Algerian Bank of Senegal: Fer de lance du déploiement commercial en Afrique de l’Ouest
Au cœur de Dakar, dans les quartiers d’affaires les plus dynamiques de la capitale sénégalaise, l’Algerian Bank of Senegal (ABS Bank) trace discrètement mais sûrement son sillon sur le fertile terrain bancaire ouest-africain. Un peu plus d’un an après son lancement officiel en septembre 2023, cette initiative audacieuse dresse un premier bilan résolument encourageant, comme l’a confié Abdelhafid Haned, son directeur général, lors du récent Forum africain d’investissement et du commerce (AFIC) qui s’est tenu les 10 et 11 mai à Alger. « En termes de retour sur investissement, la première année a été appréciable en termes de résultats, d’entrée en relation avec la clientèle et d’ouverture de comptes », a-t-il affirmé à l’APS avec une satisfaction non dissimulée, précisant que les performances commerciales et financières s’alignaient parfaitement sur les objectifs fixés par les quatre actionnaires publics algériens – la Banque Nationale d’Algérie (BNA), la Banque Extérieure d’Algérie (BEA), le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de l’Agriculture et du Développement Rural (BADR). Cette réussite initiale n’est guère surprenante quand on considère la solidité financière avec laquelle l’ABS Bank a fait son entrée sur le marché sénégalais, s’appuyant sur un capital social imposant de 100 millions de dollars, témoignage de l’ambition algérienne de s’implanter durablement dans le paysage financier ouest-africain. Forte de ces premiers succès, la banque algérienne ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le plan de développement pour 2025 se veut résolument ambitieux, articulé autour de trois axes stratégiques majeurs. « L’objectif pour l’année 2025 est de lancer à grande échelle la monétique, et d’augmenter de manière significative le chiffre d’affaires », a détaillé M. Haned, annonçant ainsi une nouvelle phase d’expansion. Mais au-delà des chiffres et des performances financières, l’ABS Bank s’est imposée une mission plus large : servir de catalyseur aux relations économiques entre l’Algérie et le Sénégal, véritable porte d’entrée vers le vaste marché ouest-africain. La banque ne se contente pas d’offrir des produits financiers classiques ; elle se positionne comme un véritable conseiller stratégique pour les entrepreneurs algériens souhaitant conquérir de nouveaux marchés. « Nous proposons des solutions de conseil sur mesure à nos clients, surtout par rapport aux secteurs d’activité les plus adaptés et les plus rentables, afin de leur éviter tout risque dans le cadre de leur installation », précise le directeur général, mettant en lumière cette approche globale d’accompagnement qui va bien au-delà du simple financement. Cette stratégie porte visiblement ses fruits : pas moins de 500 opérateurs économiques algériens ont déjà pris contact avec la banque pour explorer les opportunités offertes par le marché sénégalais, que ce soit pour s’informer sur les financements disponibles ou pour bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Cette dynamique positive s’observe également du côté sénégalais, avec un « accueil très favorable » de la place financière locale et un engouement manifeste des entreprises sénégalaises, parmi lesquelles figurent déjà d’importants acteurs des secteurs industriel et énergétique. Le choix stratégique d’implanter deux agences dans les zones névralgiques de Dakar s’est avéré judicieux, 90% de l’activité financière et commerciale du pays étant concentrée dans la capitale. Cette présence bancaire algérienne au Sénégal, conjuguée à celle de l’Algeria Union Bank (AUB) en Mauritanie voisine, dessine les contours d’une stratégie financière régionale cohérente. Bien qu’opérant sur deux marchés distincts, ces institutions développent « une certaine complémentarité » et « une synergie » dans leurs actions, contribuant ensemble au renforcement de la coopération économique intra-africaine et à la diversification tant attendue de l’économie algérienne à travers l’essor des exportations hors hydrocarbures.
Sabrina Azouez