Alger et Tunis font front commun contre la criminalité transfrontalière
La contrebande et la migration clandestine figurent au cœur des préoccupations communes de l’Algérie et de la Tunisie qui ont réaffirmé, hier, leur volonté d’intensifier leur coopération pour combattre ces phénomènes négatifs affectant leurs zones frontalières.
Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, et son homologue tunisien, Khaled Nouri, ont souligné hier à Alger cette détermination lors d’une rencontre bilatérale élargie qui s’est déroulée au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, en présence des responsables des corps de sécurité des deux pays. « Plusieurs points ont été abordés lors de cette rencontre, dont la contrebande, son impact sur les économies des deux pays et les moyens de la contrer », a indiqué le ministre tunisien de l’Intérieur qui effectue une visite depuis mardi à Alger dans une déclaration à l’issue des discussions. Cette séance de travail a également permis d' »examiner les modalités de coopération et d’échange d’informations en temps opportun », a-t-il poursuivi, précisant que la migration clandestine, la drogue et l’importance d’œuvrer davantage au développement des zones frontalières étaient également à l’ordre du jour. De son côté, Brahim Merad a rappelé l’importance de cette rencontre pour les deux pays frères, « en ce qu’elle permet de coordonner les efforts et de mettre en place des dispositifs permettant de prévenir lesdits phénomènes négatifs ». Il a souligné que cette réunion s’est tenue « conformément aux orientations des présidents des deux pays », ajoutant que « d’autres rencontres sont prévues à l’avenir pour évaluer le travail accompli dans le cadre des efforts visant à contrer les phénomènes négatifs, notamment la criminalité, le terrorisme et la contrebande ». S’agissant du développement économique et social des régions limitrophes, Brahim Merad a évoqué les commissions mises en place à cet effet, notant que « des commissions de lutte contre la contrebande pourraient être créées ». La rencontre a permis d’examiner les questions liées au développement des zones frontalières, à la lumière des travaux de la Commission bilatérale pour le développement et la promotion des zones frontalières et des recommandations de la réunion de la commission de suivi tenue en janvier dernier à Tabarka (Tunisie). « Il y va de l’avenir de nos deux pays et de nos concitoyens, que nous devons protéger et à qui nous devons permettre de gagner leur vie le plus normalement du monde en toute sécurité », a soutenu M. Merad, ajoutant que, « comme ne cessent de l’affirmer les dirigeants des deux pays, la sécurité de l’Algérie est liée à celle de la Tunisie et vice versa ». Cette approche reflète la vision stratégique partagée par les deux nations quant à l’importance d’une action coordonnée face aux défis sécuritaires régionaux.
Échange d’expertise
La visite de travail du ministre tunisien, qui a débuté mardi, comprend également un volet technique d’échange d’expertise. Accompagné par Brahim Merad, Khaled Nouri a visité la Direction des titres et documents sécurisés d’El-Hamiz (Alger) où la délégation tunisienne a reçu « des explications de la part des cadres de la direction générale de la modernisation, des documents et des archives sur l’organisation et le fonctionnement de la Direction, et sur les techniques utilisées en production et sécurisation des différents titres et documents ». Cette coopération technique s’inscrit dans le cadre plus large de l’évaluation de l’état de la coopération bilatérale entre les deux départements ministériels et du niveau de la coordination sécuritaire et opérationnelle entre les différents corps de sécurité. Les deux parties ont procédé à l’examen des mesures conjointes liées à la sécurisation des frontières et à la lutte contre le crime organisé, notamment la migration clandestine et la contrebande sous toutes ses formes. Avant les discussions ministérielles, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait reçu, mardi, le ministre tunisien de l’Intérieur. Lors de cette audience, Khaled Nouri a indiqué avoir discuté des « questions d’intérêt commun, y compris celles relatives aux wilayas frontalières et aux moyens de développer ces régions ». « La rencontre a également permis d’aborder la question de la contrebande et de la sécurisation des frontières et leurs répercussions sur l’économie des deux pays », a-t-il ajouté, soulignant que le président Tebboune l’a chargé de transmettre ses « salutations cordiales et fraternelles » au Président Kais Saïed. Cette visite s’inscrit dans une dynamique exceptionnelle de coopération bilatérale, portée par une forte volonté politique des présidents des deux pays. Les discussions ont mis en lumière l’importance de l’action commune et de l’approche unifiée face aux défis partagés, ainsi que la nécessité de poursuivre les efforts visant à améliorer le cadre de vie dans les zones frontalières, considérées comme l’un des axes majeurs de la coopération entre l’Algérie et la Tunisie.
Salim Amokrane