Oran accueille une conférence internationale sur la transition verte dans l’industrie des hydrocarbures: Des solutions pour atteindre l’objectif « zéro net »
La ville d’Oran s’apprête à devenir, aujourd’hui et demain, l’épicentre de la réflexion sur la transition écologique dans le secteur énergétique en accueillant la Conférence internationale sur les « Solutions vertes dans le secteur de l’industrie pétrolière et gazière » (ICGS2025) au Centre des conventions. Cet événement majeur, organisé conjointement par la Direction centrale de recherche et développement du groupe Sonatrach et la Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique (DGRSDT), s’inscrit parfaitement dans la stratégie climatique ambitieuse déployée par le géant énergétique national et répond aux objectifs nationaux de transition énergétique. Cette rencontre scientifique rassemblera pendant deux jours des experts, professionnels et décideurs venus d’Algérie et de l’international, notamment d’Arabie Saoudite, de Turquie, de Malaisie, du Canada et de France, pour échanger autour des solutions écologiques innovantes et des défis environnementaux auxquels fait face l’industrie des hydrocarbures. « Cette conférence constitue une plateforme d’échange et de réflexion en faveur de pratiques durables et responsables dans l’industrie », soulignent les organisateurs dans leur communiqué.
L’événement intervient dans un contexte où Sonatrach accélère sa transformation environnementale avec des objectifs particulièrement ambitieux. Dans son récent rapport « Le climat, un axe fondamental de notre stratégie », le groupe s’est engagé à éliminer totalement le torchage de routine et à réduire à zéro ses émissions de méthane d’ici 2030. Des progrès substantiels ont déjà été réalisés, le taux de torchage ayant chuté à 3,19% en 2023, contre 5,43% en 2020, soit une réduction cumulée de 28% depuis trois ans. Cette avancée significative résulte des programmes de récupération des gaz associés et du déploiement de nouvelles unités de récupération des gaz torchés dans diverses régions de production, notamment à Hassi Messaoud et Ohanet. En adhérant à l’initiative « Zero routine flaring by 2030 », lancée par les Nations unies et la Banque mondiale, Sonatrach démontre son engagement global envers la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le développement de solutions innovantes dans le domaine de l’hydrogène vert constituera l’un des axes majeurs de la conférence d’Oran. Cette thématique s’aligne parfaitement avec les récentes initiatives de Sonatrach, qui a lancé des projets pilotes de production d’hydrogène vert avant d’envisager la réalisation d’unités de taille industrielle, pour lesquelles « des clients potentiels ont déjà manifesté leur intérêt » selon la stratégie climat lancée en juillet dernier. Ces projets s’inscrivent dans une vision plus large de décarbonation des secteurs industriels et d’ouverture de nouvelles opportunités d’exportation pour l’Algérie.
Parmi les autres thématiques qui seront abordées lors de cette conférence figurent « Les défis et les opportunités de l’intégration massive des énergies renouvelables dans les réseaux intelligents », « Matériau en polyuréthane pour le stockage de l’hydrogène », « Batteries Li-ion sûres pour l’électrification de la société : de la mine au recyclage » et « Isolation et analyse des constituants chimiques des plantes pour des applications en inhibition de la corrosion ». Ces sujets reflètent l’approche multidisciplinaire nécessaire à une véritable transition énergétique.
Cette conférence s’inscrit également dans le cadre d’un vaste programme de transition énergétique de Sonatrach, qui a créé une direction centrale dédiée aux ressources nouvelles et renouvelables. Le groupe a déjà mis en place avec succès une première centrale photovoltaïque de 10 MW en 2019 et poursuit ses efforts avec un deuxième projet en cours et un troisième en phase de lancement. Ces installations visent à fournir de l’électricité propre aux bases de vie et aux sites de production de l’entreprise dans le sud du pays.
L’engagement environnemental de Sonatrach va bien au-delà de ses activités opérationnelles. En matière de captage et de séquestration du carbone, l’Algérie peut se prévaloir d’une expérience pionnière. Dès 2004, le site de Krechba a accueilli la première expérience mondiale de séquestration de CO2 à grande échelle, avec 3,8 millions de tonnes séquestrées, offrant au monde scientifique une expérience « unique et innovante ». Aujourd’hui, Sonatrach poursuit cette démarche en identifiant tous les sites potentiels de séquestration du carbone, notamment dans ses anciens réservoirs déplétés de pétrole et de gaz naturel.
La conférence d’Oran survient donc à un moment crucial où l’Algérie cherche à consolider sa position d’acteur régional clé dans les énergies renouvelables. Elle offre une opportunité unique de partage des connaissances et des bonnes pratiques entre experts internationaux, tout en mettant en lumière les avancées et les ambitions de Sonatrach en matière de transition énergétique et de lutte contre le changement climatique. La convergence entre la volonté politique nationale et l’engagement corporatif du géant énergétique algérien illustre la détermination du pays à concilier son statut de producteur majeur d’hydrocarbures avec une vision responsable et durable de l’avenir énergétique mondial.
Samira Ghrib