Forum national des jeunes éditeurs : Vers une restructuration du monde de l’édition
Le forum national des jeunes éditeurs a ouvert ses portes mardi au Palais de la Culture « Moufdi Zakaria » à Alger, en se voulant comme un véritable tournant dans la politique culturelle du pays.
Cette manifestation, qui réunit plus de 30 éditeurs venus des quatre coins de l’Algérie, s’inscrit dans une démarche globale visant à dynamiser le secteur de l’édition et à encourager l’émergence de nouveaux talents dans un domaine en pleine mutation. Dans une allocution prononcée par M. Mohamed Sidi Moussa, chef de cabinet du ministère de la Culture et des Arts, le ministre Zouhir Ballalou a souligné l’importance stratégique de cet événement. « Cette rencontre vise à soutenir et à accompagner les jeunes éditeurs », a-t-il affirmé, mettant en exergue « la dynamique et l’activité soutenue que connaît le secteur de la culture ces derniers temps dans différents domaines culturels, notamment dans celui de l’édition ». Ces propos témoignent de la volonté des pouvoirs publics de placer le livre au cœur de leur politique culturelle, dans un contexte où la digitalisation et les nouveaux modes de consommation culturelle représentent autant de défis que d’opportunités.
Le ministre a particulièrement mis en avant « l’intérêt que porte son département à l’édition et à la distribution du livre, ainsi que le soutien accordé à ce volet en vue de promouvoir la lecture publique ». Cette politique se concrétise notamment par « l’organisation de manifestations livresques au niveau local, national et international », créant ainsi des espaces d’échange et de visibilité pour les acteurs du secteur. M. Ballalou a également révélé que son ministère « œuvre à la mise en place d’espaces dédiés à la lecture à travers les différentes régions du pays », une initiative qui vise à démocratiser l’accès au livre et à ancrer la pratique de la lecture dans les habitudes culturelles des Algériens.
Dans une perspective plus structurelle, le ministre a rappelé « la poursuite de l’instauration de bases et de règles organisationnelles visant à structurer la filière du livre et à la professionnaliser davantage, dans un climat incitant les jeunes éditeurs à la créativité ». Cette dimension réglementaire a été approfondie par M. Tidjani Tama, directeur central du livre au ministère de la Culture et des Arts, qui a présenté aux participants « un ensemble de lois et de décrets exécutifs régissant les activités d’édition et l’industrie du livre en Algérie », invitant les jeunes éditeurs à se familiariser avec ce cadre juridique qui définit leurs droits et obligations.
Le colloque a également été ponctué par plusieurs interventions portant sur des thématiques d’actualité, reflétant les préoccupations et les enjeux du secteur. La question de « l’édition à l’ère de la numérisation » a notamment fait l’objet de discussions approfondies, témoignant des défis technologiques auxquels font face les acteurs traditionnels de l’édition. Les participants ont également pu découvrir « la contribution de l’Entreprise nationale des arts graphiques (ENAG) à la promotion du livre et à la protection des œuvres littéraires », soulignant le rôle crucial que jouent les institutions publiques dans la chaîne du livre. Les « mécanismes de soutien au livre » ont aussi été abordés, offrant aux jeunes éditeurs un aperçu des dispositifs existants pour accompagner leurs projets.
En parallèle des conférences et débats, un salon des jeunes éditeurs a été organisé, offrant une vitrine aux productions éditoriales récentes et permettant des échanges directs entre éditeurs, auteurs et lecteurs. Cette dimension pratique du forum traduit la volonté des organisateurs de ne pas limiter l’événement à sa dimension théorique, mais d’en faire un véritable outil au service du développement du secteur.
Ce forum national des jeunes éditeurs s’inscrit dans une politique culturelle plus large visant à renforcer l’industrie du livre algérien, à professionnaliser ses acteurs et à élargir son audience, tant au niveau national qu’international. Il témoigne de la reconnaissance du rôle fondamental que joue l’édition dans la préservation et la diffusion du patrimoine culturel algérien, ainsi que dans la promotion de la création contemporaine.
Mohand Seghir