Culture

La famille du peintre britannique en fait don à l’Algérie : Des tableaux de Harold Swanwick retrouvent leur terre d’inspiration

Lorsque Harold Swanwick posait son regard sur les ruelles d’Alger en 1895, il ne se doutait pas que plus d’un siècle plus tard, ses toiles feraient le chemin inverse de leur créateur. C’est pourtant ce qui s’est produit mardi dernier à Londres, où sa petite-fille Rose Heatly a remis à l’ambassadeur d’Algérie, Nourredine Yazid, cinq tableaux et plusieurs esquisses réalisés par son illustre aïeul lors de son séjour algérien.

Dans une atmosphère empreinte d’émotion et de solennité, cette donation exceptionnelle marque un retour symbolique de ces œuvres vers leur terre d’inspiration. « J’ai exprimé ma joie et ma fierté de faire don à l’Algérie de ces quelques œuvres particulières », a confié Mme Heatly lors de cette rencontre qui s’est déroulée au siège de la représentation diplomatique algérienne à Londres. Elle a également évoqué son « espoir qu’un jour elle se rendrait, comme son grand-père, en Algérie et irait admirer les tableaux dans un musée algérien. »

Les œuvres léguées représentent des paysages de la Casbah, des ruelles d’Alger et une description visuelle d’un marché algérois, tous rendus avec une minutie caractéristique du style de Swanwick. Ces tableaux témoignent de la fascination de l’artiste pour les paysages et scènes rurales qu’il découvrait lors de ses voyages à travers le monde. L’Algérie, avec ses contrastes saisissants et sa lumière si particulière, avait manifestement marqué l’imagination créative du peintre britannique.

L’ambassadeur Nourredine Yazid n’a pas manqué de souligner l’importance de ce geste pour les relations culturelles anglo-algériennes. « Au nom du gouvernement », a-t-il déclaré, « je remercie Mme Heatly pour son geste très apprécié et pour ses sentiments d’amitié à l’égard de l’Algérie. » Il a également assuré que « les œuvres de son parent trouveront leur chemin vers un musée algérien » et que la petite-fille de l’artiste « comme tous les amis de l’Algérie, était la bienvenue dans le pays. » Cette donation intervient dans un contexte de redécouverte de l’œuvre de Harold Swanwick (1866-1929), figure éminente du paysagisme britannique entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Comme le rappelle l’ouvrage « Harold Swanwick, Rural life and landscapes » publié en 2022, l’artiste « exprimait une profonde empathie pour ses thèmes et avait un œil nuancé pour le contexte ». Sa carrière fut couronnée par son admission en tant qu’académicien à part entière au prestigieux « Royal Institute for Painters » en 1897, puis au « Royal Cambrian Academy » en 1908 et au « Royal Institute of Oil Painters » en 1909. Ce don représente bien plus qu’un simple transfert d’objets d’art. Il s’agit d’une reconnaissance de l’importance du patrimoine culturel partagé entre les deux nations et d’une forme de reconnaissance de l’influence que l’Algérie a pu exercer sur les artistes européens de l’époque. Les visiteurs algériens pourront désormais contempler leur pays à travers le regard sensible d’un artiste britannique qui, captivé par la beauté de la Casbah et des marchés d’Alger, a su immortaliser ces instants avec une sensibilité remarquable. Pour Rose Heatly, cette donation perpétue également la mémoire et l’héritage de son grand-père, dont les voyages ont considérablement enrichi la vision artistique. Un siècle et demi après que Swanwick ait posé son chevalet dans les rues d’Alger, ses toiles reviennent enfin à leur source d’inspiration, bouclant ainsi un cycle artistique et historique inattendu.

Mohand Seghir

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