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Reconstruire un partenariat d’égal à égal

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française, Jean-Noël Barrot, a effectué hier une visite officielle à Alger. Cette visite intervient moins d’une semaine après l’entretien téléphonique entre le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune du 31 mars, et marque une volonté commune de tourner la page des tensions récentes qui ont caractérisé les relations bilatérales.

Le chef de la diplomatie française a été reçu en audience par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, après s’être entretenu durant près de deux heures avec son homologue Ahmed Attaf. À l’issue de ces rencontres, le ministre français a fait plusieurs déclarations importantes qui témoignent d’une volonté partagée de relancer les relations bilatérales. « Je suis venu à Alger pour porter un message du président de la République : la France souhaite tourner la page des tensions actuelles pour reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé avec l’Algérie », a déclaré Jean-Noël Barrot à l’issue de son entretien avec le président Tebboune, selon l’APS. Le ministre français a souligné que son pays « souhaite retrouver les voies de la coopération avec l’Algérie, dans notre intérêt mutuel, toutes les voies de la coopération, dans un souci d’efficacité et de résultats pour nos compatriotes », exprimant la volonté de deux pays de construire un partenariat d’égal à égal.

Barrot a tenu à remercier le président Tebboune pour son invitation, précisant qu’il avait « tenu à répondre à cette invitation dans les plus brefs délais, moins d’une semaine après l’appel téléphonique entre le président Macron et le président Tebboune et leur déclaration commune ». Le ministre a reconnu que « les derniers mois ont été marqués par une période de tensions sans précédent, qui ne sert ni les intérêts des Algériens ni ceux des Français ». Jean-Noël Barrot a également mis en avant l’importance des liens humains qui unissent les deux pays : « Nous avons certainement des différences et nous ne pouvons pas les ignorer, mais les liens humains, historiques et culturels qui nous unissent – et je pense particulièrement aux nombreuses familles franco-algériennes qui partagent leur vie des deux côtés de la Méditerranée – doivent nous conduire à reprendre le dialogue et à reconstruire la coopération », selon les propos rapportés par la Télévision algérienne. Le ministre a insisté sur le fait que « nos relations institutionnelles doivent être à la hauteur de l’importance des relations humaines entre nos deux pays ». La visite de Jean-Noël Barrot s’inscrit dans une volonté de concrétiser rapidement les principes posés lors de l’entretien téléphonique du 31 mars entre les deux présidents et de « retrouver la dynamique et l’ambition fixées par les deux chefs d’État dans la déclaration d’Alger de 2022 », comme l’a rappelé le ministre français. « Nous avons décidé de le faire avec sérieux, discrétion et efficacité, en réactivant dès aujourd’hui l’ensemble des mécanismes de coopération dans tous les secteurs. Nous revenons à la normale et pour reprendre les mots du président Tebboune, ‘le rideau se lève' », a-t-il souligné.

Une coopération multisectorielle relancée

Le ministre français a annoncé une reprise immédiate de la coopération dans plusieurs domaines stratégiques. En matière de sécurité, Barrot a précisé : « Le rideau se lève d’abord concernant notre coopération dans le domaine de la sécurité, avec également un dialogue stratégique sur le Sahel ». Cette coopération sécuritaire se matérialisera notamment par une prochaine réunion des hauts responsables des renseignements des deux pays. Sur le plan judiciaire, Jean-Noël Barrot a confirmé la visite prochaine du ministre français de la Justice Gérald Darmanin en Algérie, qui « accompagnera la reprise du dialogue judiciaire entre nos deux pays ». Le ministre a également abordé la question des affaires sensibles : « Nous avons de nombreux problèmes de coopération, notamment concernant l’exécution des commissions rogatoires sur les dossiers sensibles liés aux biens mal acquis ». À ce sujet, il a précisé qu’une invitation sera adressée par les services du Parquet financier national français à leurs homologues algériens des juridictions compétentes pour « se rendre à Paris afin d’examiner tous les dossiers ». En ce qui concerne la mobilité, Barrot a indiqué que « les présidents ont convenu de reprendre sans délai la coopération en matière de migration, ce que m’a confirmé le président Tebboune ». Le ministre a précisé que les questions relatives aux réadmissions et aux visas « seront traitées dans le cadre des accords existants, via des procédures normales et régulières de coopération consulaire ». Il a ajouté que « le président Tebboune a indiqué qu’il était favorable à l’organisation d’une future rencontre entre les consuls algériens en France et les préfets français, et nous allons maintenant organiser cela avec le ministère algérien des Affaires étrangères ». Sur le plan économique, Jean-Noël Barrot a indiqué que le président Tebboune souhaitait « donner une nouvelle impulsion » aux échanges entre les deux pays. Une réunion entre l’organisation patronale algérienne CREA et le Medef français est d’ailleurs prévue à Paris le 9 mai prochain, signe concret de cette volonté partagée de renforcer les liens économiques.

La question mémorielle au cœur des discussions

La question mémorielle, sujet sensible dans les relations algéro-française, a également été évoquée lors de ces entretiens. La commission mixte d’historiens a déjà repris ses travaux, comme l’a confirmé Jean-Noël Barrot, et l’historien Benjamin Stora est invité par le président Tebboune à se rendre à Alger pour poursuivre le travail sur la restitution de biens historiques. Cette question mémorielle avait fait l’objet de déclarations importantes la veille de la visite de Jean-Noël Barrot. En effet, Lahcen Zeghidi, coprésident du comité mémoire algéro-français, avait appelé la partie française à « mettre en œuvre les accords conclus lors de la dernière réunion du comité ». Zeghidi avait notamment révélé que « la partie algérienne a exhorté la partie française, lors d’un déjeuner offert par Anne-Claire Legendre, conseillère du président Emmanuel Macron pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, à surmonter les obstacles législatifs qui considèrent tous les biens transférés des colonies comme propriété française ».

Le coprésident du comité avait également annoncé que « la délégation algérienne se rendra à Paris pour mettre en œuvre les accords conclus lors du cinquième round », précisant que « nous irons à Paris pour récupérer les archives, pas pour mener un dialogue ou une discussion, en plus de réaliser une enquête dans les régions du sud de la France où les archives n’ont pas été examinées ». Zeghidi avait par ailleurs évoqué sa surprise face à « l’ampleur des archives contenant des biens algériens dans 19 institutions et structures françaises (Bibliothèque nationale, musées, etc.) qui ont été examinées lors de la dernière mission de 10 jours du comité en France ». Concernant la reconnaissance par la France des crimes commis durant la période coloniale et la question des indemnisations, Lahcen Zeghidi avait affirmé : « Nous avons œuvré pour obtenir la reconnaissance scientifique des crimes, et c’est ce que nous avons obtenu. Après la reconnaissance scientifique, le politique ne peut que la reconnaître. La partie française a l’obligation de reconnaître ces crimes ». Le sixième round de la réunion du comité mémoire algéro-français, qui se tiendra prochainement, pourrait ainsi constituer une étape décisive dans la résolution de ce contentieux mémoriel.

La visite de Jean-Noël Barrot à Alger marque donc une volonté réciproque de renouer le dialogue et de renforcer la coopération entre la France et l’Algérie. Comme l’a souligné le ministre français, il s’agit de « reconstruire un partenariat d’égal à égal, serein et apaisé », dans l’intérêt des deux pays et de leurs populations.

Hocine Fadheli

Le président de la République reçoit le président du Groupe de la BID

Le président de la République reçoit le président du Groupe de la BID

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, dimanche à Alger, le président du Groupe de la Banque islamique de développement (BID), Muhammed Ben Sulaiman Al-Jasser. L’audience s’est déroulée en présence du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, M. Boualem Boualem et du ministre des Finances, M. Abdelkrim Bouzred.

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