Algérie-Oman : Un partenariat stratégique qui s’envole vers « des horizons prometteurs »
La visite d’État effectuée en Algérie par le Sultan d’Oman, Sa Majesté Haïtham ben Tariq, a marqué une nouvelle étape dans le renforcement des relations bilatérales entre les deux nations, avec la concrétisation de partenariats stratégiques d’une valeur de 2,4 milliards USD et l’exploration de nouveaux domaines de coopération. Cette rencontre au sommet intervient dans le prolongement de la visite du président Abdelmadjid Tebboune à Mascate fin octobre 2024 et témoigne d’une volonté commune d’approfondir des liens déjà solides entre deux pays partageant une « communauté de destin ».
Lors de cette rencontre qualifiée de « renouvelée » par le président Tebboune, les deux chefs d’État ont souligné la profondeur des relations qui unissent leurs peuples. Le président de la République a mis en avant « les relations de fraternité, de coopération et de solidarité unissant les peuples algérien et omanais frères », tandis que le Sultan Haïtham ben Tariq a salué de son côté « les relations solides entre les peuples algérien et omanais frères, caractérisées par des liens historiques, culturels et de solidarité et une communauté de destin ». Au cœur des discussions figurait le renforcement de la coopération économique, avec un accent particulier sur « les projets d’investissement conjoints dans les secteurs public et privé ». Les deux dirigeants ont notamment mis en exergue le « partenariat réussi en matière de production de fertilisants, d’engrais, d’ammoniac et d’urée dans la zone industrielle d’Arzew pour une valeur de 2,4 milliards USD ». Ce succès initial ouvre la voie à de nouvelles collaborations, notamment dans « l’industrie automobile, l’énergie et les médicaments », des secteurs pour lesquels des contacts sont déjà en cours selon le communiqué conjoint.
Un des points forts de cette coopération économique renforcée est la création du Fonds d’investissement omano-algérien, présenté comme « un outil de financement des investissements conjoints entre les deux pays frères à même d’augmenter leur volume, de garantir leur diversité et de les étendre à tous les domaines ». Cette initiative s’inscrit dans une volonté affichée d' »intensification des efforts conjoints visant à promouvoir et à augmenter le volume des échanges commerciaux entre les deux pays, en tirant parti des capacités économiques et commerciales dont ils disposent ». La dynamique de cette coopération se manifestera concrètement dans les prochains mois avec deux événements d’envergure : le Sultanat d’Oman sera l’invité d’honneur de la 56e édition de la Foire internationale d’Alger prévue du 23 au 28 juin 2025, tandis que l’Algérie sera mise à l’honneur lors de la 7e édition du Salon omanais de l’agriculture, de la pêche et de l’agroalimentaire qui se tiendra du 1er au 3 décembre 2025.
Cette visite a également été l’occasion de signer plusieurs mémorandums d’entente et programmes exécutifs dans des domaines variés allant de la justice aux affaires juridiques, en passant par l’investissement, l’agriculture, les ressources halieutiques, l’industrie pharmaceutique, l’énergie, les mines, le travail et l’emploi. Les deux parties ont par ailleurs mis en avant « le rôle exceptionnel joué par la communauté algérienne au Sultanat d’Oman dans le renforcement des relations bilatérales ».
Des positions coordonnées sur les questions régionales
Au-delà de la coopération bilatérale, les discussions ont également porté sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun. Les deux dirigeants ont réaffirmé « leur volonté de coordonner les positions de leurs pays respectifs » conformément aux principes de leur politique étrangère « au service de leurs intérêts mutuels et des intérêts des nations arabe et musulmane, mais aussi au service du renforcement des fondements de la sécurité et de la stabilité dans la région et dans le monde ».
La situation en Palestine a occupé une place importante dans les échanges. Alger et Mascate ont exprimé « leur vive réprobation et leur ferme condamnation de la guerre génocidaire et de la politique de la terre brûlée menées par les autorités d’occupation contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza ». Les deux pays ont appelé la communauté internationale, et particulièrement le Conseil de sécurité, à « assumer ses responsabilités en vue d’un arrêt immédiat de la guerre contre Ghaza » et à œuvrer pour « un règlement global et juste » garantissant au peuple palestinien « le droit d’établir son État indépendant sur les frontières de 1967, avec El-Qods pour capitale ». La partie omanaise a d’ailleurs salué « les démarches soutenues et les efforts intenses menés par l’Algérie en faveur de la défense de la cause palestinienne au sein du Conseil de sécurité », tandis que l’Algérie a souligné « le rôle constructif joué par le Sultanat d’Oman dans la médiation entre les États-Unis d’Amérique et l’Iran », louant « l’approche adoptée par la diplomatie omanaise, fondée sur le règlement pacifique des différends, le dialogue et la sagesse pour résoudre les conflits régionaux et internationaux ».
Salim Amokrane