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L’Algérie mène « une guerre implacable » contre  la drogue

L’Algérie intensifie sa lutte contre le trafic de stupéfiants sur fond d’augmentation alarmante des saisies et d’un durcissement législatif sans précédent. Face à ce fléau considéré désormais comme une menace pour la sécurité nationale, le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, a réaffirmé la détermination de l’État à mener « une guerre implacable contre les bandes de trafiquants de drogue ».

Lors d’une séance à l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée au projet de loi relatif à la prévention contre la drogue, le ministre a souligné la gravité de la situation actuelle, déclarant qu’il s’agissait d’une véritable « guerre contre l’Algérie ». Dans ce contexte, le pays est résolu, « grâce à ses hommes loyaux des corps de sécurité et de l’Armée nationale populaire (ANP) », à neutraliser les réseaux de narcotrafiquants, avec l’assurance que « la justice sera intransigeante et les éradiquera ».

La modification de la législation en vigueur s’explique, selon le garde des Sceaux, par la « prolifération alarmante » du phénomène, nécessitant une révision urgente « pour mettre un terme à ce crime par des moyens coercitifs ». Le ministre a rappelé à cet égard les importantes quantités de substances psychotropes saisies ces derniers mois dans différentes régions du pays. Le projet de loi prévoit plusieurs dispositions novatrices, notamment des incitations financières pour les lanceurs d’alerte. M. Boudjemaa a précisé que « l’Algérie est le seul pays arabe à adopter une telle mesure », tout en soulignant qu’il s’agit d’une « récompense pécuniaire accordée uniquement à toute personne ayant fourni des informations ayant conduit à des résultats positifs », tandis que « toute information visant à impliquer injustement une personne engage l’entière responsabilité de son auteur ».

Le texte aborde également la possibilité de fermeture d’établissements hôteliers impliqués dans le trafic. Le ministre a tenu à clarifier que cette disposition « s’adresse au propriétaire ou au responsable de l’hôtel ayant transformé l’établissement en lieu de trafic de drogues ». Concernant la prévention, le projet de loi prévoit l’obligation pour les candidats aux concours de recrutement de présenter des tests médicaux négatifs au dépistage de substances psychotropes. M. Boudjemaa a expliqué que l’objectif de cette mesure est de « prendre en charge les concernés en cas de résultats positifs », précisant que toutes les wilayas disposent déjà de centres de désintoxication et que, « en application des instructions du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, il sera procédé à la construction de quatre autres centres modernes de prise en charge des victimes de drogues ».

L’État pour l’exécution de la peine capitale

L’une des dispositions les plus importantes du projet de loi concerne l’introduction de la peine capitale pour certains crimes liés au trafic de stupéfiants. Interrogé sur ce point, le ministre de la Justice a défendu avec fermeté cette orientation, affirmant que l’Algérie « en tant qu’État souverain est libre de prendre n’importe quelle décision pour lutter contre le crime selon la manière qu’elle juge la plus appropriée ». Il a ajouté que face à la gravité de la situation actuelle, l’État algérien a estimé que cela « exige l’activation de la peine capitale ». Cette position marque un tournant dans la politique pénale du pays, qui observe un moratoire de fait sur les exécutions depuis près de trois décennies, bien que la peine de mort figure toujours dans l’arsenal juridique algérien.

Le garde des Sceaux a également abordé la question de l’incitation à la consommation de drogues, quel qu’en soit le moyen, y compris par le chant, réitérant que toute forme d’encouragement à un acte criminel est punissable par la loi.

Un phénomène d’une ampleur alarmante

Les statistiques récentes témoignent de l’ampleur préoccupante qu’a prise le trafic de drogue en Algérie.  Le bilan annuel 2024 de la Gendarmerie nationale confirme cette tendance avec une augmentation de 152% des saisies de drogues dures par rapport à 2023. Les services compétents ont démantelé 82 réseaux de trafic de drogue et 110 réseaux spécialisés dans les comprimés psychotropes, saisissant plus de 26 tonnes de kif traité, 9,9 millions de comprimés psychotropes et plus de 147 kilogrammes de cocaïne. Le nombre de narcotrafiquants arrêtés a augmenté de 18%, atteignant plus de 24 000 individus, parmi lesquels des barons de la drogue et des trafiquants marocains. L’ANP présente un bilan tout aussi éloquent pour 2024 avec l’arrestation de 2 621 narcotrafiquants et la mise en échec de l’introduction de 36,8 tonnes de kif traité provenant des frontières avec le Maroc, sans compter 631 kilogrammes de cocaïne et 25 millions de comprimés psychotropes saisis.

Monstre d’Oran, la mise au point

Le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, a tenu à apporter des clarifications concernant des informations récemment relayées sur les réseaux sociaux, relatives au viol de « 40 enfants dans la wilaya d’Oran » par un individu, ainsi qu’à l’arrestation d’un fonctionnaire du ministère en possession de stupéfiants. Il a précisé que la première affaire concerne un individu actuellement « sous enquête judiciaire », et que l’affaire « concerne, présentement, un seul cas de viol ». Quant à la seconde affaire, le ministre a indiqué que le fonctionnaire en question, qui est un chauffeur, était en possession de « 79 grammes » de stupéfiants et de deux téléphones portables, et qu’il se trouvait dans son véhicule personnel, contrairement à ce qui avait été rapporté dans certains médias. Il a par ailleurs appelé à la prudence face aux informations non vérifiées circulant notamment sur les réseaux sociaux, rappelant que, lorsqu’une affaire nécessite d’être portée à la connaissance de l’opinion publique, « les parquets de la République communiquent l’information via des communiqués ».

Chokri Hafed

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