Affaire de l’achat des parrainages lors de la présidentielle 2024 : Neghza, Sahli et Hammadi écopent de 10 ans de prison
Les principaux accusés dans l’affaire des parrainages nécessaires pour appuyer les dossiers de candidatures à la présidentielle de 2024 ont été condamnés hier à de lourdes peines de prison.
Le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed a prononcé hier une peine de 10 ans de prison ferme à l’encontre de Saida Neghza, Belkacem Sahli et Abdelkrim Hammadi, assortie d’une amende d’un million de DA. La même instance de justice a retenu la peine de 8 ans de prison pour le premier fils de Neghza, et 8 ans de prison prononcés par contumace à l’encontre de son second fils en fuite, avec l’émission d’un mandat d’arrêt international contre lui. Il en est de même pour le vice-président de la Confédération générale des entreprises algériennes qui a été également condamné à 5 ans de prison, assortie d’une amende d’un million de DA. Le même tribunal a condamné plusieurs autres coaccusés, des élus en l’occurrence, à des peines de 5, 6 et 8 ans de prison, et à verser entre 200.000 et 500.000 DA d’indemnités au Trésor public, alors que d’autres ont été acquittés. Sont impliqués dans cette affaire dite de l’achat des parrainages nécessaires pour appuyer les dossiers de candidatures à la présidentielle de 2024. Les trois candidats à la candidature à ce rendez-vous électoral, Saïda Neghza, Belkacem Sahli et Abdelhakim Hammadi, avaient été placés, rappelons-le, sous contrôle judiciaire par le magistrat instructeur de la troisième chambre du pôle financier et économique du tribunal de Sidi M’Hamed. Le même magistrat instructeur avait placé 68 prévenus impliqués dans cette affaire en détention provisoire le 5 août 2024. En tout, ce sont 82 personnes, majoritairement des élus, mais aussi les trois ex-candidats et quelques-uns de leurs proches, qui sont impliquées dans cette affaire d’achat de parrainages. Des élus ont été reconnus coupables d’avoir monnayé leurs « signatures » contre des sommes variant de 2.000 à 5.000 dinars. C’est le 24 mars dernier que le juge d’instruction a renvoyé le dossier devant le tribunal, après avoir entendu tous les prévenus. Une audition à l’issue de laquelle il avait placé un troisième fils de Saida Neghza sous contrôle judiciaire. Un autre fils de l’ancienne présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) est depuis en détention provisoire alors qu’un troisième, en fuite, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international. Les 82 prévenus sont poursuivis pour les chefs d’accusation d' »octroi d’indus privilèges, trafic d’influence, offre ou promesse de dons en numéraire en vue d’obtenir ou de tenter d’obtenir des voix d’électeurs, abus de fonction, obtention de dons en numéraire ou de promesses de voix électorales et escroquerie ». Pour rappel, Saïda Neghza, Belkacem Sahli, secrétaire général du parti Alliance nationale républicaine (ANR), également ex-député et ancien secrétaire d’État, et Abdelhakim Hammadi, docteur en médecine vétérinaire et chef d’une entreprise, avaient déposé au mois de juillet 2024 des dossiers de candidatures en prévision de l’élection présidentielle du 7 septembre de la même année. Fin juillet, l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a rejeté leurs dossiers, avec ceux de dix autres prétendants à la candidature et ce, pour diverses raisons notamment « parrainages insuffisants » ou « double signature ». Neghza, Sahli et Hammadi avaient alors déposé des recours auprès de la Cour constitutionnelle qui ont été rejetés.
Sofia Chahine