L’Algérie dispose de potentialités importantes: La filière lithium peut créer 50000 emplois
L’Algérie s’apprête à franchir une étape décisive dans sa diversification économique avec le développement d’une filière lithium nationale. Lors d’une audience accordée mardi par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, le Professeur Karim Zaghib, chercheur et scientifique algérien de renommée internationale a présenté des perspectives prometteuses pour cette nouvelle industrie stratégique qui pourrait générer « plus de 50.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects » dans le pays. Cette initiative s’inscrit dans un contexte mondial de forte demande en batteries lithium, composants essentiels des véhicules électriques et des systèmes de stockage d’énergie renouvelable. Le développement de cette filière représente une opportunité majeure pour l’économie algérienne, traditionnellement dépendante des hydrocarbures. Selon le spécialiste, l’Algérie dispose des ressources minières nécessaires pour créer un écosystème industriel complet autour du lithium. « Une exploitation optimale des mines de lithium, de fer et de phosphate » constituerait la base de cette nouvelle industrie, a-t-il expliqué au sortir de sa rencontre avec le chef de l’État. Ce « triptyque de minerais » représente un atout considérable pour le pays qui rejoint ainsi le cercle restreint des nations disposant de ces ressources stratégiques, aux côtés du Chili, de la Bolivie, de l’Argentine, de l’Australie et du Canada. Le projet s’organise déjà concrètement puisque, selon Karim Zaghib, « un travail est en cours, en coordination avec le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables et le groupe Sonarem, pour la production, dans un premier temps, de l’acide phosphorique, avant la production de batteries lithium ». Cette approche par étapes vise à maîtriser progressivement l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la fabrication de batteries finies. Le chercheur, surnommé le « Maître de la batterie » dans les milieux scientifiques internationaux, a mis en avant la sécurité des batteries lithium qui sont utilisées « dans les véhicules électriques, pour le stockage d’énergie et dans plusieurs industries à travers le monde ». Ce point est crucial pour assurer la viabilité commerciale et l’acceptation des produits futurs sur les marchés internationaux. Le président Tebboune a exprimé son soutien aux efforts de développement de cette filière, reconnaissant l’importance stratégique du lithium dans la transition énergétique mondiale. L’initiative s’inscrit parfaitement dans la vision algérienne de « l’énergie circulaire » qui vise à valoriser les ressources naturelles du pays tout en réduisant sa dépendance aux importations technologiques. « L’Algérie réfléchit sur son industrialisation au lieu de dépendre des pays asiatiques ou européens. Surtout qu’elle possède l’écosystème approprié et en a les atouts : les minerais et les métaux rares », a souligné auparavant Karim Zaghib lors d’une intervention à la Radio algérienne. Cette stratégie industrielle ambitieuse s’accompagne d’un volet formation, avec le projet de création d’une « École de batterie » pour assurer la maîtrise technologique par les compétences locales. Ce centre d’excellence permettrait de former les spécialistes nécessaires à cette industrie de pointe tout en stimulant l’innovation dans le domaine. Pour Karim Zaghib, cette filière représente également un levier important pour la transition énergétique du pays : « Il faut aider l’Algérie à réfléchir sur ce levier de la transition énergétique permettant de préserver la rente pétrolière et gazière aux générations futures ». En misant sur ses ressources minières stratégiques et ses compétences nationales pour développer une industrie à forte valeur ajoutée, l’Algérie fait le pari d’une économie plus diversifiée et résiliente. Le développement de la filière lithium s’inscrit dans une vision à long terme qui intègre transformation locale des matières premières, recherche et développement, innovation industrielle et commercialisation internationale. Si ce projet ambitieux se concrétise selon les projections avancées par le Professeur Zaghib, l’Algérie pourrait devenir un acteur significatif du marché mondial des batteries lithium, un secteur en pleine expansion avec le déploiement accéléré des véhicules électriques et des énergies renouvelables dans de nombreux pays.
Amar Malki