internationaux pour parvenir à un cessez-le-feu, laissant la population civile prise au piège dans un cycle de violence qui ne montre aucun signe d’apaisement. La situation au Soudan reste l’une des crises humanitaires les plus graves et les moins médiatisées au monde, avec des millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire, au manque d’accès aux soins médicaux et aux déplacements forcés.

Lyes Saïdi

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