Sahara occidental : Les associations et partis politiques espagnols dénoncent le soutien de Madrid au plan expansionniste marocain
Une vague de protestations s’est élevée en Espagne suite à la réaffirmation par le ministre espagnol des Affaires étrangères du soutien de Madrid au plan expansionniste du Maroc concernant le Sahara occidental. Cette position, qualifiée d' »illégale » et « contraire au droit international » par de nombreuses voix espagnoles, a provoqué l’indignation tant au sein de la société civile que dans la classe politique du pays. Dans un communiqué conjoint, les associations « Alouda Cantabrie », l’Observatoire des droits de l’homme pour le Sahara occidental de la région autonome de Cantabrie et « Cantabrie pour le Sahara occidental » ont fermement rejeté cette prise de position, la jugeant « illégale et éthiquement répréhensible » car elle « viole le droit international et transgresse les résolutions onusiennes qui reconnaissent le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ». Ces organisations rappellent que le soutien au « sinistre plan d’autonomie » marocain ne respecte pas le droit fondamental à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui, pourtant reconnu par les instances internationales comme l’objectif légitime de tout processus concernant les territoires anciennement colonisés. Les associations s’interrogent ouvertement sur les intérêts qui poussent le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), actuellement au pouvoir, à « se plier aux propositions alaouites », alors que cette position s’éloigne des principes moraux et va à l’encontre de la volonté de la majorité des citoyens espagnols. Elles lancent un appel pressant aux militants du PSOE, qualifiés majoritairement d' »amis du peuple sahraoui », les exhortant à dénoncer la position de leur propre gouvernement et à « faire entendre leur voix jusqu’aux plus hauts niveaux du parti ». En outre, ces associations interpellent les autres formations politiques qui composent ou soutiennent l’actuelle alliance gouvernementale, les invitant à sortir de leur silence et à faire pression sur le PSOE pour qu’il corrige sa position, avec cet avertissement sans équivoque : « S’ils ne le font pas, ils deviendront complices. »
La classe politique espagnole n’est pas en reste dans cette vague de protestations. Depuis les déclarations controversées du ministre des Affaires étrangères, de nombreuses formations politiques ont exprimé leur désaccord, à commencer par Sumar, membre de la coalition au pouvoir. Lara Hernandez, coordinatrice générale de cette formation de gauche radicale, a déclaré à la presse espagnole : « Nous croyons fermement au droit du peuple sahraoui à décider de son destin » et a rappelé que sa formation est un « fervent défenseur » de la Charte des Nations Unies qui garantit aux peuples vivant sous occupation leur droit à l’autodétermination. Pour Sumar, « le droit international et les droits humains sont une ligne rouge », et c’est le PSOE qui, avec ce revirement, « ne respecte pas les engagements pris par le gouvernement progressiste lors de son investiture », car « la seule position valable sur cette question est le droit à l’autodétermination ».
Dans la même veine, Tesh Sidi, députée de Mas Madrid (gauche), a estimé que la soumission du PSOE au Maroc « ne relève pas seulement de l’hypocrisie ou du realpolitik », mais constitue plutôt un signe de « manque de courage » face à la nécessité de « défendre les droits de l’homme de manière cohérente et globale ». Podemos, autre formation de gauche radicale, a également critiqué la position du gouvernement par la voix de son porte-parole Pablo Fernandez, qui a affirmé lors d’une conférence de presse que « le peuple espagnol a une dette envers le peuple sahraoui et l’Espagne doit œuvrer pour son autodétermination ».
Fait notable, même au sein du PSOE, des voix dissidentes se font entendre. Des militants du parti au pouvoir ont publié un communiqué exprimant leur « préoccupation » face au soutien de la diplomatie espagnole au pseudo « plan d’autonomie » présenté par le Maroc. Ils appellent leur propre parti à « maintenir son engagement envers le cadre des normes des Nations unies et le droit à l’autodétermination ». Ces militants rappellent que les résolutions successives des Nations unies établissent clairement que toute solution au conflit doit être mutuellement acceptée et garantir l’exercice du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination. Par conséquent, ils déplorent que « valider une proposition unilatérale, comme la proposition d’autonomie avancée par le Maroc, sans le consentement du peuple sahraoui, signifie ignorer le mandat pour une solution mutuellement acceptable et s’écarter du droit international ».
Les associations espagnoles, tout en rappelant que le peuple sahraoui résiste depuis un demi-siècle après son expulsion de ses terres occupées illégalement par le Maroc, ont affirmé qu’elles ne resteront pas indifférentes face à un gouvernement qui « soutient une occupation militaire illégale ». Elles ont également réaffirmé leur soutien au Front Polisario en tant que représentant légitime du peuple sahraoui, tel que le reconnaissent les Nations unies et les juridictions européennes, et ont mis en garde contre le pillage par le Maroc des ressources naturelles sahraouies.
L.S.