Industrie: Le moral des patrons au beau fixe
L’industrie algérienne a enregistré une performance globalement positive au quatrième trimestre 2024, selon la récente enquête d’opinion auprès des chefs d’entreprise publiée par l’Office National des Statistiques (ONS). Cette embellie s’est manifestée de manière inégale entre secteur public et privé, ce dernier affichant un dynamisme particulièrement marqué. L’activité industrielle a connu une augmentation générale durant cette période, mais la hausse est nettement plus prononcée dans le secteur privé où près de 73% des entreprises interrogées déclarent un taux d’utilisation des capacités de production supérieur à 75%. Comparativement, la majorité des entreprises publiques rapportent un taux d’utilisation dépassant simplement les 50%. La demande en produits manufacturés suit des trajectoires divergentes. Si le secteur public évoque une stabilité, les entreprises privées font état d’une augmentation significative de leurs carnets de commande. Dans les deux cas, les industriels affirment majoritairement avoir satisfait la totalité des commandes reçues tout en maintenant des stocks de produits finis, une situation jugée normale par les opérateurs.
Le volet emploi reflète également cette dichotomie sectorielle. Les effectifs ont augmenté dans le privé tandis qu’ils sont restés stables dans le public. Un constat partagé cependant : la majorité des entreprises, tous secteurs confondus, estiment que le niveau de qualification du personnel est satisfaisant et déclarent n’avoir pas rencontré de difficultés de recrutement particulières. Plus révélateur encore, elles considèrent que l’embauche supplémentaire ne permettrait pas d’accroître leur production, pointant vers d’autres facteurs limitants.
L’état de la trésorerie présente des contrastes notables. Si près de l’ensemble des entreprises privées la jugent normale, seuls 43% de leurs homologues du secteur public partagent cette vision, 19% la considérant bonne et le reste probablement sous tension. Plusieurs facteurs continuent de peser sur les finances des entreprises : l’allongement des délais de recouvrement des créances, les charges d’exploitation élevées et le remboursement des emprunts. À noter que 38% des entreprises privées ont eu recours à des crédits bancaires contre seulement 4% dans le public, la plupart n’ayant pas rencontré d’obstacles pour les obtenir.
L’équipement industriel reste un point critique. La majorité des entreprises publiques et plus de 67% des privées signalent avoir connu des pannes durant ce trimestre, principalement dues à la vétusté des équipements et à leur surutilisation. Ces interruptions sont généralement inférieures à six jours. Plus de 85% des répondants du secteur public et 77% du privé affirment qu’ils pourraient produire davantage en renouvelant leurs équipements, sans nécessité d’embauche supplémentaire. L’analyse sectorielle révèle des situations contrastées. Les matériaux de construction et la chimie ont connu une hausse d’activité significative. Le secteur agroalimentaire poursuit sa croissance tandis que les mines et carrières maintiennent une trajectoire positive. Les industries sidérurgiques, mécaniques, électriques et électroniques (ISMMEE) ont également progressé, mais des problèmes d’approvisionnement en matières premières affectent un tiers des opérateurs. Les secteurs des textiles, cuirs et bois ne sont pas en reste avec une augmentation notable de leur activité, malgré des difficultés d’approvisionnement pour ce dernier.
Les perspectives pour le premier trimestre 2025 divergent selon les secteurs. Les entreprises publiques prévoient une hausse de la production et de la demande, tandis que leurs homologues privées anticipent plutôt une stabilisation après la croissance enregistrée. Les deux secteurs s’accordent toutefois sur des perspectives favorables concernant leur trésorerie pour les trois prochains mois.
Amar Malki