Culture

Préservation du patrimoine et de la mémoire nationale: La numérisation des manuscrits, un enjeu majeur

Dans un monde où le patrimoine culturel se trouve menacé par divers facteurs, la numérisation des manuscrits apparaît comme une solution incontournable pour préserver l’héritage intellectuel et historique d’une nation. C’est le message qui a émergé lors d’une conférence scientifique organisée ce lundi à Alger par la Bibliothèque nationale d’Algérie (BNA), dans le cadre de la Journée du manuscrit arabe, célébrée annuellement le 4 avril.

Des spécialistes et chercheurs universitaires dans le domaine de la numérisation et de la restauration des manuscrits ont mis en lumière l’importance cruciale de ce processus pour l’Algérie et son patrimoine. Cette rencontre, qui a attiré de nombreux étudiants, s’est penchée sur les enjeux contemporains liés à la conservation numérique d’un héritage culturel précieux. La numérisation des manuscrits représente bien plus qu’une simple évolution technologique dans les méthodes d’archivage. Elle s’inscrit, selon les intervenants, dans une véritable « stratégie de l’État pour la préservation du patrimoine culturel national », permettant de « garder des copies numériques de ces trésors, pour préserver la mémoire nationale et la transmettre aux générations ». Mounir Behadi, directeur général de la BNA, a particulièrement insisté sur cette dimension en affirmant que « la numérisation des manuscrits est un moyen moderne pour préserver et protéger ces objets précieux, car ils ne sont pas de simples documents historiques, mais le réceptacle de la mémoire nationale dans sa dimension civilisationnelle, scientifique et sociale ».  La Bibliothèque nationale d’Algérie se positionne à l’avant-garde de cette démarche conservatoire. M. Behadi a évoqué le lancement récent d’un portail numérique dédié aux manuscrits et ouvrages rares de l’institution, s’inscrivant dans un projet plus vaste de numérisation globale de la Bibliothèque nationale. Cette initiative témoigne d’une volonté politique de modernisation des infrastructures culturelles du pays, tout en assurant la pérennité de son patrimoine écrit. Le projet répond également à un impératif d’accessibilité, permettant à un public plus large, notamment aux chercheurs, d’accéder à ces ressources historiques sans risquer d’endommager les originaux. L’intervention d’Abdelkader Bouih, président de l’Association des manuscrits et de la recherche historique, a mis en évidence un exemple concret de cette démarche avec le cas des manuscrits d’In Salah. Les efforts de la BNA ont permis la « numérisation et la préservation de près de 8.000 photos de manuscrits » de cette région. M. Bouih a notamment souligné les risques auxquels sont exposées les armoires à manuscrits à travers le pays, notamment les incendies, renforçant ainsi l’urgence de telles initiatives. Au-delà de la simple conservation, cette campagne de numérisation a permis de « rassembler cette matière historique et scientifique qui représente une partie de la mémoire nationale », tout en facilitant la « découverte de manuscrits rares et précieux dans le domaine de la médecine et autres spécialités ».

Le chercheur Mohamed Moulay a, quant à lui, abordé les aspects techniques de la numérisation, qu’il considère comme un « outil permettant de faire connaître les manuscrits algériens et de les rendre accessibles à tous ». Il a insisté sur l’importance d’une méthodologie rigoureuse, appelant à « procéder à un diagnostic précis de l’état du manuscrit original avant sa numérisation », et à utiliser « un matériel de haute précision pour le stockage ». Ces considérations techniques soulignent que la numérisation n’est pas simplement une question de conversion d’un format à un autre, mais un processus complexe qui exige expertise et équipement adéquat pour garantir la préservation fidèle du contenu original.

La conférence a également abordé d’autres thématiques connexes, dont « le rôle de la numérisation dans la sauvegarde des manuscrits du Coran », ainsi qu’une présentation détaillée du « portail des manuscrits de la Bibliothèque nationale et ses principaux contenus ». Ces discussions complémentaires ont permis d’approfondir la réflexion sur les différentes dimensions de ce projet national, à la fois patrimonial, technologique et éducatif, qui participe activement à la promotion de « la place de l’Algérie et de sa contribution à l’enrichissement de la civilisation et de la pensée humaines ».

Mohand Seghir

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