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77e anniversaire de la Nakba : La Palestine sous le joug d’un génocide qui se perpétue

Alors que le peuple palestinien s’apprête à commémorer le 77e anniversaire de la Nakba ce jeudi, les territoires occupés subissent une violence sans précédent.

Cette date symbolique prend une dimension particulièrement poignante dans le contexte de l’agression génocidaire sioniste en cours contre la bande de Ghaza, du nettoyage ethnique systématique en Cisjordanie et des attaques incessantes contre Al-Qods occupée. Le bilan humain de cette catastrophe contemporaine s’alourdit chaque jour, atteignant désormais 52.928 martyrs et 119.846 blessés depuis le 7 octobre 2023, selon les autorités sanitaires palestiniennes. Dans les dernières 24 heures seulement, 20 martyrs supplémentaires et 125 blessés ont été recensés, tandis que de nombreuses victimes demeurent encore ensevelies sous les décombres, témoignage macabre d’une brutalité qui ne faiblit pas.

« Nous ne partirons pas… la Palestine appartiendra toujours aux Palestiniens. » C’est sous ce slogan évocateur que se déroulera cette année la commémoration de la Nakba, comme l’a confirmé à l’APS Ahmed Abu Holi, président du Haut comité chargé des activités de la commémoration et chef du Département des affaires des réfugiés. « La Palestine est la patrie des Palestiniens et ce peuple refuse d’échanger sa patrie contre une autre. Il a le droit historique, naturel et légal sacré de revenir à la terre dont il a été chassé en 1948, » insiste Abu Holi, ajoutant qu' »il n’existe aucune force sur terre capable d’imposer au peuple palestinien de quitter ses terres. »

Cette résistance s’est manifestée de façon particulièrement émouvante en janvier dernier, lorsque des centaines de milliers de déplacés sont retournés à pied du Sud vers le Nord de Ghaza lors du bref cessez-le-feu, parcourant plus de 25 kilomètres avec leurs maigres possessions et leurs enfants. Ces images « ont impressionné le monde » et constituent « une réponse cinglante et ferme du peuple palestinien » aux plans américano-sionistes visant à le chasser définitivement de sa terre, souligne Abu Holi.

Les activités de commémoration de la Nakba cette année s’articuleront autour d’actions concrètes pour soutenir Ghaza et dévoiler les crimes de l’occupant, avec l’objectif de mobiliser l’opinion internationale pour mettre fin à l’agression, stopper la colonisation et le nettoyage ethnique en Cisjordanie et à Al-Qods occupées, et rejeter fermement tout projet de déplacement des Palestiniens. Une initiative majeure sera menée par des défenseurs internationaux de la liberté qui « élèveront leur voix » contre le silence complice de la communauté internationale et exigeront que l’occupant sioniste soit poursuivi devant la justice internationale.

Cette mobilisation intervient alors que Tom Fletcher, chef de l’humanitaire à l’ONU, a dénoncé devant le Conseil de sécurité que l’entité sioniste « impose délibérément et sans vergogne » des conditions inhumaines aux civils palestiniens. « Aucune nourriture, aucun médicament, aucune eau ni aucune tente n’ont pénétré dans la bande de Ghaza depuis plus de dix semaines, » a-t-il déploré, tandis que « des centaines de milliers de civils palestiniens sont à nouveau déplacés de force et confinés dans des espaces de plus en plus restreints. »

Une catastrophe humanitaire orchestrée

L’organisation Médecins Sans Frontières a quant à elle accusé l’occupation sioniste de créer les conditions d' »une catastrophe humanitaire délibérée » à Ghaza et de tenter de lier l’aide humanitaire au déplacement forcé de la population. « Nous assistons en direct à la création des conditions pour une éradication des Palestiniens à Ghaza, » a alerté l’ONG, précisant que ses équipes médicales ont « observé une augmentation de 32% du nombre de patients présentant des symptômes de malnutrition au cours des deux dernières semaines. »

Cette situation alarmante est confirmée par Angelica Jacome, Directrice du bureau de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à New York, qui prévoit que près de 71% des enfants palestiniens de moins de cinq ans devraient souffrir de malnutrition aiguë entre mai 2025 et avril 2026, dont 14.100 cas graves. Par ailleurs, près de 17.000 femmes enceintes et allaitantes auront besoin d’un traitement pour malnutrition aiguë au cours de la même période. « Nous assistons à l’effondrement systémique des conditions essentielles à la survie, » a-t-elle souligné, ajoutant que les Palestiniens souffrent non seulement d’un manque de nourriture, mais aussi d’une dégradation profonde de leur santé, de leurs moyens de subsistance et de leurs structures sociales.

En dépit des condamnations internationales, les forces d’occupation sionistes poursuivent leur campagne de terreur. Dans la nuit de mardi à mercredi, leurs bombardements aériens dans le nord et le sud de la bande de Ghaza ont fait 51 martyrs, principalement dans le camp de réfugiés de Jabalia où 45 personnes, majoritairement des enfants et des femmes, ont perdu la vie. À Khan Younes, au moins quatre Palestiniens sont tombés en martyrs suite à un bombardement par les avions de guerre sionistes. Par ailleurs, au  moins 80 palestiniens sont tombés en martyrs, mercredi, dans les bombardements menés par les forces d’occupation sionistes sur bande de Ghaza, a indiqué la Défense civile palestinienne dans un nouveau bilan. Ce nombre inclut 59 personnes tombées en martyres dans des bombardements dans le nord du territoire palestinien, a déclaré un porte-parole de la Défense civile, Mohammed al-Moughayir. Les corps des martyrs et les blessés ont été transférés dans l’hôpital indonésien et celui d’Al-Awda, tandis que les corps d’autres martyrs se trouvent encore sous les décombres des maisons ciblées. Les forces d’occupation sionistes ont notamment lancé une série de missiles sur des maisons de civils palestiniens dans le camps de réfugiés de Jabalia et de Jabalia al-Balad dans le nord de Ghaza, faisant plusieurs dizaines de martyrs, dont la plupart sont des enfants et des femmes.

Meloni dénonce une situation humanitaire injustifiable

Face à cette escalade meurtrière, le président du Conseil national palestinien (CNP), Rawhi Fattouh, a dénoncé « une escalade dangereuse dans la politique de génocide et de nettoyage ethnique pratiquée par l’entité sioniste contre le peuple palestinien. » Il a souligné que « le ciblage des enfants et des femmes avec des avions de guerre, le bombardement des hôpitaux et la mort en martyrs de plus de 100 Palestiniens en 24 heures sous un siège étouffant et un manque de soins de santé, constituent un crime de guerre et un crime contre l’humanité. »

Même la Première ministre italienne Giorgia Meloni, pourtant traditionnellement proche des positions sionistes, a fini par dénoncer une situation humanitaire « de plus en plus dramatique et injustifiable » à Ghaza, appelant au respect du droit international humanitaire.

À la veille du 77e anniversaire de la Nakba, le message du peuple palestinien au monde est clair : la catastrophe de 1948 se poursuit aujourd’hui sous la forme d’un génocide en direct, perpétré avec la complicité passive d’une grande partie de la communauté internationale. Mais la résistance palestinienne, enracinée dans une conscience historique profonde de ses droits légitimes, reste déterminée à défendre sa terre et son identité, malgré tous les sacrifices que cela implique.

Lyes Saïdi

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