Comment intégrer le trabendo dans le circuit formel ?
L’Algérie poursuit sa politique de réformes économiques avec des avancées notables dans la régulation du commerce informel, mais se heurte encore à des lenteurs administratives dans l’application de certaines mesures phares. Les récentes décisions du Conseil des ministres concernant le commerce dit « de cabas » représentent une étape importante vers l’intégration de pans entiers de l’économie informelle.
Hamza Boughadi, directeur de la Société d’études économiques et développement des investissements (SEEDI), a salué lors de son intervention ce mardi sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio algérienne les nouvelles mesures prises par le président de la République pour organiser l’activité d’importation à petite échelle, communément appelée « commerce de cabas » ou « trabendo ». « Ces décisions reflètent la réactivité du président de la République Abdelmadjid Tebboune face à la réalité économique et sa détermination à trouver des solutions définitives à la situation des jeunes opérant dans ce secteur », a-t-il affirmé.
Selon l’expert en économie, « le Président poursuit l’ancrage du principe de franchise avec les citoyens, une approche qu’il a adoptée depuis son accession à la présidence en 2019, clairement illustrée dans les récentes décisions du Conseil des ministres, notamment son appel à accélérer la mise en œuvre de son programme présidentiel sans tergiversation, particulièrement en ce qui concerne la satisfaction des besoins des citoyens ».
Boughadi a souligné que ces mesures constituent « une étape positive vers l’intégration de ces commerçants dans le circuit économique officiel ». Il a précisé que « la mise en place d’un cadre juridique approprié pour cette activité permettra à l’État de récupérer ses droits fiscaux et de lever les obstacles auxquels sont confrontés ces jeunes, notamment en ce qui concerne l’accès à certaines facilités légales comme l’obtention de la carte d’auto-entrepreneur, le transport, la protection contre la saisie, et la liberté d’accès aux marchés dans un environnement juridique transparent, renforçant ainsi la possibilité d’identifier l’origine des marchandises importées et protégeant la santé des citoyens ».
Concernant le financement, l’économiste a proposé que « la commission annoncée par le Président et présidée par le Premier ministre établisse une distinction entre petits et grands importateurs, en fixant un plafond financier pour les transactions annuelles de la première catégorie et en déterminant une liste de marchandises autorisées à l’importation selon le registre de commerce ou la carte d’auto-entrepreneur ». Pour la domiciliation bancaire, Boughadi a recommandé « de s’appuyer sur le taux de change officiel plutôt que parallèle », et a suggéré « la création d’un fonds spécial pour financer le commerce de cabas, alimenté par les jeunes importateurs et les grands exportateurs, avec des efforts pour attirer les fonds de la diaspora algérienne dans un cadre institutionnalisé afin de soutenir ce projet ».
L’expert a par ailleurs mis en garde contre « les effets négatifs de l’absence de données précises sur l’économie parallèle », indiquant que « le manque de statistiques exactes sur la taille de cette activité et le nombre de personnes qui y travaillent entraîne d’importantes pertes financières pour l’État, notamment au niveau des recettes fiscales ». Il a affirmé la détermination du président à intégrer ce secteur dans l’économie formelle et à renforcer la transparence.
Allocation touristique : les raisons du retard
Toutefois, Boughadi n’a pas manqué de critiquer la lenteur dans l’application de certaines décisions présidentielles, notamment concernant l’allocation touristique. « Le président de la République a créé toutes les conditions nécessaires pour que les responsables puissent accomplir leurs missions, y compris la protection juridique et administrative, mais certains dossiers connaissent encore des retards dans leur mise en œuvre, comme l’allocation touristique prévue dans le budget 2025, qui n’a pas encore été concrétisée malgré le passage de plus de cinq mois, ce qui reflète une lenteur dans la traduction des décisions du président sur le terrain », a-t-il déclaré.
Pour rappel, lors du Conseil des ministres du 8 décembre 2024, le président Abdelmadjid Tebboune avait décidé d’augmenter substantiellement le montant de l’allocation touristique pour les voyageurs algériens, le portant de l’équivalent en devises de 15.000 dinars (environ 100 euros au taux de change officiel) à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs. Cette mesure, initialement prévue pour entrer en vigueur en janvier 2025, attend toujours la publication du règlement de la Banque d’Algérie fixant ses modalités d’application, plus de cinq mois après son annonce.
« C’est ici que la question doit se poser ! Pourquoi ce rythme aussi lent dans l’application des décisions et des programmes du président de la République ? », s’est interrogé Boughadi, soulignant que parmi les caractéristiques les plus marquantes de la politique du président figure « sa quête constante de réformes économiques, avec l’adoption d’une série de lois importantes pour encadrer l’activité économique, telles que la loi sur l’investissement, la loi sur les startups, l’auto-entrepreneur, et la loi sur le commerce électronique, dans le but de remédier à certaines insuffisances et d’améliorer le climat des affaires en Algérie ».
Amar Malki