La DGF dévoile son plan pour la saison estivale: Des drones et des capteurs de chaleur pour se prémunir des incendies
Alors que la saison estivale approche, la Direction générale des forêts (DGF) a activé dès le 1er mai son plan national de lutte contre les feux de forêt, déployant des moyens de pointe incluant drones et caméras thermiques pour assurer un été 2025 sans catastrophes environnementales.
Cette stratégie d’anticipation porte déjà ses fruits. Selon Djamel Touahria, directeur général des forêts, invité dimanche matin sur les ondes de la Chaîne 1 de la Radio algérienne, cette activation précoce du dispositif a permis d’obtenir « des résultats extrêmement positifs par rapport à l’année dernière ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « la superficie touchée par les incendies durant le mois de mai en cours n’a pas dépassé deux hectares, contre 25 hectares durant la même période de 2024 ».
Cette performance remarquable témoigne de l’efficacité d’une approche préventive renforcée. Touahria précise que « les zones forestières endommagées l’année dernière, estimées à 3 000 hectares, ont retrouvé leur couverture végétale naturelle et sont revenues à leur état d’origine ». L’arsenal technologique déployé par la DGF s’appuie sur des solutions de pointe. « Nous utilisons la technologie moderne, notamment les drones pour surveiller et suivre les incendies avec précision, déterminer leur nature et leurs causes, y compris les causes humaines », explique le responsable. Cette surveillance aérienne automatisée permet une détection précoce des foyers et une intervention rapide des équipes au sol.
La collaboration avec l’Agence spatiale algérienne constitue un autre pilier de cette stratégie high-tech. « Les services des forêts bénéficient également des services de l’Agence spatiale algérienne pour dessiner et déterminer une carte des zones les plus exposées aux incendies, afin de mobiliser les moyens nécessaires à proximité et assurer une intervention rapide et efficace », détaille Touahria.
L’innovation ne s’arrête pas là. La DGF fait appel aux services d’entreprises spécialisées, notamment « une entreprise de la wilaya de Tizi Ouzou qui fournit des services de caméras thermiques pour détecter les incendies avec précision et au bon moment ». Ces capteurs de chaleur permettent d’identifier les points chauds avant même l’apparition des flammes visibles. Au-delà de la technologie, l’approche algérienne privilégie la prévention. « La stratégie actuelle se concentre principalement, sur la base des expériences de terrain précédentes, sur la prévention et la sensibilisation », souligne Touahria. Cette démarche s’appuie sur un partenariat avec la société civile, « les efforts déployés dans ce domaine se font en coordination et coopération avec les associations de la société civile, qui jouent un rôle actif dans la sensibilisation des familles résidant près des zones forestières aux dangers des incendies ».
Les investigations menées par les services forestiers révèlent une réalité préoccupante : « la majorité des incendies enregistrés ont pris naissance sur des terrains privés avant de s’étendre aux forêts ». L’efficacité du dispositif repose également sur une infrastructure adaptée. La DGF a entrepris « la réalisation de plans de travaux forestiers incluant l’aménagement des pistes et l’ouverture de routes pour faciliter l’accès rapide aux lieux d’éclosion des incendies ». Touahria se félicite que « ces pistes sont actuellement en très bon état ». Les mesures préventives incluent également « le creusement de tranchées coupe-feu de 50 mètres de large le long des espaces forestiers, comme mesure préventive efficace ». Cette approche de compartimentation du territoire forestier permet de limiter la propagation des flammes. L’Algérie dispose par ailleurs d’une flotte aérienne performante comprenant « des avions d’extinction polyvalents, notamment l’avion géant Beriev Be-200 appartenant à l’Armée nationale, qui a prouvé son efficacité sur le terrain ». Ces moyens aériens « sont utilisés pour réduire l’intensité des flammes et contribuent à ouvrir la voie aux équipes terrestres pour intervenir dans les profondeurs des forêts ».
Le Barrage vert et investissement dans le bois
Parallèlement à la lutte contre les incendies, l’Algérie poursuit l’ambitieux projet de réhabilitation du Barrage vert. Touahria qualifie cette initiative de « projet du siècle », précisant que « l’Algérie est actuellement dans la deuxième année du programme de réhabilitation et d’extension du barrage, qui est devenu un modèle suivi par de nombreux pays ». Les résultats sont déjà tangibles : « la mise en œuvre du programme en cours a permis de planter 24 000 hectares d’arbres fruitiers et de plantes, avec le forage de puits pour la population ». L’objectif ambitieux fixé vise « 400 000 hectares ». Le projet privilégie « la plantation d’arbres fruitiers résistants à la désertification comme l’olivier et le pistachier, en plus de l’expérimentation de la plantation de 500 hectares d’arbres Paulownia à Laghouat pour la production de bois ». M. Touahria a aussi fait savoir que la DGF ouvrira, fin 2025, la voie à l’investissement dans le domaine de la plantation d’arbres forestiers destinés à la production de bois et ce, dans le cadre des efforts visant à créer une valeur ajoutée et à conférer au Barrage vert, un caractère économique. Il s’agit d’un projet d’investissement pilote pour la plantation du « Paulownia » sur une superficie de 500 hectares dans la wilaya de Laghouat, selon le DG des forêts, qui a précisé que de tels projets permettent de valoriser les efforts de reboisement au niveau du Barrage vert.
Lyna Larbi