Économie

Banque mondiale : Vers une baisse de 12% des prix des matières premières en 2025

La faiblesse de la croissance économique mondiale combinée à une offre pétrolière abondante devrait faire chuter les prix mondiaux des matières premières à leur plus bas niveau de la décennie, selon le dernier rapport « Commodity Markets Outlook » de la Banque mondiale. Cette tendance baissière pourrait modérer les risques inflationnistes à court terme résultant de l’augmentation des barrières commerciales, mais elle risque également de compromettre les perspectives de développement économique pour deux tiers des économies émergentes, ajoute la même. Les prix mondiaux des matières premières devraient diminuer de 12% en 2025, suivis d’une baisse supplémentaire de 5% en 2026, atteignant ainsi des niveaux inédits depuis 2020. En termes nominaux, les prix resteraient supérieurs à ceux d’avant la pandémie. Toutefois, après ajustement pour tenir compte de l’inflation, ils devraient passer sous la moyenne qui prévalait entre 2015 et 2019, marquant ainsi la fin d’un cycle haussier alimenté par le rebond post-COVID-19 et le conflit en Ukraine. La détérioration des perspectives de croissance représente le dernier choc en date pour l’économie mondiale, dans une décennie qui s’avère extraordinairement tumultueuse pour les marchés des matières premières. La volatilité des prix a atteint un niveau supérieur à celui de toute autre décennie depuis au moins les années 1970. Il reste à déterminer si cela marque le début d’une ère plus instable pour ces marchés, mais la convergence des tensions commerciales, des conflits, des risques géopolitiques et des chocs climatiques fréquents rend ce scénario plus probable. « La hausse des prix des matières premières a été une aubaine pour de nombreuses économies en développement, dont deux tiers sont exportateurs de ces produits », a déclaré Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. « Mais nous observons désormais la plus forte volatilité des prix depuis plus de 50 ans. La combinaison d’une forte volatilité et de prix bas est préoccupante. Les économies en développement devront prendre trois mesures pour se protéger : premièrement, restaurer la discipline budgétaire ; deuxièmement, créer un environnement plus favorable aux entreprises pour attirer les capitaux privés ; troisièmement, libéraliser les échanges commerciaux partout où l’opportunité se présente. » Les prix mondiaux des matières premières sont en baisse depuis 2023, contribuant à modérer l’inflation globale dans le monde. Par exemple, la flambée des prix de l’énergie avait ajouté plus de 2 points de pourcentage à l’inflation mondiale en 2022. En 2023 et 2024, en revanche, la baisse des prix énergétiques a aidé à réduire l’inflation. Cette tendance devrait s’intensifier cette année, atténuant potentiellement certains effets inflationnistes liés à l’augmentation des tarifs douaniers dans les principales économies.

Un baril e Brent à 60 dollars en 2026 !

Les prix de l’énergie devraient diminuer de 17% cette année, atteignant leur niveau le plus bas depuis cinq ans, avant de chuter à nouveau de 6% en 2026. Le prix du Brent devrait s’établir en moyenne à 64 dollars le baril en 2025, soit une baisse de 17 dollars par rapport à 2024, puis tomber à 60 dollars en 2026. Les prix du charbon devraient baisser de 27% cette année et de 5% supplémentaires en 2026, alors que la croissance de la consommation de charbon pour la production d’électricité ralentit dans les économies en développement. Ces prévisions reflètent les attentes d’un affaiblissement de la croissance économique et d’un ralentissement à long terme de la demande mondiale de pétrole. En 2025, l’offre mondiale de pétrole devrait dépasser la demande de 0,7 million de barils par jour. L’adoption rapide des véhicules électriques a également freiné la demande de pétrole : en Chine, premier marché automobile mondial, plus de 40% des nouvelles voitures achetées l’année dernière étaient soit électriques soit hybrides, soit près de trois fois plus qu’en 2021. Les prix des denrées alimentaires devraient également baisser, de 7% en 2025 et de 1% supplémentaire en 2026. Néanmoins, les Nations Unies estiment que l’insécurité alimentaire aiguë dans certaines des régions les plus touchées s’intensifiera cette année, affectant 170 millions de personnes dans 22 économies hautement vulnérables. La baisse des prix des denrées alimentaires devrait apporter un certain soutien aux efforts humanitaires, particulièrement dans un contexte de réduction des financements. Mais elle ne s’attaquera pas aux causes profondes de la faim aiguë, qui sont largement enracinées dans les conflits. Le prix moyen de l’or, valeur refuge privilégiée par les investisseurs, devrait atteindre un nouveau record cette année avant de se stabiliser en 2026. L’or bénéficie d’un statut particulier parmi les actifs, son prix augmentant souvent en période d’incertitude géopolitique et politique. Au cours des deux prochaines années, les prix de l’or devraient rester environ 150% plus élevés que la moyenne des cinq années précédant la pandémie de COVID-19. En revanche, le prix des métaux industriels devrait chuter en 2025-2026, la demande s’affaiblissant en raison des tensions commerciales croissantes et de la persistance des difficultés dans le secteur immobilier chinois.

Samira Ghrib

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