L’Algérie importe aujourd’hui 129.000 produits pharmaceutiques : Les enjeux de la localisation de la fabrication de médicaments
L’industrie pharmaceutique est à la croisée des chemins. Entre ambition nationale et impératifs économiques, le secteur dessine aujourd’hui les contours d’une stratégie de souveraineté médicamenteuse résolument tournée vers l’innovation et l’indépendance. Ainsi, lors de sa visite à Bouira, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri a dressé un tableau particulièrement encourageant, soulignant les « grands progrès » réalisés ces dernières années dans le domaine pharmaceutique. « L’Algérie importe actuellement 129.000 produits pharmaceutiques, et nous devons encourager et inciter les opérateurs à investir dans ce domaine pour les produire en Algérie », a-t-il martelé, confirmant la volonté politique de transformer en profondeur l’écosystème pharmaceutique national. Cette ambition se nourrit d’un constat clair : la nécessité de réduire la facture d’importation et de développer une capacité de production locale autonome. Les visites d’usines à Oued El Bardi, notamment Rosaspharm et Magpharm, illustrent cette dynamique, avec des entreprises qui produisent déjà près de 200 réactifs, symboles des possibilités offertes aux investisseurs. e ministre s’est dit « optimiste » quant à ce défi que « les industriels et les opérateurs peuvent relever facilement grâce au potentiel dont dispose l’Algérie en matière de compétences humaines, et de moyens ». « Nous avons commencé à produire de la matière première pour les médicaments, mais il y a aussi beaucoup d’intrants et de produits chimiques que les start-up et les micro-entreprises peuvent produire facilement en Algérie », a expliqué M. Kouidri. Notons par ailleurs que la directrice centrale de la pharmaco-économie, Imène Belabbas a souligné hier matin sur les ondes de la Radio algérienne qu' »en application des directives du président de la République, l’Algérie priorise l’industrie pharmaceutique afin d’assurer sa souveraineté en matière de fabrication médicamenteuse ». L’enjeu est de taille : localiser la fabrication de médicaments, jusque-là dépendante des fluctuations du marché mondial, principalement dominé par la Chine et l’Inde. La leçon de la pandémie de Covid-19 a été retenue : diversifier et sécuriser les chaînes de production devient un impératif stratégique. Les projets en cours sont multiples et prometteurs. Modernisation du secteur, intégration des technologies avancées, renforcement de la couverture à -2%, lancement de programmes de bioéquivalence et création d’un centre d’essais cliniques constituent autant de chantiers ouverts.
Saïdal lance un traitement innovant du diabète
Un exemple concret illustre cette dynamique : le lancement imminent par Saidal, en collaboration avec un partenaire étranger, d’une insuline innovante (Glargine) qui révolutionne les protocoles de traitement du diabète. Les résultats sont déjà tangibles : le taux de couverture nationale atteint 76%, avec une réduction significative des importations. Mieux encore, l’Algérie s’apprête à franchir un nouveau cap avec ses premières exportations, notamment d’insuline vers l’Arabie saoudite. Pour accompagner cette transformation, le ministère a développé une plateforme numérique innovante, en collaboration avec le Haut-commissariat à la numérisation, permettant de détecter les manques et d’orienter la production locale. Des produits génériques comme les collyres sont désormais fabriqués sur le territoire national, confirmant la pertinence de cette stratégie. L’appel est lancé aux investisseurs : l’industrie pharmaceutique offre aujourd’hui des opportunités uniques, entre souveraineté technologique et potentiel économique. Un défi national qui devient une opportunité entrepreneuriale.
Samir Benisid