Des mesures transitoires pour l’importation de produits essentiels après la dissolution de l’Algex : L’Exécutif fait sauter les verrous
Les autorités ont pris des mesures transitoires pour assurer l’attribution des licences d’importation et garantir l’approvisionnement du marché après la dissolution de l’Algex et en attendant la création d’une instance de régulation dédiée le mois prochain.
Dans une démarche visant à fluidifier les procédures d’importation et à garantir un approvisionnement régulier du marché national, plusieurs opérateurs économiques ont reçu dimanche leurs documents de domiciliation bancaire. Cette initiative concrétisée lors d’une cérémonie, présidée par le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, en présence du président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), Kamel Moula, s’inscrit dans le cadre d’une refonte profonde du système de régulation du commerce extérieur, conformément aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. La remise de ces documents concerne dans un premier temps les importateurs opérant dans des secteurs essentiels tels que les articles et cartables scolaires, le café, la levure de boulanger et le lait pour enfants. Selon le communiqué du ministère du Commerce extérieur, cette opération constitue une mesure transitoire qui sera étendue « la semaine prochaine, au profit d’autres opérateurs économiques pour certains produits essentiels », en attendant la création imminente de deux instances spécialisées chargées respectivement de l’importation et de l’exportation.
Cette restructuration institutionnelle majeure fait suite à la dissolution de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (ALGEX), décidée par le Président Tebboune qui avait fermement critiqué son efficacité. Lors de la deuxième édition de la Rencontre nationale avec les opérateurs économiques tenue le 13 avril 2025, le chef de l’État avait annoncé la création de deux nouvelles instances avant la fin du mois de mai : l’une dédiée à la régulation des importations, dotée d’un système de veille pour un contrôle optimal, et l’autre chargée d’encadrer les exportations et d’accompagner les exportateurs.
Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a d’ailleurs présidé mercredi une réunion gouvernementale entièrement consacrée à l’examen des modalités de mise en œuvre de ces instructions présidentielles. Cette réforme intervient dans un contexte économique particulier où l’Algérie cherche activement à diversifier ses sources de revenus et à réduire sa dépendance aux hydrocarbures, en stimulant notamment les exportations hors hydrocarbures. Le président Tebboune a fixé un objectif ambitieux de 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures pour l’année en cours, qualifiant de « miracle » la réalisation, il y a deux ans, d’un montant de 7 milliards de dollars, sous le régime de l’Algex. Il a néanmoins souligné « l’impératif de provoquer un sursaut » pour atteindre ce nouveau palier, une tâche qu’il jugeait impossible avec « les dinosaures de l’Algex ».
En levant ces blocages bureaucratiques, le gouvernement vise à instaurer davantage de transparence dans la gestion des opérations d’importation et d’exportation, tout en assurant une régulation efficace du marché national. L’objectif est double : garantir un approvisionnement suffisant et régulier du marché intérieur en produits essentiels, évitant ainsi les tensions et les pénuries, tout en développant significativement les exportations hors hydrocarbures, pilier de la nouvelle vision économique du pays.
Cette stratégie s’articule autour d’un meilleur encadrement des flux commerciaux, permettant de répondre aux besoins nationaux tout en évitant les importations superflues qui grèvent les réserves de change. Par ailleurs, la facilitation des procédures pour les exportateurs vise à encourager les entreprises algériennes à conquérir de nouveaux marchés internationaux, contribuant ainsi à l’équilibre de la balance commerciale du pays.
La mise en place de ces nouvelles instances spécialisées devrait également permettre d’améliorer l’accompagnement des opérateurs économiques, tant pour les importateurs que pour les exportateurs, et de simplifier les démarches administratives souvent décriées pour leur complexité et leur lenteur.
En attendant la création effective de ces deux organismes, la délivrance des documents de domiciliation bancaire aux importateurs constitue une mesure intermédiaire qui témoigne de la volonté du gouvernement d’agir rapidement pour éviter toute perturbation dans l’approvisionnement du marché national. Cette transition contrôlée vers un nouveau système de régulation du commerce extérieur illustre la détermination des autorités à mettre en œuvre les réformes structurelles nécessaires pour accompagner la diversification économique du pays, conformément à la nouvelle vision économique portée par le Président Tebboune.
Sabrina Aziouez