Quels sont les salaires des Algériens ?
D’après la dernière enquête de l’Office National des Statistiques (ONS), le salaire net moyen mensuel en Algérie s’élève à 43 500 dinars algériens (DA) en 2022, soit une hausse de 1,4% par rapport à 2021.
L’enquête, menée auprès de 684 entreprises publiques et privées, montre que le salaire moyen dans le secteur public (61 300 DA) est nettement supérieur à celui du secteur privé (35 200 DA), avec un écart considérable de 26 100 DA. Cette différence s’explique principalement par la présence de grandes entreprises publiques appliquant des systèmes de rémunération avantageux, notamment dans les hydrocarbures, les transports et les activités financières.
Par secteur d’activité, les industries extractives (production et services d’hydrocarbures, mines et carrières) et les activités financières (banques et assurances) se distinguent comme les plus rémunératrices avec des salaires nets moyens respectifs de 114 100 DA et 64 300 DA. Ces niveaux représentent 2,6 et 1,5 fois le salaire net moyen global. Cette situation s’explique par une forte proportion de personnel hautement qualifié et des systèmes de rémunération spécifiques dans ces secteurs. À l’opposé, la construction et l’immobilier affichent les salaires les plus bas, avec respectivement 32 900 DA et 36 400 DA, soit 76% et 84% du salaire net moyen national. Cette faiblesse s’explique principalement par la prédominance du personnel d’exécution dans ces secteurs.
L’écart salarial entre les catégories socioprofessionnelles est particulièrement marqué. Un cadre gagne en moyenne 83 800 DA par mois, soit près du double (1,93) du salaire net moyen global. Le personnel de maîtrise perçoit environ 51 200 DA, tandis que les agents d’exécution ne touchent que 31 200 DA, représentant seulement 72% du salaire moyen national.
Dans le secteur public, ces disparités sont moins prononcées. Un cadre y perçoit un salaire net moyen de 92 300 DA, soit 2,2 fois celui d’un agent d’exécution. Les agents de maîtrise et le personnel d’exécution touchent respectivement 67 600 DA et 42 300 DA.
Les écarts sont plus marqués dans le secteur privé. Un cadre y gagne en moyenne 75 500 DA, soit plus de deux fois le salaire moyen du secteur, alors qu’un agent de maîtrise perçoit 39 400 DA et un agent d’exécution seulement 27 800 DA, soit 79% du salaire moyen.
Les disparités salariales varient considérablement selon les secteurs. Dans la santé, l’immobilier et la construction, le salaire net des cadres est environ deux fois supérieur au salaire moyen de ces secteurs. À l’inverse, le personnel d’exécution dans ces mêmes secteurs ne perçoit respectivement que 53%, 85% et 84% du salaire moyen de leur branche.
Cas particulier, le secteur des hydrocarbures se démarque avec des rémunérations élevées à tous les niveaux. Même le personnel d’exécution y gagne 2,5 fois plus que la moyenne nationale pour cette catégorie, et 1,8 fois plus que le salaire net moyen global tous secteurs confondus. En termes de structure, le salaire de base représente en moyenne 56% de la rémunération brute totale, les primes et indemnités constituant les 44% restants. Cette répartition varie selon les secteurs : dans le public, le salaire de base ne représente que 50% de la rémunération totale, contre 59% dans le privé.
L’évolution des salaires entre 2021 et 2022 montre une progression modérée de 2% dans le secteur public et de seulement 1% dans le privé. Certaines catégories ont bénéficié d’augmentations plus importantes, comme les agents d’exécution du secteur de l’électricité et du gaz (+4,5%) ou les cadres des hôtels et restaurants (+4,6%).
Cette enquête de l’ONS démontre que la politique salariale dans le secteur public reste globalement plus avantageuse. Cependant, certains secteurs privés comme la finance et la santé offrent également des rémunérations compétitives, notamment pour les cadres.
Samir Benisid