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Le pétrole au plus bas depuis début 2021

Le marché pétrolier mondial traverse une période de turbulence significative, les prix du brut ayant chuté à leurs niveaux les plus bas depuis début 2021. Cette tendance baissière s’explique par une combinaison de facteurs: ralentissement de la demande mondiale et augmentation de la production par l’OPEP+.

Vers 14h00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord affichait une baisse de 1,43% à 60,41 dollars hier, tandis que son équivalent américain, le WTI, cédait 1,61% à 57,35 dollars. Ces deux références mondiales du brut évoluent désormais à proximité de leur plus bas niveau depuis plus de quatre ans, marquant une correction drastique depuis les sommets atteints fin 2024. Le contexte macroéconomique actuel pèse lourdement sur les perspectives du marché pétrolier. « Le brut est sous pression en raison de la dégradation des perspectives économiques mondiales, principalement alimentée par les différends commerciaux initiés par le président Trump, qui ont entraîné une révision à la baisse des attentes de demande », explique Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. La nouvelle administration américaine, revenue au pouvoir en janvier 2025, a effectivement relancé une politique commerciale protectionniste qui génère des incertitudes sur les marchés internationaux et affecte négativement les prévisions de croissance mondiale.

Goldman Sachs révise ses prévisions à la baisse

Face à cette situation, Goldman Sachs vient de réduire ses prévisions de prix du pétrole suite aux récentes décisions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés. La banque d’investissement américaine anticipe désormais un cours moyen du Brent à 60 dollars par baril pour le reste de l’année 2025 et à 56 dollars pour 2026, soit une révision à la baisse de 2 dollars par rapport à ses estimations précédentes. Concernant le WTI, Goldman Sachs a également réduit ses prévisions de 3 dollars, projetant un prix moyen de 56 dollars par baril pour le reste de 2025 et de 52 dollars en 2026. L’annonce faite samedi par l’OPEP+ d’augmenter sa production d’or noir en juin « a ajouté une pression supplémentaire sur les prix », poursuit Evangelista. Huit pays membres de l’OPEP+ sur 22 ont déclaré qu’ils produiraient 411 000 barils supplémentaires par jour le mois prochain et réduire ainsi leurs coupes volontaires, soit un volume identique à celui de mai, alors que le plan de réintroduction initial ne prévoyait que 137 000 barils supplémentaires. Cette décision intervient dans un contexte où les prix sont déjà orientés à la baisse et les perspectives de demande affaiblies, ce qui accentue les pressions déflationnistes sur le marché.

Goldman Sachs interprète cette décision de l’OPEP+ comme une stratégie d’équilibre à long terme visant à maintenir la cohésion interne de l’alliance tout en régulant stratégiquement l’offre de pétrole de schiste américain, et ce malgré des niveaux d’inventaires relativement bas. La banque prévoit désormais une ultime augmentation de la production de l’OPEP+ en juillet de 0,41 million de barils par jour, contre une estimation précédente de 0,14 million. Cette révision à la hausse se fonde sur la décision récente du groupe et sur des données d’activité économique plus robustes que prévu, suggérant que le ralentissement attendu de la demande pourrait ne pas être suffisamment évident pour inciter l’OPEP+ à ralentir le rythme des augmentations de production lors de la détermination des niveaux de production de juillet le 1er juin prochain.

Malgré des fondamentaux relativement tendus sur le marché au comptant, Goldman Sachs estime que la capacité de production excédentaire élevée et le risque important de récession orientent les risques sur les prix du pétrole à la baisse. Avec une chute des prix de plus de 20% depuis le début de l’année, « les prix de l’énergie sont devenus un facteur désinflationniste important, même si l’inflation reste supérieure à l’objectif des banques centrales dans la plupart des économies développées », notent les économistes de Deutsche Bank. Les analystes s’interrogent désormais sur la réaction des producteurs américains de pétrole de schiste face à cette nouvelle donne. Historiquement, la baisse des prix a souvent conduit à une réduction des investissements dans ce secteur, particulièrement sensible aux variations de cours en raison de coûts d’extraction plus élevés. Cependant, les améliorations technologiques des dernières années ont permis d’abaisser considérablement le seuil de rentabilité de nombreux gisements nord-américains, ce qui pourrait limiter l’impact négatif sur la production domestique américaine.

L’incertitude plane également sur la position future de l’OPEP+ face à cette tendance baissière prolongée. L’alliance pourrait être contrainte de reconsidérer sa stratégie d’augmentation de la production si les prix continuent de chuter significativement sous la barre des 60 dollars. Certains analystes n’excluent pas un retournement de situation lors de la prochaine réunion du groupe début juin, avec une possible révision à la baisse des objectifs de production pour tenter de stabiliser les cours.

Samira Ghrib

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