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Ghaza sous les bombes : l’horreur continue tandis que l’aide reste dérisoire

L’agonie de Ghaza se poursuit dans l’indifférence de la communauté internationale.  

Ce samedi, quinze nouvelles victimes palestiniennes, dont des enfants innocents, ont péri sous les bombes sionistes qui continuent de s’abattre impitoyablement sur la population civile. Le témoignage déchirant de Wissam Al-Madhoun résonne comme un cri de douleur face à l’insoutenable : « Un missile largué par un avion est tombé sur la maison et l’a détruite. Il n’y avait que des civils, ma sœur, son mari et leurs deux enfants ont été tués. On a trouvé leurs corps dans la rue. Qu’a fait cet enfant contre Netanyahu pour mériter cela ? » Cette question obsédante illustre parfaitement l’absurdité meurtrière d’une machine de guerre qui ne distingue civils, adultes et enfants. À al-Touffah, Khan Younès, Nousseirat, partout les mêmes scènes d’horreur se répètent : des familles entières rayées de la carte, des corps d’enfants retrouvés dans les décombres, des survivants hagards cherchant leurs proches sous les gravats. Le bilan officiel, déjà effroyable, s’alourdit chaque jour : 53.901 martyrs et 122.593 blessés depuis le 7 octobre 2023, selon les autorités sanitaires palestiniennes. Ces chiffres, qui dépassent l’entendement, ne reflètent même pas l’ampleur réelle du massacre puisque de nombreux corps restent ensevelis sous les décombres et que les hôpitaux du nord de l’enclave ne peuvent plus communiquer leurs statistiques. Depuis la reprise de l’agression le 18 mars, après une trêve de deux mois qui avait permis de croire à un espoir de paix, 3.747 Palestiniens supplémentaires ont été assassinés et 10.552 autres blessés. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, n’hésite plus à qualifier cette période de « peut-être la plus cruelle » de l’agression sioniste, dénonçant une population affamée et l’intensification des opérations militaires. Face à l’indignation croissante de la communauté internationale devant le blocus total imposé depuis le 2 mars, l’entité sioniste a finalement consenti à laisser passer quelques camions d’aide humanitaire. Mais cette concession dérisoire relève de la provocation : « qu’une pincée d’aide alors qu’un déluge est nécessaire », dénonce Guterres. Philippe Lazzarini, commissaire général de l’UNRWA, est encore plus cinglant : « L’aide qui arrive actuellement à Ghaza ressemble à une aiguille dans une botte de foin. » Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que 160.000 palettes d’aide attendent aux frontières, assez pour charger 9.000 camions qui nourriraient toute la population pendant deux mois, seuls 115 camions ont pu être déchargés sur les 400 autorisés à entrer. Le minimum vital nécessaire est pourtant clairement établi : 500 à 600 camions par jour selon l’UNRWA. Cette aide au compte-gouttes constitue une torture supplémentaire infligée à 2,4 millions de Palestiniens confrontés à de graves pénuries d’eau, de nourriture et de médicaments. La municipalité de Ghaza-ville a lancé un appel désespéré pour la réparation des installations d’eau détruites, évoquant « une crise majeure de l’eau » à l’approche de l’été. Le système de santé, pilier de toute société civilisée, a été méthodiquement détruit : sur 36 hôpitaux fonctionnels avant l’agression, seuls 18 survivent encore, fonctionnant à moins de 50% de leur capacité. Le porte-parole de l’UNICEF, Kazem Abou Khalaf, témoigne de cette tragédie sanitaire : les équipes médicales travaillent sous « pression extrême » dans un contexte de pénurie de médicaments, de coupures d’électricité et de manque de carburant. Plus de 10.500 blessés palestiniens ont besoin d’être évacués d’urgence pour recevoir des soins à l’étranger, mais le taux d’évacuation ne dépasse pas deux cas par jour. Des enfants, des femmes, des personnes âgées meurent quotidiennement faute de soins appropriés. 80% du territoire est désormais interdit à la population, transformant Ghaza en prison à ciel ouvert où la survie devient un défi quotidien. Cette situation n’est pas le fruit du hasard ou d’une guerre conventionnelle : c’est un génocide programmé, méthodique, qui vise à l’éradication du peuple palestinien. Les « obstacles ahurissants » et les « procédures compliquées » dénoncés par Guterres ne sont pas des dysfonctionnements bureaucratiques mais des instruments délibérés d’extermination. Comme le souligne justement Abou Khalaf, « si Ghaza est laissée dans cette situation, nous serons confrontés à une catastrophe humanitaire dont les effets ne seront pas effacés pendant des décennies. » L’urgence n’est plus seulement humanitaire, elle est existentielle pour tout un peuple.

Lyes Saïdi

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