La CIJ saisie du blocus humanitaire sioniste à Ghaza: La faim comme arme de guerre
La Cour internationale de justice (CIJ) a ouvert lundi à La Haye une semaine d’audiences cruciales consacrées aux obligations humanitaires de l’entité sioniste en Palestine occupée, alors que le bilan de l’agression génocidaire contre Ghaza continue de s’alourdir de jour en jour.
Ces audiences, qui se dérouleront sur une semaine complète, examineront les responsabilités de la puissance occupante vis-à-vis des activités des Nations Unies, des agences onusiennes et d’autres organisations internationales intervenant dans les territoires palestiniens occupés. Le représentant de l’État de Palestine, Ammar Hijazi, a d’emblée posé les termes du débat en affirmant devant les juges de la plus haute juridiction internationale que l’entité sioniste « utilise le blocage de l’aide humanitaire comme arme de guerre » à Ghaza. « La faim est ici. L’aide humanitaire est en train d’être utilisée comme une arme de guerre », a-t-il déclaré solennellement, pointant la stratégie délibérée d’affamer la population palestinienne. Outre la Palestine, des représentants de 38 pays prendront la parole durant ces audiences, ainsi que plusieurs organisations continentales de premier plan, notamment la Ligue des États arabes, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et l’Union africaine (UA). Cette mobilisation internationale témoigne de la gravité des violations du droit humanitaire perpétrées par l’occupation, dans un contexte où l’entité sioniste accentue son blocus meurtrier à Ghaza et poursuit ses agressions en Cisjordanie occupée. Ces audiences font suite à une résolution adoptée le 19 décembre 2023 par l’Assemblée générale des Nations Unies, présentée par la Norvège et adoptée à une large majorité, demandant à la CIJ d’émettre un avis consultatif sur cette question cruciale. Le calendrier de ces audiences coïncide avec l’aggravation catastrophique de la situation humanitaire dans l’enclave palestinienne, où plusieurs agences de l’ONU ont récemment annoncé l’épuisement total de leurs réserves.
Rafah transformée en camp de concentration
Pendant que les juristes débattent à La Haye, la réalité sur le terrain prend une tournure de plus en plus sinistre. Des témoignages glaçants en provenance de Ghaza révèlent que l’armée d’occupation israélienne est en train de raser systématiquement Rafah, dans le sud de l’enclave. Les habitants craignent que l’occupant ne soit en train d’y construire un véritable camp de concentration pour y parquer la population palestinienne. « Les explosions n’arrêtent jamais, jour et nuit. Quand le sol tremble, nous savons qu’ils sont en train de détruire plus de maisons à Rafah. Rafah a disparu », a témoigné Tamer, un ancien habitant de la ville désormais déplacé à Deir el-Balah, dans un message envoyé à l’agence Reuters. Il a ajouté recevoir des appels d’amis situés de l’autre côté de la frontière, en Égypte, dont les enfants n’arrivent plus à dormir à cause des déflagrations incessantes. La perspective d’un enfermement massif de la population palestinienne hante les esprits. « Nous avons très peur qu’ils nous forcent à nous rassembler à Rafah, qui deviendra comme la cage d’un camp de concentration, complètement isolée du monde », a écrit Abou Mohammed, un autre habitant déplacé de Ghaza, aux journalistes de Reuters. Cette crainte n’est pas infondée, alors que toutes les routes d’évacuation sont systématiquement coupées et que la population se retrouve prise au piège sous les bombardements. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a d’ailleurs qualifié la situation à Ghaza non plus de simple « crise humanitaire » mais d' »atteinte à la dignité des personnes ». « Ce qu’endurent les Ghazaouis dépasse de loin une crise humanitaire, ils sont désormais atteints dans leur dignité », a dénoncé l’OCHA dans un communiqué repris par l’agence de presse palestinienne Wafa, confirmant que « l’aide humanitaire destinée à Ghaza est utilisée comme une arme de guerre en étant bloquée par l’entité sioniste ». Cette analyse rejoint celle du directeur général du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Pierre Krahenbühl, qui a averti lundi lors d’une conférence sur la sécurité à Doha que la reprise de l’agression sioniste contre la bande de Ghaza a déclenché « un nouvel enfer » dans le territoire palestinien. « Ghaza subit et endure des morts, des blessés, des déplacements multiples, des amputations, des séparations, des disparitions, des famines et un déni d’aide et de dignité à grande échelle, et juste au moment où le cessez-le-feu laissait croire aux gens qu’ils avaient survécu au pire, un nouvel enfer s’est déclenché », a-t-il déclaré avec gravité. Le responsable humanitaire a souligné l’ampleur sans précédent des pertes parmi les travailleurs humanitaires, avec « plus de 400 travailleurs humanitaires et 1.000 travailleurs de la santé tués à Ghaza, parmi lesquels 36 de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ». « Cette horreur et cette déshumanisation nous hanteront pendant des décennies », a-t-il conclu.
Sur le terrain, l’horreur quotidienne atteint des proportions apocalyptiques. Les bombardements de ce lundi ont fait au moins 26 nouveaux martyrs palestiniens, dont une majorité d’enfants, selon l’agence de presse palestinienne Wafa. Au moins huit Palestiniens sont tombés en martyrs dans un bombardement sur une maison à Khan Younes, dix autres dans le bombardement d’une habitation à l’ouest du camp de Jabalia au nord de Ghaza, et six autres dans une frappe sur une maison à l’ouest de Beit Lahia. La veille, dimanche, la Protection civile de Ghaza avait recensé au moins 43 martyrs palestiniens dans diverses attaques sionistes à travers l’enclave, y compris huit personnes, dont trois enfants et une femme, dans une frappe aérienne sur une tente abritant des personnes déplacées près de Hamad City.
Des enfants ciblés par les drones sionistes
Particulièrement révoltante, une attaque de drone a ciblé spécifiquement un groupe d’enfants dans la ville d’al-Zawayda, faisant quatre jeunes martyrs. Le bilan global de cette guerre génocidaire ne cesse de s’alourdir. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, 52.314 Palestiniens sont tombés en martyrs et 117.792 ont été blessés depuis le 7 octobre 2023. Au cours des dernières 24 heures uniquement, les corps de 71 martyrs et 153 blessés sont arrivés dans les hôpitaux de Ghaza, tandis que de nombreux corps restent piégés sous les décombres. Les autorités sanitaires précisent également que 2.222 Palestiniens sont tombés en martyrs et 5.751 autres ont été blessés depuis le 18 mars, date de la reprise de l’agression sioniste après une brève période de cessez-le-feu qui avait donné un fragile espoir à la population. Plus alarmant encore, plus de 65% des martyrs palestiniens sont des enfants, des femmes et des personnes âgées. L’occupation a commis des crimes ayant causé la mort de plus de 18.000 enfants et plus de 12.400 femmes, tandis que plus de 2.180 familles ont été complètement anéanties. cette agression génocidaire a également ciblé systématiquement ceux qui pourraient témoigner ou porter secours : plus de 1.400 médecins et agents de santé ont été tués, 113 membres de la défense civile, et environ 212 journalistes abattus « de sang-froid dans des tentatives répétées de faire taire la voix de la vérité ». L’avenir même de Ghaza est délibérément anéanti, avec plus de 13.000 étudiants tués, plus de 800 enseignants et personnels éducatifs, et plus de 150 scientifiques, universitaires, professeurs d’université et chercheurs assassinés. Les négociations menées sous les auspices du Qatar et de l’Égypte ont jusqu’à présent échoué à aboutir à un nouvel accord de cessez-le-feu, laissant la population palestinienne abandonnée à son sort face à cette entreprise méthodique d’extermination qui, chaque jour davantage, confirme la qualification de génocide désormais largement utilisée par la communauté internationale.
Lyes Saïdi
Yémen
Au moins 68 morts après une frappe américaine sur un centre de migrants
Une frappe américaine sur un centre de détention de migrants, à Saadah, dans le nord ouest du Yémen, a fait au moins 68 morts et 47 blessés, rapporte lundi la chaîne de télévision yéménite, Al Masirah. La province de Saadah est un bastion houthi qui a déjà été visé par des frappes américaines. Selon le ministère de l’Intérieur du Yémen, le centre de détention accueillait 115 migrants africains. Le président américain, Donald Trump, a intensifié les opérations militaires visant les forces Houthis soutenues par l’Iran, avec notamment une frappe particulièrement meurtrière au début du mois sur un terminal de carburant en mer Rouge, qui a fait 74 morts.