Pétrole : Révision à la baisse la croissance de l’offre hors-Opep
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a révisé mercredi ses prévisions concernant l’évolution de l’offre mondiale de pétrole hors OPEP+ pour 2025. Dans son rapport mensuel publié à Londres, le cartel anticipe désormais une croissance limitée à 800 000 barils par jour cette année, contre 900 000 barils par jour dans son estimation précédente. Cette révision à la baisse reflète les conséquences directes de la récente chute des cours du brut sur les investissements d’exploration et de production. « La baisse potentielle des investissements en amont dans l’exploration et la production pétrolière constituera un défi pour 2025 et 2026, malgré l’accent mis continuellement par l’industrie sur l’amélioration de l’efficacité et de la productivité », souligne l’OPEP dans son rapport. L’organisation prévoit en effet une diminution d’environ 5% des investissements d’exploration-production hors OPEP+ en 2025, après une légère hausse en 2024 où ils avaient atteint 299 milliards de dollars. Cette perspective d’un ralentissement de la production des concurrents de l’OPEP+, qui regroupe l’OPEP et ses alliés dont la Russie, pourrait faciliter la mission de l’alliance dans l’équilibrage du marché mondial. La croissance rapide de la production américaine de schiste et d’autres régions a pesé lourdement sur les prix ces dernières années. Pour les États-Unis, principal moteur de la croissance de l’offre non-OPEP+, l’OPEP a également revu ses projections à la baisse, tablant désormais sur une augmentation de la production totale américaine d’environ 300 000 barils par jour en 2025, contre une prévision de 400 000 barils par jour le mois dernier. Parallèlement, l’organisation maintient inchangées ses prévisions de croissance de la demande mondiale pour 2025 et 2026, après les avoir réduites le mois dernier. L’OPEP table toujours sur une hausse de la consommation de 1,3 million de barils par jour pour chacune de ces deux années, portant la demande totale à 105 millions de barils quotidiens. Ces estimations tiennent compte des données du premier trimestre et de l’impact des tensions commerciales internationales. À ce propos, l’OPEP a salué l’accord commercial temporaire conclu cette semaine entre les États-Unis et la Chine. « L’accord commercial de 90 jours entre les États-Unis et la Chine suggère la possibilité d’accords plus durables, susceptibles de soutenir une normalisation des flux commerciaux, mais probablement avec des niveaux de droits de douane plus élevés par rapport à la situation antérieure aux tensions d’avril », note l’organisation. Cette trêve, bien qu’accueillie favorablement par les marchés, n’a cependant pas suffi à inverser la tendance baissière des cours du pétrole. Mercredi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet perdait 1,04% à 65,94 dollars, tandis que le West Texas Intermediate américain pour livraison en juin reculait de 1,10% à 62,97 dollars. Cette prudence des investisseurs s’explique notamment par la récente décision de huit pays membres de l’OPEP+ de réduire significativement leur coupes volontaires de la production en mai et juin, à un rythme bien plus rapide qu’initialement prévu. Le marché reste également attentif aux développements concernant l’Iran. Le président américain Donald Trump a appelé mercredi à une application stricte des sanctions visant Téhéran, tout en affirmant espérer parvenir à un nouvel accord sur le dossier nucléaire iranien après quatre cycles de négociations. Une éventuelle levée des sanctions permettrait à l’Iran d’exporter plus facilement son pétrole, ce qui constituerait un facteur supplémentaire de pression à la baisse sur les prix.
Samira Ghrib